Le 6 mars 1951, voilà exactement 72 ans,  débute le procès de Ethel et Julius Rosenberg, membres du parti communiste américain. Ils sont accusés d'avoir livré des secrets sur la bombe atomique au vice-consul soviétique à New York. Les faits remontent en réalité à la Seconde Guerre mondiale.

David Greenglass, le frère d'Ethel, lui-même communiste, sert dans l'armée américaine du côté de Los Alamos, au Nouveau-Mexique, où se déroulent les essais sur la bombe atomique. Avec sa femme Ruth, David recueille des informations sur le projet et les transmet à son beau-frère Julius Rosenberg en vue d'aider le régime de Staline à se doter à son tour de la bombe atomique.

Arrêté pour espionnage, David Greenglass nie d'abord les faits puis, après huit mois d'hésitations, charge les Rosenberg en échange de la liberté pour sa femme et de la vie sauve pour lui-même.

Il accuse Ethel de l'avoir aidé à retranscrire des documents sur la bombe atomique. Son témoignage, obtenu par le redoutable avocat Roy Cohn, emporte la conviction du jury.

Dans la prison de Sing-Sing, près de New York, les époux Rosenberg nient jusqu'au bout leur culpabilité... alors que des aveux peuvent les sauver de la chaise électrique !

Le procès de Julius et Ethel Rosenberg commence donc le 6 mars 1951, devant le tribunal fédéral de Foley Square, à New York. Le 29 mars 1951, le jury rend son verdict : les accusés sont coupables. Les Rosenberg ont été victimes de nombreuses circonstances défavorables. On est en plein maccarthysme et en pleine guerre de Corée, leur avocat est médiocre. Surtout, le juge et le procureur cherchent des coupables : ils glissent constamment du chef d'accusation proclamé (conspiration en vue d'espionner) à des chefs d'accusation de trahison  qui, volontairement, n'avaient pas été retenus car ils n’en sont pas accusés. Néanmoins, dans ses propos liminaires au jury, le procureur Saypol parle de ces « Américains traîtres », de ces « actes de trahison ».

Ils ne sont même pas accusés d'avoir livré la bombe atomique à l'URSS. Pourtant, le procureur affirme : « Nous vous prouverons que les Rosenberg ont ourdi une machination qui leur a permis, grâce à Greenglass, de voler  la bombe atomique. »

Ils ne sont pas accusés d'avoir déclenché la guerre de Corée. Cependant, le juge Kaufman, en rendant sa sentence le 9 avril 1951, déclare : « En remettant entre les mains des Russes la bombe A des années avant qu'ils puissent la réaliser, vous avez, selon moi, causé par votre conduite l'agression communiste en Corée, dont il a résulté des pertes excédant 50 000 morts. Qui sait si des millions d'innocents ne paieront pas le prix de votre trahison ? De fait, par votre traîtrise, vous avez changé le cours de l'histoire aux dépens de notre pays. »

Julius et Ethel Rosenberg sont condamnés à mort le 29 mars 1951. Comme le souligne le juge Frankfurter de la Cour suprême, les Rosenberg ont été jugés pour complot mais condamnés pour trahison.

Leur condamnation à mort laisse l'opinion publique indifférente mais elle fait les choux gras du sénateur Joseph McCarthy et relance sa « chasse aux sorcières ».

 Des deux côtés de l'Atlantique, les communistes mais aussi les libéraux de droite comme de gauche réclament leur grâce. Des gens aussi mesurés que l'écrivain catholique François Mauriac se laissent convaincre de l'innocence des accusés.

Malgré des mouvements d'opinion dans le monde entier ou des demandes de clémence émanant de personnalités telles que Albert Einstein ou Pie XII, toutes les tentatives faites pour obtenir la révision du procès ou la grâce présidentielle échoueront. À la veille de l'exécution, encore, la Cour suprême refuse de se saisir de l'affaire.

L'affaire Rosenberg rebondit au milieu de l'année 1952 quand les communistes proclament l'innocence des condamnés et lancent une campagne mondiale pour les sauver. Ils dénoncent par la même occasion l'antisémitisme présumé de leurs juges

Alors, coupables ou non coupables ? et de quoi ?

Depuis l'ouverture des archives américaines et soviétiques dans les années 1990, la culpabilité des époux Rosenberg semble ne plus faire de doute pour les uns même si elle reste encore à démontrer pour d'autres.

Les deux espions auraient communiqué dès 1942 avec les Soviétiques. Ils ont été démasqués grâce au déchiffrement de messages codés avec l'URSS, ce dont la CIA n'a pas voulu faire état au procès pour protéger ses sources.

Les Mémoires de l'agent secret soviétique Alexandre Feklissov publiés en 1999 confirment les accusations du FBI et Feklissov reconnaît avoir maintes fois rencontré Julius Rosenberg lorsqu'il était en poste à New York.

Cela dit, il apparaît que les documents volés par David Greenglass et transmis par les Rosenberg étaient de peu d'intérêt scientifique et n'ont guère aidé les Soviétiques à se doter de l'arme atomique.

D'après l'historien Florin Aftalion, Rosenberg fut surtout utile aux Soviétiques en leur fournissant des renseignements sur des radars du modèle le plus avancé.

Le 19 juin 1953, Julius et Ethel Rosenberg sont exécutés. Ils ont respectivement 37 ans et 35 ans et laissent deux orphelins de 10 et 6 ans.

Quelques 26 ans plus tôt, toujours aux États Unis,  Sacco et Vanzetti étaient exécutés eux pour attentats anarchistes ... mais c'est une autre histoire !

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

 

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