Le 10 juillet 1947, voilà exactement 75 ans, un vieux bateau panaméen  le Président-Wardfield venant de Portovenere (Italie) pour transformation et ravitaillement en carburant appareille du port languedocien de Sète avec à son bord 4551 juifs d'Europe centrale, rescapés des camps de la mort et dotés de passeports en règle. Le commissaire spécial du port de Sète, Mr Leboutet, vient de donner toutes autorisations et facilités au capitaine Ike Aronowicz pour l'appareillage du ce navire à destination de la Colombie.

Après 5 jours de navigation, et hors des eaux territoriales françaises, le Président-Warfield devient l'Exodus 47 en souvenir du périple de Moïse vers la Terre Sainte. Le drapeau marqué de l'étoile de David remplace le pavillon panaméen et le bateau se dirige vers la Palestine encore sous mandat britannique.

Londres tente d'interdire le territoire aux immigrants juifs. Plusieurs bateaux ont déjà rejoints Haïfa mais leurs occupants ont été arrêtés, conduits à Chypre et regroupés dans des camps.

Fruit d'une provocation délibérée, l'Exodus 47 ne se cache pas. Arrivés le 18 juillet dans le port de Haïfa, les passagers sont refoulés par les Britanniques qui administrent la Palestine. Il est arraisonné en vue des côtes palestiniennes par la marine britannique. Deux passagers et un membre d'équipage sont tués.

Transférés sur trois bateaux cages, ils sont renvoyés non pas vers Chypre vers le port français de Port-de-Bouc. Le 29 juillet, les bateaux stoppent devant Port-de-Bouc, mais les prisonniers refusent de débarquer. Le gouvernement français fait savoir aux immigrants de l'Exodus 47 qu'avec leur consentement, il leur sera donné asile sur le sol français où ils jouiront de toutes leurs libertés.

75 passagers épuisés acceptent la proposition française, les autres refusent catégoriquement et répliquent : nous désirons nous rendre en Palestine, on ne nous débarquera ici que morts.

Au bout de trois semaines, les Britanniques redirigent les bateaux vers Hambourg, dans leur zone d'occupation en Allemagne. Le 7 septembre, les passagers récalcitrants sont débarqués de force et avec violence dans le port de Hambourg et sont dirigés vers des camps de personnes déplacées.

L'affaire suscite une immense émotion dans tout l'Occident.

 Comment ?  Le gouvernement britannique ose renvoyer en Europe des rescapés de l'Holocauste. La presse du monde entier et en particulier britannique se déchaîne en termes violents, en faisant le parallèle avec les camps allemands. Le Manchester Guardian écrit le 10 septembre : On ne s'attendait pas à une telle conduite de la part d'un gouvernement britannique encore moins d'un gouvernement travailliste.

Comme le souhaitait la Haganah (organisation sioniste), cette opération  va convaincre Londres de se sortir au plus vite du bourbier palestinien. La Grande-Bretagne décide de se retirer de la région et confie la question de l'avenir de la Palestine aux Nations Unies. Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine est approuvé par l’Assemblée générale de l’ONU, à New York par le vote de la résolution 181.

Ce plan prévoit la partition de la Palestine en trois entités, avec la création d’un État juif et d’un État arabe, Jérusalem et sa proche banlieue étant placées sous contrôle international. Avec ce partage, l’objectif de création d’un « État juif » du projet sioniste est atteint mais pas celui de l’indépendance de la Palestine.   

Le mandat anglais prend fin le 14 mai 1948 et le même jour, Ben Gourion proclame l'indépendance de l'État d'Israël.

Tous les passagers de l’Exodus pourront atteindre finalement la terre Sainte quelques plus tard Certains reçoivent des visas légaux qui leur permettent de franchir la frontière à Strasbourg et d’embarquer au titre du quota d’immigration, à bord du paquebot Transylvania71 à destination d’Haïfa. D’autres embarquent à bord d’un caboteur, le Haportzin72 et 10 jours plus tard arrivent en Palestine.

Depuis 74 ans, les Palestiniens attendent toujours la création d'un État Arabe pourtant inscrit en toutes lettres dans la résolution de l'ONU !

Mais apparemment certains n'ont que faire des résolutions de l'ONU en particulier en ce qui concerne cette région du monde...

           ... mais c'est une autre histoire

 

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