(A relire) Par la nature et la durée de son pouvoir, on peut logiquement se demander si Poutine n’incarne pas le fascisme du 21 siècle.

Le 24 février 2022, lorsque la Russie de Poutine lance une invasion militaire à grande échelle en Ukraine, elle reprend à son compte :

  • L’idéologie impérialiste capitaliste, selon laquelle les relations entre pays sont fondées uniquement sur le droit du plus fort,
  • L’idéologie fasciste, selon laquelle la loi raciale du plus fort autorise la domination d’autres États, de communautés, d’individus,

Loi naturelle et raciale du plus fort invoquée en son temps par Hitler pour envahir . . . l’URSS.

Cette évolution de la politique extérieure de la Russie a bien sûr été précédée d’interventions militaires ( Afghanistan, Syrie) hors de son territoire. Mais il ne s’agissait pas d’annexion.

Avant l’Ukraine, Poutine pratiquait un impérialisme économique et militaire.

À partir de l’Ukraine, Poutine pratique une guerre de conquête et d’assujettissement.

Dans ce mouvement de bascule, Poutine choisit d’instaurer des liens de peur, de subordination, de chauvinisme, d’écrasement, tant à l’extérieur qu’à l’extérieur de la Russie.

Ce projet d’écrasement est un projet fasciste.

Dans l’histoire, le fascisme a été une idéologie et /ou un mouvement de masse. On peut se demander si Poutine n’invente pas une troisième catégorie qu’on pourrait appeler le fascisme du 21e siècle tant il ressemble à d’autres expériences, ailleurs sur tous les continents.

Si les expériences en cours ( Hongrie, Pologne, Turquie, Inde, Indonésie . . .) ont de fortes ressemblances entre elles, Le poutinisme a une durée de vie, qui permet de questionner d’autres processus similaires.

Dans le cas de la Russie, Poutine a été le fer de lance d’un projet nationaliste qui visait à faire revivre la grande Russie. Particularité russe, cette construction nationaliste se déroule depuis plus de 30 ans et elle est doublée d’une construction néo libérale.

Dans les années 1990, l’ex-colonel du KGB dirige avec violence et brutalité la privatisation de la mairie de Saint-Pétersbourg.

Il préfigure la transformation post-soviétique de la Russie et prend part au concert mondial des nationalismes qui - en Russie comme ailleurs - prônent un anti-universalisme agressif, brandissent la menace des « minorités », mettent en exergue la famille traditionnelle, s’appuient sur la religion.

Au début du règne de Poutine, il existait encore des libertés civiques et des médias indépendants. Les candidats de l’opposition pouvaient se présenter aux élections et les syndicats pouvaient encore faire grève.

La victoire écrasante de Poutine à l’élection présidentielle de mars 2000 est liée à des mécanismes que nous voyons apparaître dans d’autres pays et continents : désillusion vis-à-vis de la démocratie, instabilité politique et sociale, lassitude vis-à-vis de la pauvreté et l’imprévisibilité économique, peur de la menace terroriste, frustration de différentes classes sociales.

Dans les années qui suivent la victoire initiale, le tandem Poutine / Medvedev accentue un projet néo-conservateur typiquement libéral :

  • Privatisation violente du secteur public,
  • Réformes économiques néo-libérales,
  • Renforcement du contrôle policier,
  • Patriotisme généralisé.

La campagne électorale de Poutine au début de 2012 accélère le processus de fascisation de la société :

  • Toute opposition est présentée comme une machination,
  • La famille traditionnelle est plébiscitée,
  • L’homophobie et le patriarcat sont élevés au rang d’idéologie d’État,
  • La foi chrétienne cimente le projet politique,
  • L’État est présenté comme une citadelle assiégée.

Dans cette lente construction idéologique, Poutine est donc passé de guide national à commandant en chef. Comme il est passé d’un autoritarisme néo libéral à un régime dictatorial brutal.

Cette évolution, loin de constituer un cas de figure isolé peut être un exemple avancé qui peut concerner d’autres pays sur plusieurs continents.

Elle préfigure en cela les formes que peut prendre le fascisme au 21e siècle. Un mélange durable d’extrême libéralisme, d’extrême autoritarisme, d’extrême militarisme, d’extrême conservatisme.

C’est pourquoi il est important de s’opposer au poutinisme en Ukraine et de le mettre en échec.

 

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