Le 11 novembre 1919, voilà exactement 102 ans, on respecte pour la première fois une minute de silence à l'occasion du premier anniversaire de l'armistice de 1918.

Quelques jours plus tôt, le 25 octobre 1919 précisément, la France vote une loi afin de commémorer et glorifier les morts "pour la Patrie" de la Grande Guerre. Adoptée par le Parlement et promulguée par le Président du Conseil des Ministres et ministre des Affaires étrangères Raymond Poincaré. Cette loi est à l'origine de la minute de silence.

Le gouvernement français prévoit donc l'édification de monuments (qu'on voit dans tous les villages de France encore aujourd'hui), et des cérémonies de commémorations.

On fit donc silence ce jour-là pendant une minute entière en mémoire aux morts de la première guerre mondiale.

Dans les temps où les églises rassemblaient un quartier, où les traités internationaux étaient rédigés en mentionnant le Créateur, - ce qui fut aboli au Traité de Versailles - le clergé était présent dans toutes les cérémonies de deuil ou de recueillement. Elles étaient accompagnées de prières publiques ! L’on ne promenait pas des bougies, mais le clergé officiait, dans tous les rites monothéistes. Ceci était aussi le cas des assemblées et des Parlements

Le mouvement franc-maçon impatient de secouer le joug de l’obscurantisme et du fanatisme se lança dans ce combat. Au  Parlement du Portugal, dès 1915, durant la première guerre mondiale, alors sous une vraie dictature persécutrice de la religion chrétienne, une minute de silence fut instaurée pour qu'aucune prière ne soit entendue prière et que les oreilles des libre-penseurs ne soient pas affectées par des noms divins. Les loges du XXème siècle furent dans les mains de doctrinaires qui « mangeaient du curé » ! Cette initiative des loges portugaises imposa à une assemblée chrétienne leur propre rite du silence.

 L’usage s’est ensuite généralisé à la fin de la guerre, et notamment au Congrès International des 16 obédiences maçonniques des Pays alliés et neutres, tenu à Paris, en Juin 1917 .

C’est donc une manifestation d’athéisme que les parlementaires français instituèrent en cette année 1919.

C'est une sorte de laïcisation de la prière des croyants. La différence est ce qui se passe dans la tête des gens pendant ces minutes de silence : à quoi pensent dans ces moments ceux qui ne croient pas en Dieu ?

Ce silence n’est pas une méditation solitaire, mais un geste solidaire qui unit et renforce alors que la prière unit l’homme à Dieu !

Cette forme permet donc de remplacer la prière, qui n'a pas de rapport lorsqu'on est hors des sociétés très religieuses, par une formule plus anodine et compatible avec des religions diverses, incluant l'athéisme ou l'agnosticisme, certains y ont même vu une forme de religion civile.

Au fil du temps, la minute de silence s'est étendue à d'autres pays et à d'autres circonstances, catastrophes, par exemple

Lorsqu'on organise une commémoration à plusieurs pays, il est d'usage d'engager, ce que l'on appelle dans le langage diplomatique, un protocole de silence. Les diplomates représentant les pays impliqués font des propositions jusqu'à éventuellement arriver à un accord.

Ce fut notamment le cas pour convenir de la date de la minute de silence consécutive aux attentats du 7 juillet 2005 à Londres. Deux minutes de silence furent observées à 13 h en Angleterre comme dans les 25 pays de la communauté européenne à la mémoire des victimes de ces attentats.

Pour certaines catastrophes, ce recueillement peut être répercuté dans plusieurs pays : attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, attentats du 11 mars 2004 à Madrid ou bien encore diverses catastrophes naturelles.

Cette tradition est devenue plus symbolique que factuelle. En France, dans les cérémonies officielles la minute de silence s'est petit à petit réduite. Elle est en général, d’une durée inférieure et proche de 15 secondes et s’il n’y a pas de musique, il est conseillé d’annoncer : « Nous allons observer quelques instants de recueillement ». Tandis que dans les pays anglo-saxons, sa durée s'est en revanche élargie à deux minutes.

Un autre 11 novembre mérite notre attention. C'est ce jour symbolique que choisit Hitler, suite au débarquement des troupes franco-américaines en Afrique du Nord  pour envahir le sud de la France, la France dite Libre.

... mais c'est une autre histoire !

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