Une autre histoire – 25 mars 1921, naissance de Simone Signoret

par | 24 mars 2024 | Culture

Le 25 mars 1921, voilà exactement 103 ans, Simone Signoret de son vrai nom Simone Kaminker voit le jour à Wiesbaden en Allemagne.

Son père est un juif Polonais. Il rejoint en 1940 la France libre à Londres. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Simone est quant à elle réfugiée en Bretagne avec le reste de sa famille. De retour à Paris, elle alterne les petits boulots : sténodactylo, professeur d’anglais… et figurante. C’est sous le nom de sa mère, Signoret que Simone connait des débuts très discrets au cinéma dès 1941 avec quelques figurations et débute timidement sous la direction de Jean Boyer et de Marcel Carné.

En 1943, sa route croise celle du réalisateur Yves Allégret qui devient son pygmalion. Il  lui confie ses premiers rôles importants. C’est lui qui la propulsera au sommet avec les Démons de l’Aube en 1946. Elle l’épouse l’année suivante et lui donne une fille, Catherine. Simone Signoret va alors enchaîner les rôles, sous la direction de son mari.

A l’époque, le public français boudera ce mélo passionnel. La postérité réparera l’injustice quelques années après, élevant le film au rang de classique et assurant la célébrité de son actrice. En 1949, à Saint Paul de Vence, elle fait la connaissance d’un autre Yves, Montand cette fois-ci, c’est le coup de foudre, irréversible, elle tombe dans ses bras et l’épouse. Cette idylle, ce couple magique durera contre vents et marées, rien ne semblant pouvoir l’ébranler, ni l’exposition médiatique, ni les infidélités de Montand.

Elle devra attendre 1951 pour entrer de plain pied dans l’Histoire du 7ème Art : sous la direction de Jacques Becker, elle devient l’inoubliable Casque d’or inspiré de la vie d’Amélie Élie, prostituée foudroyée par un amour impossible pour Raymond, joué par Serge Reggiani.

 

En comparaison de ses partenaires de jeu, Simone Signoret tourne peu, mais bien. A raison d’un film par an, elle réserve ses apparitions aux meilleurs cinéastes français de l’après-guerre, et devient une actrice parmi les plus courtisée. Elle s’illustre notamment chez Marcel Carné, Luis Buñuel et surtout Max Ophüls. Le grand public la retrouve également dans Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, où elle rivalise de sournoiserie.

Suit une période de creux à la fin des années 1950 car la profession lui reproche son soutien au Parti communiste.

Durant son séjour aux Etats-Unis avec Yves Montand, le couple fréquente l’écrivain Arthur Miller dont ils ont créé la version française des Sorcières de Salem en 1954 à Paris, portée à l’écran deux ans plus tard. Miller vient d’épouser Marilyn Monroe qui impose Montand à ses côtés dans le film Le Milliardaire qu’elle s’apprête à tourner avec George Cukor.

Mais bientôt la carrière de Simone Signoret va repartir de plus belle ! En avril 1960, c’est la consécration : elle est récompensée de l’Oscar de la meilleure actrice pour sa sublime interprétation dans Les Chemins de la haute ville du réalisateur britannique Jack Clayton. Elle est la deuxième actrice française à remporter ce prix après Claudette Colbert qui l’a reçu en 1935. Elle atteint désormais une réputation internationale.

Sa vie sentimentale est de plus en plus sombre : Yves Montand entretient en effet une liaison passagère avec Marilyn Monroe. Signoret vivra avec, sans rien lui reprocher, jusqu’à la fin de sa vie. Lorsque, des années plus tard, un journaliste évoque avec Signoret cette liaison, elle répond qu’elle regrettait simplement que Marilyn Monroe n’ait jamais su qu’elle ne lui en avait pas voulu !

Elle tourne à deux reprises avec René Clément, l’Américain Sydney Lumet mais aussi, fidèle à ses engagements, avec Costa-Gavras (Compartiments tueurs et surtout L’Aveu avec Yves Montand). Signoret est aussi remarquable dans L’Armée des Ombres de Melville et ne dépareille pas au milieu d’un casting prestigieux.

Autre drame pour Simone Signoret durant cette période, noyade en mer au cours d’un tournage de son frère Alain qu’elle avait élevé !

Dans les années 1970, ses apparitions se raréfient. Elle a décidé d’assumer son addiction à l’alcool, son autodestruction, son corps, son vieillissement prématuré.  En 1978, à 57 ans, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle de Madame Rosa, ancienne prostituée juive qui élève les enfants d’autres prostituées, dans La Vie devant soi. Malgré sa santé déclinante, Simone Signoret se produit encore dans quelques films et téléfilms.

Elle rédige aussi et publie son autobiographie, « La nostalgie n’est plus ce qu’elle était », dans laquelle elle aborde sans tabou ses découvertes, ses regrets, ses rencontres et son amour passionnel et éternel pour Yves Montand. Un témoignage bouleversant, intime et sincère, émouvant et  expiatoire. Le succès est au rendez-vous et c’est très important pour elle. Elle publiera également un premier roman, « Adieu Volodia », très bien accueilli par les critiques littéraires.

Fumant et buvant beaucoup, en 1981, sa santé se dégrade de plus en plus. Elle subit une opération du foie et perd progressivement la vue. Son physique de jeune première loin derrière elle, elle  se fait de plus en plus rare dans les projets de cinéma. Elle fait une de ses dernières apparitions publiques à la télévision dans une émission présentée par Anne Sinclair, « 7 sur 7 », dans laquelle elle se présente avec le logo de SOS racisme « Touche pas à mon pote ».

On lui décèle un cancer du pancréas dont l’opération chirurgicale est un échec. Simone Signoret meurt chez elle à Auteuil à moitié aveugle le 30 septembre 1985, des suites de son cancer à l’âge de 64 ans.
A sa disparition, le milieu du cinéma salue une immense comédienne et, l’année suivante, Chris Marker lui dédie un  film-hommage projeté au Festival de Cannes. Marguerite Duras dira de cette battante : « C’était une reine. Elle a sorti la France de ses gonds, elle l’a faite internationale. »

Actrice atypique, Simone Signoret était sûre de ses convictions politiques marquées à gauche et de son engagement pour la défense des droits de l’homme. Véritable légende du cinéma français, elle a lutté toute sa vie, contre les apparences, acceptant les années qui passaient sur son visage et balayant d’un geste les critiques qu’on ne manquait pas de lui adresser. Plus que tout autre, Signoret faisait de l’âge une force, gagnait en sagesse et talent ce qu’elle perdait en beauté.

On ne peut parler de Simone Signoret sans évoquer son mari Yves Montand qui décèdera six ans plus tard…

… mais c’est une autre histoire !

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