« l’inversac » est un phénomène de salinisation de l’eau douce qui s’accentue avec le changement climatique. L’étang de Thau est particulièrement concerné par ce qui peut devenir une catastrophe écologique.
L’étang de Thau couvre 7500 hectares entre Marseillan et Sète dans l’Hérault, il peut voir son équilibre interne basculer rapidement.
Une rivière souterraine, la Vise, surgit à 30 mètres de profondeur dans l’étang, c’est elle qui l’alimente en eau douce.
La Vise déverse chaque année 4 millions de mètres cubes d’eau douce qui entre dans l’étang.
Mais il existe un problème quasi mécanique : si la nappe d’eau de la Vise n’est pas assez remplie c’est l’eau salée de l’étang qui s’y engouffre et se répand dans la réserve d’eau souterraine.
C’est le mécanisme de « l’inversac », un phénomène de salinisation de l’eau douce par l’infiltration d’eau saumâtre.
Ramené à l’échelle de Thau, ce phénomène est doublement dangereux. Pour les usagers de la nappe phréatique et pour les usagers de l’étang.
Si l’étang de Thau représente 10 % de la production nationale d’huîtres et quelques 3000 emplois, des dizaines de milliers de personnes dépendent de la nappe phréatique de la Vise.
L’avant dernier « inversac » a duré 17 mois, il va falloir 9 ans pour que tout le sel ressorte de la nappe d’eau douce.
S’il dure plusieurs années il compromettra la production de mollusques comme les huîtres qui se nourrissent de plancton. Trop de sel dans l’étang entraînerait la mort du plancton, du phytoplancton, du zooplancton, la vie ne s’y développerait plus.
On mesure facilement la catastrophe pour les conchyliculteurs, on la mesure moins pour les usagers de la nappe souterraine de la Vise qui auraient de l’eau saumâtre à la sortie du robinet.
Pour tenter d’enrayer cette catastrophe écologique le syndicat mixte du bassin de Thau veut tenter de mettre en place un réducteur de pression.
Ce projet pour le moment expérimental ne résoudra pas à lui seul les problèmes connexes comme l’urbanisation du bord de mer, l’imperméabilisation des sols, et le poids de l’hôtellerie saisonnière (les campings).
C’est bel et bien un projet global de société qu’il faut travailler. À l’échelle de l’étang de Thau bien sûr, mais aussi à l’échelle mondiale puisque 70 % de la population qui vit dans le monde au bord du littoral peut être concernée par le phénomène de « l’inversac ».