Une autre histoire – 21 Octobre 1833, naissance d’Alfred Nobel

par | 19 octobre 2024 | Culture

Le 21 octobre 1833, voilà exactement 191 ans, Alfred Nobel voyait le jour à Stockholm en Suède. Ses parents sont des aventuriers qui fabriquent et vendent déjà des explosifs et des bateaux de guerre.

La poudre noire et le coton-poudre sont les seuls explosifs pratiquement employés à l’époque quand l’italien Ascanio Sobrero découvre la nitroglycérine en 1846. Le jeune chimiste Alfred Nobel crée lui-même sa propre usine de fabrication de nitroglycérine qui apparaît vite comme inutilisable si elle n’est pas maîtrisée. Première invention de Nobel, un détonateur capable de contrôler la mise à feu. Mais la nitroglycérine reste très sensible aux chocs à l’état liquide et de graves accidents surviennent comme celui du 3 septembre 1864 au cours duquel meurent quatre ouvriers et son jeune frère. C’est alors que Nobel a l’idée de transformer la nitroglycérine en pâte en la mélangeant à une variété d’argile , le kieselghur , un silicate d’alumine. La nouvelle formule est brevetée trois ans plus tard ! Et Nobel appellera dynamite  le produit qui se présente sous la forme d’un rouleau entouré de papier, qui offre l’avantage d’être assez stable, manipulable sans dommages, aisément insérables dans des trous de mines.

Alfred Nobel l’applique aux travaux de génie civil comme l’aménagement des réseaux de chemin de fer ou l’exploitation des bassins houillers avec le creusement de tunnels.

Il y voit aussi un antidote à la guerre : il pense que celle-ci deviendra impossible du fait de l’extrême dangerosité de son explosif ! la suite lui donnera tort ….

En attendant, la dynamite rend son inventeur immensément riche. Célibataire et coureur de jupons, le Suédois s’installe à Paris, dans un hôtel particulier de l’avenue Malakoff.

Une deuxième découverte, brevetée en 1875, bien supérieure à la dynamite, va définitivement assurer le succès des fabrications de Nobel. Il s’agit d’un mélange de nitroglycérine et de collodion (composé de nitrocellulose dissout dans un mélange d’éther et d’alcool) qui n’est autre que le plastic !

A la tête d’une affaire gigantesque (80 usines dispersées à travers tous les continents qui produisent chaque année plus de 66000 tonnes de dynamite et de plastic), il va gagner une véritable fortune.

Par son testament rendu public le 2 Janvier 1897, condensé sur une page, il réserve un capital de 32 millions de couronnes suédoises à une fondation, à charge pour elle d’en reverser les revenus annuels aux personnes qui, au cours de l’année écoulée, auront rendu de grands services à l’humanité. C’est ainsi que sont créés les cinq Prix Nobel qui consacreront la plus importante découverte en physique, en chimie et en médecine; l’ouvrage le plus remarquable de tendance idéaliste en littérature et enfin le meilleur travail pour l’abolition et la réduction des armées permanentes, l’organisation ou la promotion de congrès pour la paix en ce qui concerne le Nobel de la paix !

Ils sont aujourd’hui dotés d’un  total de 900 000 euros toujours prélevés sur les revenus de son immense fortune évaluée à 350 millions d’euros.

Ce testament soulèvera  mille protestations  et querelles d’intérêts. Malgré tout, le 10 décembre 1901, le roi de Suède et le Parlement de Norvège décernent les cinq premiers prix de la fondation Nobel.

Le premier Prix Nobel de littérature a été attribué au Français Sully Prudhomme, oublié depuis. Il en va autrement du Prix Nobel attribué à Albert Camus, qui a beaucoup marqué les esprits en 1957, pendant la guerre d’Algérie ou de celui refusé par Jean Paul Sartre en 1964 ! Notons que Patrick Modiano est le dernier à l’avoir obtenu en 2014.

Le premier Prix Nobel de la Paix a été attribué à Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge. Depuis lors, son attribution est régulièrement sujette à discussion, surtout lorsque les lauréats sont des dirigeants politiques en activité. Mais la prescience du jury est rarement prise en défaut. Souvenons-nous de Brandt (1971), Kissinger et Le Duc Tho (1973), el-Sadate et Begin (1978), Walesa (1983), Gorbatchev (1990), Mandela et de Klerk (1993), Arafat, Peres et Rabin (1994). Mais les deux premiers lauréats «politiques» du XXIe siècle, Obama (2009) et l’Union européenne (2012) n’ont pas forcément tenus leurs promesses…..concernant la paix !

En 2014, Malala Yousafzai, jeune militante des droits des femmes Pakistanaise, a reçu le prix Nobel de la paix, avec l’Indien Kailash Satyarthi militant indien du droit des enfants et du droit à l’éducation.

En 2020, c’est le programme alimentaire mondial de l’ONU qui a reçu la prestigieuse distinction.

C’est en 1969, en pleine euphorie économique, qu’un groupement d’institutions financières crée un Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel mais on est loin, pour ce prix, de toujours récompenser de grands services à l’humanité comme le souhaitait Alfred Nobel ……Ce prix est d’ailleurs surnommé abusivement «prix Nobel d’économie». Il a été attribué en 2014 au français Jean Tirole et à Esther Duflo en 2019.

Très peu dynamique et active, la fondation Nobel est une vieille dame dont on parle surtout lors des remises de prix le 10 décembre et lors de quelques scandales !

Une rumeur douteuse prétend qu’Alfred Nobel aurait refusé d’honorer les mathématiques pour éviter que le prix revienne un jour à un rival amoureux, un mathématicien qui lui avait volé le cœur de sa jeune maîtresse Sophie Hess.

Les mathématiciens se consolent avec la médaille Fields, créée en 1936 à Toronto à l’initiative du professeur John Charles Fields. Cette médaille récompense de jeunes chercheurs tous les 4 ans. Les français ont souvent été récompensés : Laurent Lafforgue en 2002, Wendelin Werner en 2006, Cédric Villani en 2010, Artur Avila (franco-brésilien pour être précis) en 2014 et Hugo Duminil-Copin en 2022.  Cette récompense tout aussi prestigieuse qu’un Nobel est par contre beaucoup moins dotée (chaque lauréat reçoit moins de… 10000 euros).

….mais c’est une autre histoire !

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