Histoire de l’abandon des grands projets inutiles (9) Gardanne

par | 23 juin 2023 | Société

Pendant 57 ans, les rejets de l’usine d’aluminium de Gardanne (Bouches-du-Rhône) appelés « boues rouges » ont fini en Méditerranée dans le site classé et protégé des Calanques entre Marseille et La Ciotat.

Pour traiter la bauxite extraite sur place, l’usine de Gardanne utilise un mélange d’eau et de soude. Les volumes de minerai traités se comptent en centaines de milliers de tonnes par an. Les résidus de bauxite (les fameuses « boues rouges ») étaient jusqu’aux années 1960, et depuis 1893, stockés dans un vallon proche de l’usine : Mange-Garri.

Les capacités de stockage à terre n’étant pas infinies, Péchiney, l’exploitant de l’époque, obtient une autorisation gouvernementale de rejet en mer pour 30 ans.

Au moins 30 millions de tonnes ont ainsi été déversées au large de Cassis, par une conduite de 50 kilomètres de l’usine à la mer.

Depuis 2016, quarante ans après les premiers rejets, la partie solide des « boues rouges » n’est plus autorisée à être déversée en mer.

Le stockage à ciel ouvert, dans le vallon de Mange-Garri, reprend donc du service, impactant un voisinage qui entre-temps s’est urbanisé.

Bénéficiaire d’une dérogation pour déverser en mer jusqu’en 2021, Alteo, la nouvelle société exploitante aurait atteint les seuils réglementaires dès 2019.

En 2019 l’usine de Gardanne est placée en redressement judiciaire. Vendue, elle continue à raffiner l’aluminium, mais n’extrait plus le minerai qui générait les « boues rouges ».

Côté citoyen, les pêcheurs se sont mobilisés. Ils ont accompagné une équipe de « Thalassa » qui a réalisé une émission spéciale sur le sujet. Grâce à un robot plongeur, ils ont prouvé l’étendue de la pollution marine, qui contredisait tous les discours lénifiants des ingénieurs d’Alteo.

Côté élu, le maire (LR) de la commune de Bouc-Bel-Air a porté plainte contre Alteo pour pollution. Les jours de grand vent d’est, la commune limitrophe du vallon Mange-Garri vivait dans une sorte de sirocco rougeâtre.

Côté local, l’association Bouc-Bel-Air Environnement a mené une lutte sur les effets sanitaires des poussières de bauxite et leur infiltration dans les cours d’eau et les nappes phréatiques.

Côté national, l’association ZEA a interpellé les différents ministres et gouvernements, dont Macron qui était un fervent défenseur du maintien en l’état.

Comme partout, cette lutte citoyenne a été relayée par une lutte juridique.

Aujourd’hui, la convergence de toutes ces actions a rendu impossible le maintien de l’extraction de bauxite sur place. Comme les « boues rouges » ne sont plus produites, elles ne sont plus stockées ou déversées en Méditerranée.

La joie des opposants à la suite de cette victoire est atténuée par la non-dépollution des sites terrestres et maritimes.

Les propriétaires de l’usine et le gouvernement se réfugiant derrière le même argument que pour le nucléaire : « ils ne savent pas faire ».

Peut-être que quand on ne sait pas faire il ne faut pas commencer à faire.

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

Projection du film  » Alliances terrestres »

Le comité ATTAC de Bédarieux projette le film " Alliances terrestres " sur le combat contre l'A69 le mardi 20 mai 2025 Des précisions supplémentaires seront données la semaine prochaine ( lieu, heure, intervenant )

Didier Eribon hors la meute

« Bon… je vois que je ne vais pas réussir à obtenir autre chose de vous », concluait, dépité, Guillaume Erner dans la matinale de France Culture du 6 mai dernier, après avec essayé, en vain, d’obtenir du sociologue Didier Eribon, la démolition de La France...

Classons la Villa Antonine monument historique

Une nouvelle modification du Plan Local d’Urbanisme permet aux citoyens de faire des propositions pour compléter la liste des 37 Monuments Historiques déjà classés à Béziers. A ce jour, aucun des 4 sites patrimoniaux de notre beau quartier n’a été retenu par la...

Au bout du fil

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1017640
Total Users : 1017640

dimanche 11 mai 2025, 1:27

Didier Ribo

Description de l'auteur de l'article - co-fondateur du journal majoritaire de Béziers