La dernière manifestation publique du RN remontait au rassemblement raté du 1er février dernier dans la bien nommée place Vauban, transformée en forteresse défensive. Il s’agissait alors de mobiliser contre la justice qui avait sanctionné Marine Le Pen.
À Narbonne, l’enjeu était tout autre : faire croire que le RN représente l’ensemble de la société, qu’il est majoritaire.
Depuis qu’il a décidé d’usurper le premier mai, le RN, a souvent mélangé les genres, fête avancée de Jeanne d’Arc, défilé des gros bras, ratonnades, meurtres . . .
Cette année le lieu et le thème du plagiat était la mise en scène d’une supposée terre de conquête dans une ville moyenne où le RN pensait qu’il n’y aurait pas de riposte d’envergure.
Le calcul du RN était double en exportant son barnum :
- Faire croire que le RN est hégémonique dans un département, l’Aude, où il compte 3 députés sur 3 circonscriptions.
- Organiser son « show politique » de la conquête des pouvoirs sans réelle opposition locale.
La ténacité et la perspicacité d’un collectif unitaire local sont venues écorner cette image d’Épinal.
En début d’année, l’annonce de la venue de Bardella et Le Pen fuite dans le Narbonnais. Très vite la question d’une riposte politique et / ou syndicale est posée. Le collectif en gestation opte avec raison pour réunir l’aspect syndical et politique.
La question des prés carrés des uns et des autres sur cette date on ne peut plus symbolique est finalement dépassée. Dans la dernière ligne droite, la quasi-totalité des associations, syndicats et partis de gauche locaux appellent au rassemblement qui sera décliné en deux temps : une manifestation le matin, une fête populaire l’après-midi avec musique, débats, stands et repas.
La dynamique unitaire va impulser le succès des deux événements : le matin 5 000 personnes défilent dans les rues de Narbonne, l’après-midi les mêmes et surement des milliers d’autres participent au « village antifaf ».
Il suffisait d’assister à la manifestation, aux concerts et aux débats pour se rendre compte du plaisir d’être là, ensemble, dans une joyeuse ambiance, loin du fort Chabrol Lepéniste.
Toutes celles et ceux qui étaient présents savaient qu’à quelques kilomètres de distance, s’opposaient deux mondes : celui de la peur et de la haine, celui de l’espoir et de la solidarité.
Le fait d’avoir impulsé une manifestation solidaire locale de taille comparable à celle nationale du RN indique si besoin la taille du défi relevé.
Nous ne remercierons jamais assez les organisateurs narbonnais de cette riposte unitaire.
Ils ont montré comment il fallait combattre l’extrême droite, il reste à dupliquer la formule partout ou l’extrême droite pointe le bout de son nez.
Dupliquer, pour réaffirmer partout une évidence, le combat contre l’extrême droite est un combat global, sans exclusive, qui appartient à la totalité du monde citoyen, associatif, syndical et politique.