Élisabeth Borne a dévoilé, dans un article payant paru dans Le Parisien, l'agenda du gouvernement pour la réforme des retraites. Et vive la concertation !

Car comble du dédain et de la provocation, cet entretien de Borne ferme la discussion alors même que les "concertations" entre syndicats et gouvernement sont en cours. Si j'ai bien compris, les décisions gouvernementales sont déjà prises. Ces concertations ne sont donc qu'une farce et un élément de communication de plus pour adoucir l'image d'un gouvernement en pleine dérive autoritaire.

Et que dire de la méthode ? Comme J.M. Blanquer annonçant le protocole sanitaire dans les écoles dans un article payant, Élisabeth Borne officialise son projet de réforme auprès des seul•es 75 000 abonné•es du Parisien alors qu'elle concerne 67 millions de personnes. Une hérésie.

 Vous l'entendez sur toutes les chaînes télé et radio, le système par répartition de nos retraites est en danger d'après le COR (Conseil d'Orientation des retraites). Il faut donc sauver le soldat "retraite". Ce n'est pas tout à fait ce que dit ce rapport et la lecture gouvernementale est mensongère. Il est vrai qu'on peut faire dire tout et n'importe quoi aux chiffres et en tirer des conclusions intéressées.

Sous ce couvert d'un "sauvetage des retraites", on utilise largement l'argument trompeur de l'espérance de vie, alors que le but du gouvernement Borne est d'économiser des fonds en nous forçant à travailler plus longtemps et nous faire les poches pour payer les cadeaux fiscaux faits aux plus riches et aux entreprises !

 D'ailleurs comment croire un seul instant qu'ils veulent sauver notre système de retraites par répartition. J'ai le souvenir d'un projet d'Emmanuel Macron pour un système de retraite universel par points, le contraire du régime par répartition. Projet abandonné juste avant la crise du Covid.

Petit rappel : Le 18 juillet 2019, Jean-Paul Delevoye présente un rapport, visant à mettre en œuvre dès 2025 le « système universel de retraite par points ».

L’objectif du projet Macron/Delevoye est de mettre en place ce dont rêve le patronat depuis toujours :

- Baisser le montant de toutes les pensions, en supprimant les 42 régimes de retraite existants, dont le régime général et les régimes complémentaires ;

- Détruire le code des pensions civiles et militaires, ainsi que les régimes spéciaux, c'est-à-dire tout ce qui est rattaché à un statut et aux droits collectifs qui lui sont liés.

Pourquoi le projet a-t-il changé ? Peut-être qu'aujourd'hui les objectifs sont identiques mais en se drapant derrière la défense des acquis sociaux issus du Conseil National de la Résistance, acquis qu'ils n'ont de cesse de remettre en cause.

Revenons à nos retraites. Au programme : recul de l'âge de départ à 65 ans, attaque des régimes spéciaux et passage en force.

Cette contre-réforme profondément injuste relève d'un choix politique car les arguments avancés sont fallacieux et inavouables :

"on vivrait plus longtemps"

Cet argument ne prend pas en compte l'espérance de vie en bonne santé (≈ 64 ans). Un indicateur qui baisse inexorablement pour les métiers les plus pénibles psychologiquement et physiquement. Il faudra donc travailler jusqu'à en mourir ?

"Une réforme pour financer l'école et l'hôpital public"

En septembre, Macron annonçait que reculer l'âge de départ à la retraite permettrait de financer l'école et l'hôpital public. Erreur de communication ou aveu délibéré ?

Ce qui relevait d'une urgente nécessité devient un levier de financement, mais c'est un détournement de fonds publics ! Le régime de retraite par répartition n'est donc pas en péril ?

Dans "retraites, saison 2022", Christiane Marty, membre du Conseil Scientifique d'Attac, décrypte en quoi les caisses de retraites doivent nécessairement... financer les retraites et non les cadeaux fiscaux de Macron aux entreprises !

Une réforme nécessaire ?

Pour qui ? Mais que dit vraiment le rapport du COR (rattaché aux services du Premier Ministre) ? « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».

Le système de retraites n’est donc pas en danger ! Le COR indique clairement que les dépenses de retraite sont dans une dynamique sous contrôle. La part des dépenses de retraites dans la richesse nationale serait stable ou en diminution jusqu’en 2070.

Au lieu de sucrer les retraites aux contribuables approchant de leur départ à la retraite pour financer les services publics, le gouvernement serait plus avisé d'aller faire les poches des évadés fiscaux. Pour rappel, 80 à 100 Milliards d'€ d'impôts s'évadent chaque année, au détriment de notre modèle social.

Financer les services publics, la transition énergétique avec l'argent des retraites ? Non ! Pour financer les dépenses d'avenir, taxons les gargantuesques superprofits des multinationales ! Montant du bas de laine 10-20 Milliards €.

Il faut continuer à déconstruire les arguments fallacieux du gouvernement et à proposer des alternatives à un recul systématique de l'âge de départ à la retraite car il n’a rien d’une nécessité économique, mais relève d’un choix politique du gouvernement: le choix de l’injustice !

Pourquoi pas travailler moins longtemps pour vivre mieux ? Mais ça, ils n'y pensent même pas ! Pas dans leur logiciel !

 Dernière minute : pour contrer un autre argument qui consiste à nous comparer aux autres pays européens :

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.