Republication : Après les gaz de schistes, la ruée vers le nouvel or blanc (1/2)

par | 11 mai 2025 | Écologie

IMERYS multinationale de l’extraction minière avec le soutien inconditionnel de l’État français veut exploiter une mine de lithium à Échassières dans l’Allier.

En catimini, depuis plusieurs années déjà, sans qu’aucun citoyen n’en soit informé, l’État français sonde notre sous-sol, à la recherche de métaux, et particulièrement de lithium.

Et bingo, à Échassières, petite commune de 300 habitants, au fin fond du département de l’Allier, un gisement plus que prometteur est découvert, qui permettrait de produire chaque année 34000 tonnes d’hydroxyde de lithium soit la quantité nécessaire à l’équipement de 700 000 véhicules électriques (de style SUV) par an.

Ce projet titanesque est mené par l’entreprise Imerys, géant français de l’industrie extractive, qui partout où elle est implantée sème ravages écologiques et sociaux.

Ce projet porte le doux nom d’EMILI (Exploitation de Mica Lithinifère par Imerys).

Le 24 octobre 2022, de concert, IMERYS et le gouvernement français annoncent en grande pompe l’ouverture prochaine en 2028 de la plus grande mine de lithium en Europe.

« Des batteries 100% made in France et 1000 emplois directs et indirects » claironne Imerys. « Le projet sera exemplaire sur le plan environnemental et climatique » selon le ministre de l’économie de l’époque Bruno Le Maire. Un vrai Graal qui nous sauvera du réchauffement climatique.

« Le lithium sera extrait de manière responsable » promet l’ancienne ministre de la transition énergétique Agnès Pannier- Runacher.

Bref, on nous promet une mine propre.

Une mine propre vraiment ?

Le lithium sera extrait à partir de la roche dure. Cette technique choisie par Imerys n’est pas sans conséquence pour l’environnement : poussières volatiles, résidus de roches chargés de minéraux contaminant eau et terre. Le processus complet est énergivore et demande quantité de produits chimiques.

Ces observations, l’entreprise les balaie d’un revers de manche dans son communiqué : « Imerys vise à réduire les émissions de CO2 de son exploitation, afin de produire du lithium avec des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations ». Eau utilisée en circuit fermée, mine souterraine, transport par train, Imerys a tout prévu !

Michel Jarry, président de France Environnement, déclare au magazine Reporterre « une mine propre, ça n’a jamais existé et ça n’existera jamais. Les risques de pollution des eaux, des sols et des airs sont réels et ce serait un beau mensonge que de dire le contraire » (1)

France, Allier, Echassieres, Beauvoir kaolin and lithium mine, company Ymerys Ceramics France (aerial view) (Photo by GUY Christian / hemis.fr / hemis.fr / Hemis via AFP)

Un sous-sol classé E : niveau le plus élevé de la pollution minière

Un autre risque environnemental vient du lieu de l’implantation de la mine. Là, le géant de l’extraction ne l’a pas vu venir ou ne s’en est pas inquiété, bien qu’il sache, au vu son expérience, qu’une mine laisse toujours des traces !

Le département de l’Allier est un ancien pays minier.

En 2018, le bureau d’expertise public spécialisé dans l’après mine, GEODERIS a publié une étude sanitaire et environnementale, qui évalue notamment la qualité des sous-sols. Cette étude montre des niveaux élevés en arsenic, plomb, tungstène dans les secteurs où Imerys a commencé son exploration, classant ainsi le sous-sol catégorie E : niveau le plus élevé de la pollution minière.

Le risque en ouvrant une mine au contact de cette ancienne mine est que tous ces métaux lourds dont certains cancérigènes , terminent dans les eaux et dans les airs.

Imerys assure avoir pris en compte toutes les zones identifiées par le rapport de GEODERIS. La multinationale atteste « que des études environnementales sont en cours et que leurs conclusions seront rendues publiques lors du dépôt de dossier de demande d’exploitation ».

L’entreprise a réalisé son propre rapport, mais celui-ci, publié en 2023, n’a pas pris en compte les pollutions existantes !

Pillage de la ressource en eau

Produire des métaux exige toujours beaucoup d’eau. Les pays du Sud en savent quelque chose. Au Maroc, au Chili par exemple des habitants proches de mine de métaux se voient privés d’eau courante et contraints à la révolte.

Produire un kilo de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau , 1kg de nickel 1000 à 1700 litres et 1kg de lithium jusqu’à 2000 litres !

Même parmi les habitants les plus favorables au projet de mine à Échassières, l’eau concentre toutes les inquiétudes.

C’est d’abord les répercussions que pourrait avoir l’extraction sur l’écoulement naturel des eaux du bassin versant de la Bosse, sommet du massif et lieu de l’extraction.

« Il y a de quoi s’inquiéter quand même……. Aller creuser à 400 ou 500 mètres sous terre, aller faire une mine de gruyère dans une montagne au-dessus de nous, il y a une quinzaine de ruisseaux qui démarrent de la Bosse. Si on nous perturbe ça … » s’inquiète un ancien agriculteur à Échassières.

La question de la ressource en eau est aussi complexifiée par le réchauffement climatique à l’œuvre dans la région lors des dernières années de sécheresse.

Imerys a mené ses propres études ; mais celles-ci ne décrivent pas avec certitude comment sera impacté le contexte géo-hydraulique de La Bosse ; elles ne prennent pas non plus en compte les influences que pourrait avoir le changement climatique.

Imerys prélèvera 1,2 millions m3/an dans la Sioule et le Cher. Est- il sérieux de soumettre ces cours d’eau déjà en tension hydrique à de tels prélèvements ?

(Fin de la première partie – la suite, à lire la semaine prochaine)

(1)  https://reporterre.net/Mine-de-lithium-en-France-Un-casse-tete-environnemental

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

[sibwp_form id=1]

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

L’actualité de votre Carmagnole

La Carmagnole invite Laurent Mauduit Chaque publication de Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart, apporte son lot de révélations sur les rouages de notre système économico-politique et les implications de nos élites. Son dernier ouvrage n'y déroge pas.Dans cette...

Ciné débat – Alimen’terre 2025 Carnon

le 07/11/2025 à Carnon,dans le cadre du Festival Alimen'terre,  nous organisons un ciné débat autour du film réalisé par Mickael Denis-Shi " Leurs champs de coeur".Mickael est le Directeur de  FNE Ile de France. Son documentaire est fondé les témoignages...

Que reste-t-il de la France coloniale ?

Salut,Cette semaine, pendant que les gros capitalistes repoussent les modestes tentatives de leur faire payer leurs impôts comme des citoyens normaux, on continue à construire et déployer ensemble un outil coopératif de diffusion cinématographique original et pas...

Un mur de stade à Montpellier

photo de Jacques Petit envoyée par un de nos lecteurs, Stade du Père-Prévost, rue Beau Soleil, quartier Beaux-Arts à Montpellier

Au bout du fil de la presse libre

Défendons la presse libre

  • L'extrême droite déverse sa haine du monde au nom de la liberté d'expression, qu'elle confisque en rachetant organes de presse, tv, radios, maisons d'éditions, festivals etc... Face à la bollorisation, des médias indépendants ont décidé de s'organiser. Depuis le 15 octobre, vous pouvez accéder au portail des médias indépendants lancé par Basta ! et au portail d'abonnement et de lecture commun, La Presse libre,  initié par Arrêts sur image, Reflets info, Next, Rue89, Politis et Médiacités
  • Vous pouvez également aider au financement de la presse indépendante par le biais de la plateforme j'aime l'info en soutenant le média de votre choix; ou en contribuant au fonds pour une presse libre initié par Médiapart qui soutient des projets de médias indépendants et a permis de créer le fonds Ripostes, première aide juridique pour défendre les médias indépendants attaqués par les puissants; ou encore en participant financièrement à Un bout des médias, association citoyenne dont la mission est de promouvoir l'indépendance des médias.
  • Face à la montée de l'extrême droite Splann ! s'associe à Street Press pour couvrir le "bataille des municipales" (Splann !)

Focus sur un média indépendant

Vox europe : Créé par des journalistes issus des quatre coins de l’Europe, Voxeurop est un média en ligne indépendant. Il est le premier à être géré par une coopérative européenne de presse. Pour informer à hauteur d’Européens, il rassemble une communauté ouverte de journalistes et éditorialistes, traductrices et traducteurs, médias partenaires, ainsi que des lectrices, lecteurs et membres fidèles de plus de 30 pays.

Parutions

 

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1038480
Total Users : 1038480

samedi 8 novembre 2025, 6:15

Rachel Vernisse