Bien avant les exactions du 7 octobre 2023 provoquées par le Hamas, le sionisme a planifié dans le temps le nettoyage ethnique de la Palestine. L’histoire de cette planification est racontée dans cette nouvelle série hebdomadaire.
Dès l’instant où Lord Balfour, secrétaire au Foreign Office britannique, a promis au mouvement sioniste, en 1917, de créer un foyer national pour les Juifs en Palestine, il a ouvert la porte au conflit sans fin qui finira par engloutir le pays et sa population.
À la fin des années 1920, treize ans après le projet « Balfour », il était clair qu’il générait une dynamique violente. Il avait déjà tué des centaines de Palestiniens et de Juifs.
Cette violence endémique força les britanniques à rechercher une « solution » globale.
Jusqu’en 1928, le gouvernement de Londres avait traité la Palestine comme un État situé dans sa sphère d’influence, non comme une colonie. Un État au sein duquel, sous la tutelle britannique, la promesse faite aux Juifs et les aspirations des Palestiniens pouvaient être simultanément satisfaites.
Pour ce faire, les Britanniques ont essayé de mettre en place une structure politique où les deux communautés seraient représentées sur un pied d’égalité au Parlement et au gouvernement.
Comme les Palestiniens, dans les années 1920 représentaient 80 à 90 % de la population totale, on comprend qu’ils aient d’abord refusé le principe de parité que suggéraient les Britanniques. Parité, qui les désavantageait en pratique.
Leur opposition a incité les dirigeants sionistes à accepter.
En 1928, la direction palestinienne inquiète de la montée de l’immigration juive et de l’expansion des implantations de colonies, accepte le principe de parité comme base de négociation.
Les dirigeants sionistes la rejettent aussitôt. Les Palestiniens avaient pourtant renoncé au principe démocratique de la majorité, que la Grande-Bretagne avait pourtant préconisé comme base de discussions dans tous les autres États arabes de sa sphère d’influence.
Le soulèvement palestinien de 1929 a été le résultat direct du refus des Britanniques de tenir leur promesse de parité.
Après le soulèvement de 1929, le gouvernement travailliste de Londres parut enclin à satisfaire les revendications palestiniennes, mais le lobby sioniste réussit à le remettre sur les rails « Balfouriens ».
Cela rendait une nouvelle insurrection inévitable. Elle éclata en 1936, sous la forme d’une révolte populaire : les rebelles se battirent avec une telle détermination qu’ils obligèrent la Grande-Bretagne à cantonner davantage de troupes en Palestine que dans le sous-continent indien.
Au bout de trois ans d’attaques d’une implacable brutalité contre la Palestine rurale, l’armée britannique brisa la révolte. La direction palestinienne fut exilée.
Les unités paramilitaires qui avaient animé la guérilla contre les forces du Mandat furent dissoutes. Au cours de ces évènement, beaucoup de villageois engagés furent arrêtés, blessés ou tués.
Les dirigeants sionistes n’avaient pas perdu de temps pour élaborer leurs plans de présence exclusivement juive en Palestine. Ils avaient d’abord accepté, en 1937, de la limiter à une modeste fraction du pays.
Ils répondaient ainsi à la commission royale britannique Peel qui proposait de diviser la Palestine en deux États.
En 1942, ils exigent toute la Palestine pour eux.
Cette revendication consubstantielle du sionisme rappelle que l’objectif central est le même.
Le projet sioniste ne peut être réalisé que par la création en Palestine d’un État purement juif. Un État refuge pour les Juifs en butte aux persécutions et berceau d’un nouveau nationalisme juif.
Cet État ne doit pas être exclusivement juif dans sa structure sociopolitique. Il doit l’être aussi dans sa composition ethnique.
Cette série sur le nettoyage ethnique de la Palestine est réalisé à partir d’extraits de lecture du livre d’Ilan Pappé « le nettoyage ethnique de la Palestine », édité aux éditions « la fabrique », 370 pages, 20 euros. Je vous en recommande vivement l’achat et la lecture. Le troisième épisode de cette série, la semaine prochaine portera sur les préparatifs de guerre.