Le 24 octobre 1970, voilà exactement 52 ans, Salvador Allende est proclamé président de la République du Chili. Arrivé en tête des élections présidentielles, candidat de l'Unité Populaire, le candidat socialiste est sorti vainqueur des urnes à une très courte majorité.

Il n'obtient que 37% des voix avec une coalition fragile qui va du centre à l'extrême-gauche maoïste. Le reste des voix se partage entre ses deux adversaires de droite. L'opposition au président ne cessera de se renforcer jusqu'à sa mort tragique ......

C'est la troisième candidature à la présidence de la République de Salvador Allende. Déjà, en 1958 contre Jorge Alessandri et en 1964, contre Edouardo Frei, il avait échoué dans sa conquête du pouvoir.

Il faut dire que les États-Unis ne sont pas pour rien dans ces deux défaites. Depuis 1957 la politique américaine au Chili reste simple : tout plutôt qu'une progression de la gauche : financement des campagnes politiques de la droite, coup d’État voire massacres. En échange de la pluie de millions de dollars, les gouvernements chiliens laissent les multinationales américaines prendre le contrôle de 80% de leurs plus grosses industries chiliennes.

L'exploitation de l'Amérique latine constitue une condition de la richesse des USA. Le capitalisme américain préférera toujours imposer un régime qui préserve ses intérêts plutôt que de laisser se dérouler un processus démocratique aux évolutions imprévisibles pour lui.

En 1970, le problème reste toujours le même : « empêcher, comme le dit Henri Kissinger, un pays de sombrer dans le communisme du fait de l'irresponsabilité de son peuple. »

Sans surprise, les États-Unis soutiennent le candidat de droite Jorge Alessandri mais se préparent à son éventuelle défaite.

Le 4 septembre 1970, Salvador Allende arrive en tête des présidentielles.

Les américains s'affolent. Ils demandent l'annulation des élections.

Le 24 octobre, il est officiellement proclamé président de la République du Chili par le Congrès chilien par 153 votes contre 35 à Jorge Alessandri et 7 votes blancs.

Jusqu'au 3 novembre, date de sa prise de fonction, les moyens mis en œuvre pour empêcher l'accession réelle de Salavador Allende à la présidence sont impressionnants. Actes de terrorisme de l'extrême droite pour provoquer une réaction de l'extrême gauche et créer ainsi un climat d'insécurité justifiant une intervention militaire, démarches auprès de nombreux officiers pour organiser un putsch militaire, opérations financières et économiques désorganisant le système monétaire, de production et de distribution, climats d'insécurité et menaces contre les dirigeants de gauche.

Le 2 novembre, les États-Unis débarquent même des troupes sur le sol chilien pour combattre l'offensive communiste.

C'est un vent d’espoir qui souffle le long de la cordillère des Andes. Espoir d'une nouvelle voie vers le socialisme. Il galvanise jusqu’aux rangs du parti socialiste français, qui a élu en 1971 un nouveau premier secrétaire : François Mitterrand. Celui-ci, particulièrement séduit par cette expérience de « Révolution dans la légalité »  réserve son premier voyage officiel au Chili.

Dans son discours de victoire, le nouveau président promet : « Nous abolirons les monopoles qui accordent le contrôle de l’économie à quelques dizaines de familles. Nous abolirons un système fiscal (…) qui accable les pauvres et épargne les riches. Nous abolirons la grande propriété qui condamne des milliers de paysans à la servitude. Nous abolirons la mainmise étrangère sur notre industrie. » Il ajoute, ouvrant une voie encore peu fréquentée vers la transformation sociale : « Le socialisme passe par la démocratie, le pluralisme et la liberté ».

Dès le 6 novembre 1970, le président américain Richard Nixon déclare devant le Conseil national de sécurité : « Notre principale préoccupation avec le Chili, c’est le fait qu' Allende puisse consolider son pouvoir et que le monde ait l’impression qu’il est en train de réussir.(…) Nous ne devons pas laisser l’Amérique latine penser qu’elle peut prendre ce chemin sans en subir les conséquences. » Salvador Allende a pris ses fonctions l’avant-veille.

Le ton est donné et la menace très claire ! On ne défie pas impunément les intérêts américains !

Cette expérience ne dura que trois ans. Le 11 septembre 1973, l'armée chilienne – soutenue par la presse, l’organisation fasciste Patrie et Liberté, le Parti national et les États-Unis – va remettre le peuple chilien « dans le droit chemin"  grâce à un coup d'état militaire qui fera plonger le Chili dans la terreur.

Salvador Allende trouvera la mort ce jour-là, les armes à la main, dans le palais présidentiel envahi par l'armée.

...mais c'est une autre histoire

Version audio avec illustration musicale sur Radio Pays d'Hérault, à écouter ICI

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