Le site d’information En Vie à Béziers vous invite à la projection du film documentaire AMIS, DESSOUS LA CENDRE le samedi 6 avril, à 18h, à la Cimade à Béziers (14 rue de la Rotonde). Entrée 5€

Projection suivie d’un débat avec des représentants du collectif Les Amis d’abord qui ont réalisé le film, et des Amis du 24 août 44 des Pyrénées Orientales.

Ce documentaire s’attache au parcours de Victor Simal, militant anarchiste perpignanais qui fut le héros malencontreux, avec son camarade Bernard Pensiot, d’une très sombre péripétie dans la résistance tardive au franquisme. Début février 1978, chacun des deux tombe dans un piège, Victor à la frontière dans les Pyrénées, Bernard sur les quais de Barcelone. Début février 1978 ? Cette date peut étonner. Franco n’est-il pas mort le 20 novembre 1975 ? L’Espagne n’est-elle pas en train de vivre une magnifique “transition démocratique”, que conclurait en 1982 l’écrasante victoire électorale des socialistes espagnols ?

Cette anomalie permet de comprendre comment la mise en place de cette fameuse démocratie espagnole, est alors une manière d’assurer la poursuite de l’essentiel : l’entretien du système d’exploitation capitaliste. Dans l’Espagne de ces années-là, les personnages de l’ancien régime fasciste se reconvertissent fissa dans les rouages du nouveau système de démocratie “représentative”.

La gauche de gouvernement – Parti communiste compris – et les syndicats qui y sont rattachés, acceptent de souscrire au Pacte de la Moncloa, signé le 25 octobre 1977. L’objectif premier est de soigner la crise du capitalisme espagnol, forcément au détriment des intérêts des travailleurs. Il n’y a alors que deux forces sociales significatives pour s’opposer : d’un côté l’ETA, de l’autre l’anarcho-syndicalisme qu’incarne la CNT.

La CNT jouit du grand prestige de la révolution libertaire qu’elle a animée en pleine guerre civile. En 1977, son premier grand meeting à Barcelone attire deux cent mille personnes. Son influence demeure très prégnante dans des grèves ouvrières dures et autonomes, comme à Vittoria, ou dans l’immense entreprise Roca, ou encore parmi les pompistes barcelonais.

Le ministre de l’Intérieur Martin Villa ne cesse d’expliquer que la menace libertaire, bien que non armée, lui paraît tout aussi préoccupante que le conflit basque. Il faut contrer l’influence anarchiste et forger une image d’organisation dangereuse. Le 15 janvier 1978, une grande manifestation barcelonaise en opposition au Pacte de la Moncloa, est concomitante d’un incendie qui se déclenche dans la salle de spectacle de la Scala. En furent aussitôt accusés les militants anarchistes (depuis lors, cette machination a été entièrement démontée).

Il faut démontrer que les anarchistes sont impliqués dans un complot international. Alors sont tendus les pièges qui provoquent l’arrestation et l’incarcération à la Modelo des deux militants perpignanais durant neuf mois. Ils seront finalement libérés, sans même avoir été confrontés à un juge d’instruction.

L’affaire eut en son temps un impact considérable à Perpignan, où la mouvance anarchiste était alors très vivace. Bernard Pensiot étant décédé voici quelques années, la caméra de « Amis, dessous la cendre », accompagne les pas de Victor Simal, lorsque, ces toutes dernières années, il lui est possible d’aller visiter la sinistre prison de la Modelo à Barcelone, juste désaffectée.

Ses souvenirs réveillent une séquence formidable dans la mémoire des luttes. En pleine “transition démocratique”, le système pénitentiaire demeure un bastion des pires franges du régime fasciste. Y croupissent les “droits communs”, victimes de lois sociales et de leur dureté répressive exceptionnelle, dans cette société obscurantiste et ultra-réactionnaire qu’a entretenue le franquisme. Quand les détenus politiques furent élargis par le nouveau régime, les prisonniers sociaux se sentirent trahis, relégués, oubliés.

Ils parvinrent alors à lancer un mouvement de rébellion derrière les barreaux, d’une puissance et d’une durée inouïes. Pensiot et Simal se joignent à ces moments de rébellion autogestionnaire peu imaginables qui subissent, sous le nouveau régime “démocratique”, une répression d’une férocité inouïe, de pur jus franquiste. L’État n’ayant surtout pas du tout perdu la boussole de sa raison d’être.

Le site d’information En Vie à Béziers vous invite à la projection du film documentaire AMIS, DESSOUS LA CENDRE le samedi 6 avril, à 18h, à la Cimade à Béziers (14 rue de la Rotonde). Entrée 5€

 

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