Une autre histoire – 9 Octobre 1890, et Clément Ader inventa l’avion

par | 7 octobre 2023 | Culture

Le 9 octobre 1890, voilà exactement 133 ans, dans le parc du château de Gretz-Armainvilliers en Seine-et-Marne,  Clément Ader (49 ans) s’élève au-dessus du sol à bord d’un engin à moteur plus lourd que l’air….. C’est le véritable  début de l’aviation.

A la fin du XIXème siècle et avant Clément Ader la translation dans l’atmosphère repose encore sur le principe des aérostats : seul un gaz plus léger que l’air peut enlever une machine volante. Le poids total de l’ensemble étant inférieur à celui de l’air déplacé, en utilisant le vieux principe d’Archimède (tout corps plongé dans un fluide (liquide ou gaz) produit une poussée globalement verticale orientée vers le haut.

Dès 1840, un industriel anglais ingénieux, songe à un engin volant dont le poids serait compensé par une force ascensionnelle produite par l’énergie mécanique. Ce sera un échec.

Parmi les autres précurseurs de l’aviation figure Jean-Marie Le Bris. Ce marin breton conçoit en 1856 une «barque ailée» sans moteur (en fait, un planeur).  Il arrive à se hisser au-dessus du sol.  Le journaliste Gabriel de La Landelle invente pour l’occasion le mot aviation, promis à un succès mondial, à partir du latin avis, qui signifie oiseau.

L’heure de Clément Ader a sonné. Né à Muret, au sud de Toulouse, le 2 avril 1841, il aurait dès l’âge de 14 ans tenté de voler avec un costume d’oiseau ! Devenu ingénieur, il dépose en 1868 un brevet pour améliorer le cerclage de fer des vélocipèdes par un bandage en caoutchouc (l’ancêtre du pneumatique) mais l’idée de voler comme les oiseaux ne le quitte pas.

Dans les années 1880, Clément Ader a acquis une certitude : pour s’envoler sans le secours du gaz , le véhicule de poids supérieur à celui de l’air qu ‘il déplace aura évidemment besoin d’une puissance ascensionnelle au moins égale à la différence des deux poids. En l’occurrence il ne peut s’agir que d’une force mécanique : telle est l’hypothèse que Clément Ader  tentera de vérifier avec un moteur à vapeur dans son atelier de la rue Jasmin, à Paris. Il construit patiemment son futur aéroplane. Pour cela, il acquiert deux roussettes des Indes (variété de chauve-souris géante) et observe leur vol pendant de longues heures.

Le 19 avril 1890, Clément Ader dépose un brevet d’invention ayant pour titre : «Appareil ailé pour la navigation aérienne dit : Avion». Il invente pour l’occasion le mot avion, en s’inspirant du mot aviation de Gabriel de La Landelle.

Il le  baptise EOLE. Il y installe une chaudière à tubes, pourvu d’un brûleur à alcool, la vapeur devant alimenter deux couples de cylindres qui entraînent une hélice en bambou de 4 pales. Deux ailes articulées en soie élastique et recouvrant une armature en bois constituent une réplique des membres de la roussette. Le pilote les manœuvre ainsi que le gouvernail de direction, à l’arrière de l’appareil par manivelles et leviers. Le fuselage également recouvert de soie repose sur trois roues : une quatrième à l’avant évitera les capotages. L’ensemble pèse  300kg, pilote compris.

Le 9 octobre 1890, Eole effectue un premier essai, se soulevant à quelques 20 cm du sol sur une distance de 50 mètres  environ. A défaut d’envol, le décollage du « plus lourd que l’air » est réalisé pour la première fois au monde.

Après ce premier  essai prometteur, l’inventeur améliore son engin et renouvelle la tentative l’année suivante au camp militaire de Satory, près de Versailles. Mais le vent déporte Éole II. C’est un échec.

La répétition d’essais trop onéreux devenant impossible, Ader parvient à intéresser le ministre de la guerre  à ses projets. Un protocole signé en 1892 prévoit la construction d’un nouvel appareil. Des objectifs précis étant fixés: altitude, vitesse, charge,  durée de vol.   Le défi est d’emporter deux hommes à 300 mètres d’altitude.

Clément Ader lance la construction d’un nouvel engin, baptisé Avion III, avec deux moteurs à vapeur de 40 chevaux. Il  est achevé en 1897. Le 14 octobre de la même année, à Satory, en présence de deux généraux, Avion III se lance sur la piste. Hélas, un coup de vent le déporte sur le côté. C’est un nouvel échec pour Clément Ader.  Le ministère de la Guerre cesse de le financer . Il est donc contraint d’arrêter la construction de ses prototypes et de renoncer à ses rêves.

Mais son cerveau bouillonne toujours d’idées.  Il travaillera sur de nombreux projets qui touchent la motorisation  en général, l’automobile en particulier mais également les embarcations avec son projet de « navion » ancêtre de l’aéroglisseur. Il faudrait y ajouter  les chenilles de chars, la transmission de son stéréophonique, le câble sous-marin. On a même retrouvé des croquis de turbines et de réacteurs dans ses carnets de notes.

Ader termine sa vie près de Toulouse, dans ses vignes. Il meurt à 83 ans le 3 mars 1925  après une reconnaissance nationale tardive.

On pourrait se demander si les avions d’Ader ont vraiment volé, s’ils étaient contrôlables  ou quelles sont les raisons de son échec. Mais si Clément ADER inventa l’avion, d’autres que lui sont aussi les pères de l’aviation moderne,  Alberto Santos-Dumont ou les frères Wright par exemple… mais c’est une autre histoire !

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