Une autre histoire – 21 août 1853 : La France découvre la corrida

par | 17 août 2025 | Histoire

Le 21 août 1853, voilà exactement 180 ans, Bayonne est le théâtre de la première corrida « à l’espagnole » jamais organisée en France. Parmi les spectateurs, figure l’épouse espagnole de Napoléon III, l’impératrice Eugénie de Montijo, à l’origine de cette initiative.

Si la tauromachie remonte à l’Antiquité, c’est seulement au XVIIIe siècle qu’elle a pris en Espagne la forme popularisée sous le nom de corrida, ou course de taureaux, avec mise à mort du taureau.

La tauromachie s’est progressivement implantée dans le sud de la France. La première véritable corrida française s’est donc tenue à Bayonne le 21 août 1853. Depuis, la loi a encadré et limité la pratique de la corrida.

Depuis quelques années, en France mais également en Espagne, le combat contre ce type de corrida a pris de l’ampleur et de nombreuses associations demandent l’interdiction aux mineurs de ces manifestations voire leur abolition pure et simple.

Pour la aficionados, la corrida est une chorégraphie, une danse entre un taureau et un homme dans une arène. Le public peut admirer ce spectacle et voir comment le torero, par ses qualités morales, techniques et artistiques, parvient à harmoniser les gestes de l’animal, de façon à construire avec lui une œuvre d’art. Ce faisant, on assisterait à une entente improvisée entre l’homme et le taureau, d’une haute plasticité. À l’évidence, c’est dans le jeu avec la cape et la muleta que l’art taurin atteindrait son plus grand raffinement. Avec ces étoffes, le torero transforme la corrida en une magie, appelée aussi taureaumagie. Une des finalités essentielles de la corrida serait  donc de créer une œuvre d’art éphémère en utilisant le déplacement naturel du taureau, chaque corrida étant donc unique.

Dans le sud de la France, la corrida n’est pas seulement un spectacle, mais génère aussi des flux financiers importants et constitue également un attrait touristique, jusqu’à un million de touristes lors des diverses férias.

Enjeux économiques, touristiques mais aussi culturels : « la tauromachie est un phénomène identitaire très fort dans certaines régions« . Certaines personnalités politiques se sont ouvertement déclarées en faveur de la corrida. 

Pour d ‘autres, la corrida est peut-être un tableau mais  il est surtout entaché par le sang du taureau.

En dépit de sa popularité dans certaines régions, de nombreuses associations s’opposent à ce type de corrida, jugeant qu’il ne s’agit ni d’art ni de culture, mais de barbarie. L’opposition à la corrida se manifeste sous des formes diverses depuis qu’elle existe. À l’origine, cette opposition était surtout motivée par les risques que prenaient les toreros. Aujourd’hui c’est  la barbarie et la cruauté contre l’animal et la protection de l’enfance qui réunit les opposants. Les sondages  en France donnent raison aux abolitionnistes. En Espagne, pays symbolique, les députés du Parlement régional de Catalogne ont approuvé en 2010 l’interdiction des corridas, une victoire historique. La Catalogne devenant ainsi la deuxième région d’Espagne à interdire la tauromachie, après l’archipel des Canaries en 1991. Mais c’est le cas aussi en Colombie et au Mexique, où des lois similaires ont déjà été adoptées et la corrida pourrait disparaître dans d’autres pays de tradition tauromachique.

En France, des députés ont élaboré une proposition de loi, enregistrée le 13 juillet 2010, « visant à punir les sévices graves envers les animaux domestiques, apprivoisés, ou tenus en captivité, sans exception ».  Le nouveau texte prévoit de supprimer l’exception dont bénéficient aujourd’hui la corrida et les combats de coq dans certaines régions, au nom d’une « tradition locale ininterrompue ». Mais en janvier 2011, en toute discrétion, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture entérine en douce  l’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel français. On a eu chaud car la mesure n’a finalement pas été adoptée quoiqu’en disent les aficionados ! Il ne manquerait plus que la corrida devienne patrimoine et en plus culturel ! 

En novembre 2022,  une proposition de loi visant à interdire la corrida devait être examinée à l’Assemblée Nationale mais fut retirée au dernier moment par le groupe parlementaire La France Insoumise.

Les défenseurs de la cause animale ont une autre définition du patrimoine culturel et une autre analyse  du phénomène tauromachique :

« C’est peu dire, que de parler de cauchemar que doit subir le taureau, de son entrée dans l’arène jusqu’à son exécution. Fatigué, assaillie, torturé, pourchassé sans répit, seul contre tous.

L’homme dévoile toute sa cruauté dans la mise à mort de l’animal. Durant une vingtaine de minutes, le taureau sera torturé, subira des sévices, les uns plus cruels que les autres. A bout de souffle, son bourreau fait enfin son apparition, il va prendre la relève pour continuer à épuiser le taureau. Devant cette sauvagerie, le public est toujours plus exigeant, toujours plus de sang, la joie du public réside dans cet acharnement contre le taureau.

L’un des clous du spectacle, c’est l’achèvement de la bête, percé, transpercé, la fin est proche et inéluctable. L’art de barbarie.

Tant qu’il y aura une goutte de sang versé par le taureau, la corrida ne sera pas une œuvre d’art.  Érigée en spectacle, la souffrance d’un animal n’est plus acceptable ! »

Le débat fait donc toujours rage entre les défenseurs de la corrida et les abolitionnistes qui ont manifesté  à nouveau à Béziers en ce vendredi 15 août à l’occasion de la Féria à l’initiative du Colbac (COmité de Liaison Biterrois Anti Corrida).

La défense de la cause animale et le débat sur les traditions vont bien au delà de la simple question de la corrida …

…mais c’est une autre histoire !

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