La résilience ou le consentement au désastre

par | 28 juillet 2022 | Edito

Pour les effondristes auto-patentés (type Yves Cochet ou  Pablo Servigne) la résilience consiste à « triompher de l’adversité avec les moyens dont on dispose » et donc n’est rien d’autre qu’une adaptation et un apprivoisement au désastre.

Ils proposent pour « vivre la fin du monde  » de prendre soin de « notre psyché, des émotions, émotions que tout ce chaos génère ». A les écouter, l’enjeu est de cultiver notre résilience intérieure en anticipant les catastrophes, en acceptant leur inéluctabilité. Il faudrait donc accepter une société du désastre !

C’est une forme d’injonction de « merveilleux malheur » pour reprendre l’expression de Boris Cyrulnik, conseiller de Macron, qui invoque « l’effet thérapeutique de Jésus »  car dit-il « la foi est bel et bien un facteur de résilience » … Ouh là là !!!!

Il s’agirait donc d’être résistant sans opposer de résistance à la perpétuation des conditions existantes. Donc la résilience, c’est non seulement l’acceptation mais la fatalisation des désastres.

Despotique, la résilience est  une technologie du consentement visant à amener les populations en situation de désastre à accepter les inéluctables technologies de la survie et la non  remise en cause d’un modèle. Le nucléaire, par exemple, solution miracle au réchauffement climatique ou encore les injections géniques expérimentales face aux épidémies.

Il s’agit aussi de « consentir » aux nuisances du dérèglement climatique, chacun devant devenir partie prenante de la gestion des catastrophes à venir.

Ainsi les responsables politiques nous plongent en permanence dans la double pensée. Il faut simultanément avoir peur et cesser d’avoir peur, donc évacuer l’anxiété pour mieux se préparer au pire plutôt que se révolter contre ses causes.

On demande aux français de cogérer les catastrophes avec des bouts de ficelle pour qu’ils se calment ! Gouverner par la peur de la peur est bien au centre de la résilience nationale car la peur inquiète le pouvoir. Elle est le symptôme d’une maladie de l’inadaptation que la résilience est censée soigner.

Le modèle productiviste et hyper-technologique est en grande partie responsable des catastrophes climatique, sanitaire et énergétique dans laquelle nous nous trouvons. Il est bon de rappeler qu’en bon collapsologue,  Macron n’a jamais eu l’intention d’empêcher ni les désastres en cours ni ceux à venir mais d’amener chacun à consentir à « vivre avec ».

Et certains font même commerce de l’apocalypse ! Suivez la flèche ….

Culte de l’adaptation, la résilience exalte la souffrance et le sacrifice. Son coup de force est de soutenir que la catastrophe n’est pas ce qui survient mais l’impréparation individuelle et collective à ce qui survient. Mais jamais, jamais, on  ne désigne les vrais coupables ! Il faudrait donc s’adapter et accepter un bonheur palliatif  fait d’un peu de santé, d’un peu de vie, d’un peu de liberté, de pas trop de refus et de fureur ! C’est déjà pas mal, non ?

La résilience est une imposture de la solution. Elle conduit à une impasse. Pourquoi ne pas lui opposer une autre sorte de raison non catastrophique où l’anxiété  n’est plus appréhendée comme symptôme d’une maladie de l’inadaptation. La peur doit être le signe d’une envie de liberté et de  vérité et non celui de notre éventuelle soumission. Elle est un effet de la catastrophe et non pas une cause qui nous amène à l’éprouver.

Il n’y aura de solution que politique car le « politique » est une bien meilleure illustration d’une volonté et d’une action partagées pour changer le monde.

 Et c’est bien changer ce monde que nous voulons !

 

 

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