Séverine Fonteneau, a commencé à écrire à 30 ans. Depuis elle ne s’arrête plus : pour elle mais aussi pour les autres. Une véritable addiction ! Avec près de 10 romans à son actif, des romans de société dans lequel elle aime raconter des histoires humaines. EVAB l’a rencontrée – Entretien

EVAB : c’est à Lodève que vous avez posé vos valises un peu par hasard, voilà bientôt trois ans, en septembre 2022. J’ai entendu parler d’une vie déjà bien remplie avec un parcours atypique, multiple, diversifié, de l’Argentine à la Nouvelle-Calédonie en passant par la Guadeloupe. On dit de vous que vous êtes une « touche à tout » en littérature. Avec une dizaine de livres déjà publiés, des romans, mais pas tout à fait des romans.D’abord, avant de parler de vos livres, vous pouvez vous présenter ?
Séverine Fonteneau : j’ai toujours aimé écrire. Mon parcours est à peu atypique effectivement parce que non seulement j’ai beaucoup voyagé, seule en sac à dos aussi bien dans le Pacifique qu’en Australie, Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, Nouvelle-Zélande, mais j’ai aussi vécu en Amérique du Sud. Pendant plusieurs années j’ai voyagé avec mon fils, nous avons traversé l’Amérique du Sud. Nous sommes partis un an en voilier aussi. Donc en fait, en gros j’ai accompli tous mes rêves. Je n’ai pas fini parce que j’ai un autre projet et c’est bien pour bientôt. Oui, j’ai vraiment fait ce que j’aime, et je fais toujours ce que je veux faire.
EVAB : et écrire c’est ce que vous aimez.
SF : Exactement, c’est une passion ! Aujourd’hui je suis romancière, j’ai écrit des romans d’actualité, aussi bien des biographies que des livres pour des entreprises. Je suis donc « coach littéraire et prête-plume », et j’ai également écrit des livres pour moi, des romans d’aventures qui se passent généralement dans l’avenir.
EVAB : on parle de romans biographiques, ce n’est pas un petit peu antinomique ? On connaît les autobiographies, les biographies d’un côté, les romans de l’autre. Vous partez d’une réalité, de personnages réels ?
SF : Complètement. Par exemple, dernièrement, j’ai interviewé un ancien drogué qui a traversé la France à pied et qui m’a raconté son histoire. J’ai été tellement émue que j’ai écrit sa vie. Dans ce livre-là, j’ai interviewé aussi deux autres personnes qui plongent actuellement dans la drogue, et j’ai demandé des témoignages auprès d’un gendarme. Au final, ce livre est un grand documentaire sur la drogue et l’alcool. Cela permet aux gens de comprendre ce phénomène et d’aider les gens en difficulté, parce que la drogue, c’est une sorte de maladie.
EVAB : vous semblez curieuse des autres ?
SF : En effet, j’ai beaucoup d’empathie pour la race humaine entre guillemets. Et d’ailleurs, j’ai également écrit un livre sur l’immigration.
EVAB : quand je dis « les autres », ce sont les émigrés, et on dirait les exclus, les laissés pour compte, ceux qui souffrent de cette société.
SF : Exactement, puisque moi-même j’en ai souffert pendant longtemps. Dans l’incompréhension totale du monde dans lequel je vivais et c’est pour ça que j’ai fui. J’ai énormément fui la vie, la société. Et donc, quand j’entends tous ces récits, je pense que ce sont comme des exemples précis, qui aident ceux qui ont besoin de comprendre où ils en sont.
EVAB : vous avez dit, je ne sais plus d’un quel média, « Vivre c’est aller au bout de ses rêves ». Vous avez envie aussi que ces jeunes dont vous parlez, ces émigrés, ces prisonniers, ces drogués puissent vivre et aller au bout de leur rêve ?
SF : qu’ils puissent se libérer d’une sorte de poison qu’ils ont subi, pour vivre, j’ai envie de dire « normalement ». Mais surtout qu’ils réalisent leurs rêves et leur passion. Car c’est ça l’important, c’est de vivre sa passion.
EVAB : quel regard vous portez sur cette société, qui génère, qui crée, ces hors-systèmes, ces antisystèmes, ces laissés pour compte ?
SF : Je pense qu’on peut vite tomber dans l’oubli parce qu’on n’est pas reconnu pour ce qu’on est vraiment. La plupart du temps, le travail qu’on fait ne nous correspond pas, c’est juste pour se nourrir. De plus, il y a beaucoup trop de chômage. C’est de pire en pire, les gens ne peuvent pas se réaliser par le travail. On est oublié, on est oublié, on n’y arrive pas, on lutte.Rien n’est simple pour chacun de nous.
EVAB : quelqu’un a écrit concernant un de vos livres qu’il transmettait « l’espoir d’un monde meilleur ». Vous y croyez, à un monde meilleur ?
SF : Moi, je crois que si chacun arrive à modifier ses propres pensées pour des pensées pures, l’audace ouvre les portes de l’univers.Et quoiqu’il arrive, la chance advient. Si on y met toutes nos énergies, tout le travail nécessaire, on y arrive.
EVAB : vous n’êtes pas une romancière, êtes-vous une conteuse de rêve ?
SF : Non, j’écris sincèrement pour moi. À la base, la première chose, c’est que j’aime écrire des histoires et que j’ai beaucoup de choses à raconter. Mais également, je sais que de nombreuses personnes ont témoigné du fait que ces livres aident.Grâce à l’imagination, peut-être ? Mais ils aident, peu importe comment ils aident. C’est un fait.
EVAB : ce n’est plus conteuse alors, c’est guérisseuse ?
SF : Je ne sais pas, non, pas guérisseuse. Mais peut-être autre chose.
EVAB : la culture d’une façon générale, et la littérature en particulier sont là pour apaiser, pour donner des perspectives, pour aider justement à mieux vivre. C’est leur rôle.
SF : Tout à fait. Alors, pour ce qui concerne la culture justement, je pense, mais profondément, que dans tous les établissements scolaires elle disparait peu à peu et que les jeunes ne sont plus du tout motivés par la lecture. Le premier livre qu’on m’a fait lire à l’école, c’était « Madame Bovary », une histoire extrêmement triste et ennuyeuse. Et donc, ça m’a dégoûtée, je n’ai plus eu envie de lire. Alors qu’il y a des livres magnifiques ! Mais je pense qu’avec tous les écrans, on supprime beaucoup la recherche de soi-même, la recherche de choses anciennes, l’histoire du monde, la culture de tous les pays. Et en effet, je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites. La culture, c’est très important.
EVAB : donc la priorité, c’est de revenir aux sources, c’est-à-dire à l’école, à la formation, à l’éducation.
SF : je pense que l’éducation doit être revue, sincèrement.
EVAB : pour revenir au livre, ce n’est pas un produit comme un autre.
SF : Les livres aident à développer l’imagination et font évoluer notre propre conscience. La poésie, c’est quelque chose de très très beau, qui a été un peu trop oublié à mon sens. Les enfants ont besoin d’histoires, ont besoin de vivre avec des poèmes. Des fictionsoù des animaux sont mis en scène, mais ça a toujours une signification pour les êtres humains.
EVAB : selon vous, la technologie a tué l’imaginaire ?
SF : Pas complètement.Tout dépend comment on s’en sert. Malheureusement, je trouve que les jeux vidéo ont tué l’imaginaire. Pour moi, c’est clair, ils l’ont tué. Et maintenant, je pense que les gens devraient les refuser. Ils ne peuvent pas accepter que leurs enfants puissent se noyer dans les écrans. C’est néfaste pour leur propre développement. Je vais être radicale. Pourquoi ne pas faire une révolution contre des choses qu’on nous impose, parce que c’est la mode ?
EVAB : on dirait que l’être humain se complait depuis des générations a toujours choisir ce qui l’entraine vers des catastrophes, que certains annoncent imminentes ?
SF : Alors pas toujours, mais c’est ce qu’on nous impose.Parce que l’être humain n’a jamais choisi personnellement… En fait, voyez, les jeux vidéo, ce n’est pas nous qui inventons ce genre de chose. Un exemple, je me permets de parler d’un autre sujet. Le plastique, on va parler du plastique. Tous les jours, on va vider des matières plastiques dans des poubelles. Pourquoi devons-nous aller vider des plastiques dans les poubelles ? Je veux simplement souligner le fait que je n’ai jamais demandé, moi personnellement, à boire dans du plastique, à manger dans du plastique, on me l’a imposé. Vous voyez une jeune femme qui a trois enfants en bas âge avec des sacs plastiques, des sacs de compost, des sacs de verre, elle doit aller tous les jours les vider. Excusez-moi, on a autre chose à foutre que de vider des sacs qu’on nous impose. Voilà, on va au Super U, on va au Leclerc. Maintenant, je pense qu’il faut réaliser que ce n’est pas à nousde trier ces déchets. Je dis, il faut s’adresser en haut de l’échelle pour faire changer ça, c’est tout. Il faut changer les rôles. On vit la tête à l’envers, je suis désolée. Pour moi, c’est important.
EVAB : une impression de ne jamais traiter la cause, mais toujours traiter les conséquences ?
SF : Exactement. Et ça, c’est un exemple parmi tant d’autres. On parle de jeux vidéo, on parle de plastique. Il y a bien d’autres domaines. Et je pense qu’à l’heure actuelle, les gens doivent refuser un grand nombre de choses imposées.
EVAB : alors, le titre de votre prochain livre, c’est « Plastique, non merci » ?
SF : Non, je n’en suis pas là encore. Par contre, j’ai écrit un livre qui se nomme « Luron et mon grand-père » où j’en parle. Mais bon, c’est une grande histoire plus vaste dans laquellej’insère quand même des informations importantes pour moi et que je veux souligner.
EVAB : vous êtes une romancière militante ?

SF : En quelque sorte, oui. Tout à fait ! je suis un peu professeur.
EVAB : aurons-nous le temps de parler de vos projets d’autoédition et de site Internet ?
SF :Mon site Internet est en cours. J’ai déjà écrit une dizaine de livres. Maintenant je préfère éditer seule. J’ai déjà eu deux éditeurs, mais je tiens à le dire, les éditeurs ne payent pas les auteurs. Donc, j’ai envie aussi de recevoir ma contribution. C’est pourquoi j’autoédite désormais mes livres et mes futurs livres se trouveront dans une sorte de collection que je suis en train de mettre en œuvre.
EVAB : où peut-on acheter vos livres ?
SF : Bientôt sur mon site, ça va se faire dans un mois. Et par contre, je participe à beaucoup de salons.
EVAB . Où peut-on vous rencontrer et venir discuter avec vous dans les prochaines semaines ?
SF : Là, je pars pendant trois semaines en Suisse où justement, je présente quelques livres. Je vais aussi en déposer, parce que j’ai écrit deux livres sur le comté du Valais. Je parle aussi de la Suisse, parce que c’est un pays qui me touche énormément où j’ai vécu quatre ans. Pour moi, c’est important de présenter mes livres dans toute l’Europe et bientôt à l’international avec des traductions en vue.
EVAB : j’ai tapé votre nom sur Internet et j’ai vu qu’on pouvait acquérir vos livres à la FNAC.
SF : Tout à fait, avec mon ancien éditeur. Il y a plusieurs plateformes où mes livres sont vendus.
EVAB : de retour de Suisse, on se donne rendez-vous sur votre site Internet. Vous allez nous donner l’adresse ?
SF : Alors, le site ce sera « sevenaftune ». Pas de signification particulière. Ça m’est tombé comme ça, en conscience. Je dis ça, ça me plaît. J’ai choisi cette marque pour moi.
EVAB : j’ai dit tout à l’heure que vous êtes venue à Lodève par hasard, donc vous pouvez en repartir tout aussi rapidement et aussi par hasard ?
SF : Oui, tout à fait. Maintenant, je ne sais pas, mais oui, je suis nomade dans l’âme…Je n’ai pas envie de m’arrêter là. Mais j’adore la région. J’aime beaucoup la région, vraiment.
EVAB : et puis votre vie d’écrivaine est un long voyage… vers le bonheur ? Donc joyeux bonheur à vous et merci pour cette rencontre.
SF : Merci beaucoup.

Bibliographie :
Edition SeveNaftune
Deuxième chance – 2009 / Pour l’amour d’une plante – 2021 / Luron et mon grand père – 2022 / La Vallée de l’espoir – 2023 / Osez et vivez – 2023 / Israrullah – 2023 / Recettes du grand cuisinier Francis Bovet – 2025 / Tôm et le Salagou va sortir en septembre 2025
Editions Edilivre : Escale Finale et Frontières (2015)
Contacts :
Téléphone : 06 75 29 24 77
Mail : seveetnaftune@yahoo.com
Site : sevenaftune.fr (fin août )
Entretien à l’écoute :