La rentrée scolaire se rapproche. Un problème pour certains parents ou étudiants qui peinent à trouver une place dans le système scolaire. Parcours Sup laisse encore sur le carreau des milliers d'étudiants. Le problème est plus simple si votre compte en banque est à la hauteur, c'est à dire quand on se situe dans les "premiers de cordée".

Pour cette minorité de français, l'objectif  c'est de ne surtout pas se mélanger avec les enfants de  "ceux qui ne sont rien"  c'est à dire rester entre soi, au chaud, à l'abri et profiter de conditions idéales pour suivre un parcours scolaire qui débouchera forcément par une intégration naturelle dans l'élite dite "républicaine".

Ces cocons, il en existe des centaines dans l'hexagone de la maternelle à l'Université et c'est bien entendu le règne des écoles privées sous contrat ou pas avec l'Education Nationale.

Quelques exemples :

- L'école bilingue Montessori de l'avenue Georges V à Paris. (hors contrat)

Une année de scolarité coûtera de 12350€ à 14800€ suivant l'âge des enfants sans parler des droits d'inscription qui s'élèvent à 500€. Les menus de la cantine à base de "légumes et fruits frais bio et locaux " (encore heureux à ce tarif ! ) sont livrés par un traiteur moyennant la somme de 1100€ pour l'année scolaire.

- Les école du réseau EIB (Ecoles Internationales Bi-lingues) à Paris (sous contrat)

Six établissements reçoivent environ 3000 élèves de la maternelle à la terminale. Les tarifs sont à peu près identiques.

De 13500€ à 14500€ de frais de scolarité, 1350€ d'inscription et 2112€ de cantine ! Evidemment ils affichent 100% de réussite au bac ! Comment résister quand on aime ses enfants !

Ne surtout pas oublier les activités extrascolaires. Le baby-yoga ou le kung-fu par exemple (1h/semaine pour 610€)

- La perle des perles : l'école alsacienne de Paris (sous contrat)

On touche là presque au sublime ! Les tarifs sont plus "raisonnables" mais les places sont chères et la notoriété est plus importante que le portefeuille.

On pourrait presque former un gouvernement avec la liste des ministres qui y ont inscrit leurs enfants. (*) On y trouvera entres autres les enfants de Thierry Breton , Bernard Kouchner, Alain Juppé, Élisabeth Guigou, Nathalie Kosciusko-Morizet, Arnaud Montebourg mais aussi les enfants Salamé, Pinault, Seydoux, Badinter, Goldman sans oublier ceux du nouveau ministre de l'Éducation Nationale Pap Ndiaye !

Faire l’appel des anciens élèves de l’École alsacienne, c’est passer en revue des milliers de patronymes illustres dans tous les domaines : politique, affaires, médias, édition ou encore cinéma.
Si une grande majorité des Français n’en a jamais entendu parler, à Saint-Germain-des-Prés, tout le monde connaît cette école qui plaît aux intellos chics notamment pour sa pédagogie progressiste et humaniste. Mais cet établissement de rêve n’est pas pour tous. L’Alsacienne déjà ultra sélective est victime de son succès. Difficile, voire impossible d’y faire entrer son enfant si l’on n’a ni les codes ni un solide carnet d’adresses.

Ces forteresses de l’entre-soi d’une élite éclairée sont le résultat d'un mécanisme d’un autre séparatisme scolaire et social qui ne dit pas son nom.(**)

Évidemment, la Suisse est la capitale mondiale de ce type d'établissement.

Créé en 1880, l'Institut "Le Rosey" en Suisse par exemple est l'établissement scolaire le plus cher au monde. Avec des frais d'inscription s'élevant à 106 000 euros l'année, il accueille des élèves issus de milieux très favorisés et leur offre un cadre de vie qui correspond à leurs moyens : hélicoptères, yacht privé, haras...

Sur la liste des anciens élèves de l'Institut Le Rosey, les noms connus se bousculent. Et pour cause, c'est dans cet établissement mondialement connu pour son élitisme et le coût de ses frais de scolarité qu'entre autres Elizabeth Taylor, Roger Moore, John Lennon et la quasi totalité de la principauté de Monaco ont scolarisé leurs enfants.

Vous avez compris ! Ces premiers de cordée espèrent faire de leur progéniture les dirigeants économiques et politiques de demain.

"Tout se joue avant 6 ans", affirme le psychologue américain Fitzhugh Dodson. Du pain béni pour ces établissements ultra sélectifs, qui promettent un avenir brillant aux petits VIP parisiens.

"Pour une école du peuple" écrivait Célestin Freinet, on s'en éloigne tous les jours davantage. L'école est devenu le pilier de  la ségrégation sociale, de la reproduction des élites, bien loin de nos valeurs d'égalité et de fraternité, bien loin de nos valeurs d'émancipation, d'équité et de solidarité ! Elle subit les assauts des différents ministères dits de l'Éducation dite Nationale, en décérébrant les enfants à coup de "mesures barrières", d'abandon des humanités, de numérisation des enseignements, conduisant aux écarts  toujours plus grands entre les "premiers de cordée" et "ceux qui sont les enfants de ceux qui ne sont rien" et nous promettant, soit des générations futures asservies, soit, malheureusement moins vraisemblablement, la révolution des opprimés !

 La mixité sociale n'est pas  "en marche" !

(*) "L'école du Gotha" de Lucas Bretonnier - Le Seuil

(**) "L'école des riches, l'école des pauvres " de Nestor Romero - Editions Syros

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.