Parmi les manifestants contre l’A 69 présents les 7 / 8 / 9 juin 2024 à Puylaurens, peu se doutaient que la désignation « d’écoterroriste », risquait le soir du 9 juin de devenir la norme avec la dissolution de l’Assemblée nationale.

En s’attaquant aux collines de Puylaurens, l’autoroute A69, en plus du bitume et du ciment, va nécessiter :

  • 100 m3 de terre et 30 tonnes de sable par mètre linéaire,
  • Des pentes bien plates,
  • Des courbes de bonne dimension,
  • Des sols rigides.

Pour réaliser ce projet écocide, il va falloir ouvrir des milliers de carrières, arracher des arbres par dizaines de milliers, exploser les collines, transformer les sols

Pour construire ce projet du passé il faut déplacer des millions de mètres cubes de terre. Pour Atosca et NGE, cette terre n’a pas de valeur monétaire, elle n’est pas prise en compte dans les comptabilités environnementales.

C’est dans ce contexte que nous sommes désignés comme « écoterroristes ».

Le terme « d’écoterroristes » pour désigner les militants qui luttent pour le vivant émane du gouvernement Macron et de son ministre de l’Intérieur. Cette désignation a été suivie depuis la manifestation de Sainte Soline l’année dernière, de tout un arsenal militaire répressif qualifié par l’ONU de « dangereux et injustifié ».

Celui qui avait débuté sa première mandature présidentielle en débauchant comme ministre de l’Écologie une personnalité, a donc démarré sa seconde mandature en désignant les militants de base « d’écoterroristes ».

Le personnage est coutumier des voltes-faces mais celle-ci est d’ampleur. On ne transige pas avec les intérêts du capitalisme.

À Sainte Soline les intérêts des agro-industriels sont en jeu.

À Puylaurens, ce sont les intérêts des géants du BTP.

Ce qui est insupportable aujourd’hui pour le gouvernement Attal, le sera demain pour le gouvernement Bardella.

C’était déjà au nom de l’ordre républicain que :

  • les voitures étaient systématiquement fouillées pour aller à Puylaurens,
  • les occupants étaient contrôlés,
  • la manifestation était interdite,
  • les manifestants menacés de 135 euros d’amende,
  • les blindés et canons à eau étaient acheminés pour défendre une portion d’autoroute vide, abandonnée par les engins de chantier.

Bardella, s’il accède au poste de premier ministre dans un mois pourra garder Darmanin comme ministre de l’Intérieur, il continuera le travail de répression.

Face à cette dérive de l’État de droit, il est difficile de réaliser que ce que nous vivons peut devenir la norme.

Seul le prêt d’un champ peut nous permettre de nous rassembler ?

Le « jeu » du chat et de la souris avec la police va être imposé ?

Une armée suréquipée dotée de blindés et de canons à eau gardera des chemins et un chantier vide ?

Un préfet tiendra le discours guerrier d’un belligérant ?

C’est déjà ce qui s’est passé dans toutes les manifestations écologiques depuis Sainte Soline l’année dernière.

Il n’y a bien sûr aucune chance que ce contexte s’atténue avec l’arrivée d’un premier ministre d’extrême droite.

Dans une telle configuration les organisateurs des manifestations contre l’A69 montrent le chemin qu’il faudra suivre.

Ils le montrent de plusieurs manières :

  • En fédérant plusieurs styles de lutte : juridique, médiatique et de terrain.
  • En organisant des rassemblements où tout le monde trouve sa place, des plus virulents aux plus pacifiques.
  • En ne lâchant rien sur le fond et sur la forme.
  • En déployant un véritable savoir-faire en matière d’organisation.

Nous sommes sûrement nombreux à avoir été sidérés par l’installation du camp de base à Puylaurens avec tentes, barnum, chapiteaux, cuisine centrale, point d’eau, wc, parking, camping . . . pour des milliers de personnes, au nez et à la barbe de la maréchaussée, sur un terrain privé.

Nous sommes aussi nombreux à avoir apprécié le sens tactique appliqué quand il a été avéré que nous ne pourrions pas atteindre l’objectif du chantier et qu’un reflux vers le camp de base a été organisé.

Ce savoir-faire précieux, expérimenté avec les gouvernements Borne et Attal servira contre un gouvernement Bardella.

Car n’en doutons pas, ce qui est en jeu avant et après Puylaurens c’est construire dans le temps la désobéissance civile.

De ce point de vue, la lutte contre l’A69 est (comme en son temps la lutte contre le camp militaire du Larzac), un creuset d’où naitront les formes de luttes qui seront victorieuses demain.

 

 

 

 

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