Une autre histoire – 20 Janvier 1942, mise au point de la solution finale

par | 24 janvier 2025 | Histoire

Le 20 janvier 1942, voilà exactement, 83 ans, Heinrich Himmler, le chef de la garde rapprochée du Führer, la SS et Reinhard Heydrich, le chef des services de sécurité allemands se réunissent avec une quinzaine de dignitaires nazis et d’officiers SS dans une villa d’un faubourg huppé de Berlin.

Ils mettent au point la « Solution finale » c’est à dire la déportation des Juifs de l’ouest de l’Europe vers les camps d’extermination situés en Pologne.
Les massacres de Juifs par les Hitlériens ont débuté de façon informelle avec l’invasion de la Pologne en septembre 1939. Ils ont pris de l’ampleur à l’été 1941 avec l’invasion de la Russie occidentale, riche en communautés juives. Ces massacres se sont traduits par la réduction à la famine des juifs cloîtrés dans les ghettos et par les fusillades en masse dans les territoires polonais et soviétiques enlevés à l’Armée rouge.
À mesure que se précise le projet d’extermination de l’ensemble des Juifs européens, dans les derniers mois de 1941, les Allemands jugent ces méthodes impraticables à grande échelle dans les pays d’Europe de l’Ouest occupés par leurs troupes. Ils ont besoin de la contribution économique de ces pays, en particulier de la France, à leur effort de guerre. Ils ne peuvent se permettre de les violenter comme les pays slaves. 
D’autre part, Heinrich Himmler éprouve lui-même les limites de ces tueries. Elles altèrent le psychisme de ses troupes et de leurs acolytes locaux (Polonais, Lituaniens…). 
Lui-même manque de s’évanouir en assistant le 15 août 1941 à Minsk à l’exécution par balles d’une centaine de Juifs. À chaque salve, son regard fuit et il montre d’évidents signes de nervosité. On lui fait remarquer qu’il n’y a là que cent Juifs et ajoute : « Mais regardez les yeux de nos hommes… Ils sont traumatisés pour le reste de leur vie ».
Jonathan Litell dans « Les Bienveillantes » a bien décrit ce phénomène.
Avec son adjoint Reinhard Heydrich,  il prépare donc la mise en place de méthodes plus discrètes.
Au génocide par la faim et au génocide par balles va s’ajouter le génocide par le gaz selon une technique utilisée en 1939 et 1940 en Allemagne même pour l’élimination des handicapés.

En Union Soviétique, les commandos de la mort suivent de la sorte la progression de la Wehrmacht avec des camions de gazage. En Pologne, ce sont plutôt les victimes qui sont amenées sur les lieux d’extermination. Dans cette perspective, un camp de détention du nom d’Auschwitz-Birkenau, près de Cracovie, expérimente dès l’été 1941 sur des détenus soviétiques et des malades le Zyklon B, un gaz prévu à l’origine pour désinfecter le camp.
Après une avance fulgurante et la prise de Kiev le 18 septembre 1941, la Wehrmacht connaît de premières difficultés en URSS. L’entrée des États-Unis dans la guerre apparaît d’autre part inéluctable. Hitler exprime sa rage contre les Juifs jugés responsables de ses difficultés.
Dès lors prend forme le projet d’extermination systématique des Juifs, que l’on appelle aujourd’hui Shoah. Le 5 novembre 1941, le Führer déclare à Himmler : «Nous pouvons vivre sans les Juifs. Eux ne sauraient vivre sans nous. Quand les Européens s’apercevront de cela, ils prendront conscience du même coup de la solidarité qui les lie. Le juif empêche cette solidarité. Il ne vit que du fait que cette solidarité n’existe pas»
Le 29 novembre 1941, Heydrich envoie une invitation pour une réunion de planification sur la «Solution finale de la question juive» aux directeurs généraux de plusieurs grands ministères. Doivent également y participer des membres de la SS : le chef de la Gestapo Heinrich Müller et Adolf Eichmann, adjoint de Heydrich responsable de la question juive.
Prévue le 9 décembre, elle est reportée à cause de l’attaque de Pearl Harbor l’avant-veille et de l’entrée en guerre du Japon et de l’Allemagne contre les États-Unis. Hitler y voit la justification de sa «prophétie»  selon laquelle «la race juive en Europe serait anéantie si la juiverie financière internationale, hors d’Europe et en Europe, devait réussir à précipiter encore une fois les peuples dans une guerre mondiale».
La «conférence de Wannsee»  se tient en définitive ce 20 janvier. C’est une réunion d’une heure et demie au cours de laquelle Reinhard Heydrich expose les modalités de la «Solution finale de la question juive». Il fait valoir que son projet initial d’émigration forcée des Juifs d’Europe ou de déportation à Madagascar a été rendu impossible à cause de la guerre. Il s’agit donc désormais d’«évacuer vers l’est»  tous les Européens israélites ou considérés comme tels par les nazis.
Heydrich sait que plusieurs des fonctionnaires présents sont rétifs à l’idée d’extermination mais il a besoin de leur concours pour les aspects logistiques de l’opération, aussi évite-t-il d’employer dans sa présentation les termes d’extermination ou de mise à mort. Mais il y vient à la fin de la réunion, une fois que les participants ont agréé le principe de l’évacuation, sous l’autorité exclusive de la SS.
Le souvenir de la réunion s’est conservé car Adolf Eichmann en a dressé le procès-verbal écrit. Il y répertorie le nombre de Juifs à déporter, pays par pays (aussi bien les 200 Juifs d’Albanie que les 5 millions de Juifs d’URSS !), arrivant à un total de onze millions de personnes ! Il évoque par ailleurs, et c’est le plus grave, le traitement promis à ces communautés, en détaillant les modalités logistiques mais en se gardant toutefois de parler de la mort.
Après la réunion de Wannsee, le processus industriel d’extermination va de fait s’intensifier. Il commence avec l’extermination des habitants du ghetto de Lodz. Au même moment, la chambre à gaz d’Auschwitz-Birkenau était dédiée à l’extermination des Juifs et non plus des prisonniers soviétiques.
C’est le début d’un génocide qui fera plusieurs millions de morts.
La villa où s’est tenu cette funeste réunion, au bord du lac de Wannsee, entre Berlin et Potsdam, abrite aujourd’hui un mémorial et un centre de recherche sur le génocide.
Depuis, d’autres génocides, d’autres massacres, d’autres expressions meurtrières du racisme et de l’intolérance ethnique, religieuse, politique ou philosophique ont eu lieu…..
……….mais c’est une autre histoire !

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