Une équipe d’amoureux de la forêt du Haut Languedoc, inquiète des projets industriels qui la menacent, a lancé une revue pour parler de cette richesse en danger. Baptisée Frondaison, avec le sous-titre « Il n’y a pas de fronde sans raison », elle se veut ouverte à tous ceux qui voudront apporter leurs textes qu’ils soient techniques, politiques ou poétiques.
Avec leur accord nous publierons, au fil des semaines, certains d’entre eux.
Les forestiers face au changement climatique
Extraits du rapport scientifique de l’expertise – Mai 2023 Rapport intégral disponible sur http://www.gip-ecofor.org/
Pline l’Ancien (23-79), dans le livre 31 de son Histoire Naturelle, rapporte ses observations sur l’effet de coupes rases de reliefs déboisés lors du siège de camps ennemis par les troupes romaines. Il observe que le ruissellement et les écoulements sont fortement accrus, et que l’ennuagement local est diminué.
Les forêts matures constituent les formations végétales qui évaporent le plus, en raison de facteurs bien identifiés : albédo faible et énergie absorbée plus importante, rugosité et indice foliaire élevés, prospection racinaire étendue. En plus de cette production d’eau “verte”, elles constituent aussi une source d’eau “bleue” majeure et ont une capacité de filtration importante.
Les changements globaux et, singulièrement, les changements climatiques, affectent l’ensemble des forêts européennes et forcent les acteurs à questionner leurs pratiques sur le renouvellement forestier de manière d’autant plus aiguë qu’ils sont confrontés à des évènements catastrophiques de types attaques de scolytes, dépérissements ou incendies de plus en plus fréquents et intenses.
Il est donc nécessaire d’explorer les pratiques les plus pertinentes dans un contexte incertain. Avec l’augmentation attendue de la contrainte hydrique, mais également des risques de gels et de tempêtes (en intensité, pas forcément en fréquence), il est clair que les coupes de petites tailles (inférieures à 0.25 ha) semblent plus adaptées pour accompagner le renouvellement forestier sous climat futur.
Dans un contexte marqué par la diversité, la magnitude et la vitesse des changements affectant les forêts, le recours accru au mélange d’espèces, que ce soit à l’échelle des peuplements ou du paysage, constitue une des voies pour accroître la stabilité et la résilience des peuplements, et permettre davantage de flexibilité et de diversité dans la fourniture des services écosystémiques.
Expertise collective Coupes Rases et Renouvellement des peuplements forestiers en contexte de changement climatique collective (CRREF)
Des menaces ?
On voudrait sortir davantage de bois de nos forêts, soi-disant « sous-exploitées », alors que les dernières observations sur la forêt française montrent une croissance des arbres ralentie, une augmentation de la mortalité des arbres adultes et des jeunes plants, une baisse du rôle de fixation du carbone par les forêts et leurs sols dégradés.
La gestion forestière intensive repose sur des cycles courts de plantation – exploitation, des coupes rases et sur le choix d’un nombre réduit d’espèces résineuses, alors que la résistance des forêts est plus forte lorsqu’elles sont composées d’essences variées et d’arbres d’âges différents.
Contact : frondaison81@proton.me