Une autre histoire – 7 avril 1933, fin la prohibition aux États-Unis

par | 6 avril 2025 | Histoire

Le 7 avril 1933, voilà exactement 92 ans, prend fin la prohibition aux États-Unis.

C’est le 18ème amendement de la constitution américaine qui l’avait instaurée en janvier 1919 soit 14 ans plus tôt. Il était interdit de fabriquer, de vendre et d’acheter toutes les boissons titrant plus de 0,5% d’alcool.

La campagne prohibitionniste remonte au milieu du 19ème siècle. Le premier état à limiter les ventes de boissons alcoolisées fut le Maine en 1851. En 1855, 13 états américains, appelés Dry States, adoptèrent des mesures établissant la prohibition.L’État du Massachusetts en particulier décida que le rhum ne devait être vendu qu’en grosses quantités  pour éviter que le peuple ne s’enivre !

Mais c’est au début du 20ème siècle que les prohibitionnistes deviennent particulièrement actifs. Ce sont alors des progressistes : combattre l’ivrognerie, lutter contre les injustices sociales et la corruption politique, voilà leur programme. Une Amérique saine reviendra, croient-ils, à ses traditions démocratiques. Plusieurs états notamment dans l’Ouest suivent ces conseils avant 1914 et interdisent, à l’intérieur de leur frontière, la consommation d’alcool. Mais pour que la mesure soit efficace, il faut que l’Union passe toute entière dans le camp de la prohibition. L’amendement à la Constitution offre la solution légale et idéale.  C’est donc le 29 janvier 1919 que la prohibition est établie par la ratification du 18ème amendement.

Les esprits vont évoluer dans la population. Les prohibitionnistes sont, après 1920, plus ruraux que citadins, plus sudistes que nordistes et se regroupent dans la « anti-saloon league ». S’ils veulent toujours rendre la société américaine plus morale, ils soulignent en même temps que l’interdiction  fera augmenter la productivité. Ils rappellent de plus en plus souvent que l’alcoolisme est essentiellement une maladie de la société européenne, que les immigrants la transportent sur le Nouveau Continent, bref qu’il convient de s’en tenir à un « américanisme à 100%. Ce regain d’intérêt est aussi marqué d’une forte période d’intolérance, laquelle dure environ 10 ans (de 1920 à 1930).  Ils sont alors beaucoup plus conservateurs que progressistes et se recrutent surtout dans les milieux fondamentalistes et  nationalistes. Se retrouveront à l’avant-scène certains mouvements civils radicaux tel le Ku-Klux-Klan qui prend parti en faveur de la prohibition.

Les adversaires de la prohibition parlent d’une atteinte à la liberté individuelle. Ils considèrent d’ailleurs que seul l’excès d’alcool, non sa consommation mesurée, est néfaste. Pour eux le 18ème amendement vise à porter atteinte  à un genre de vie qui est celui des immigrants de fraîche date, ou des catholiques. Ils estiment aussi que l’application de cette mesure est impossible.

De fait les autorités fédérales ont la plus grande peine à contrôler les entrées d’alcool étranger et à empêcher sa commercialisation clandestine à des prix très élevés. Les brasseries et les distilleries clandestines rapportent des fortunes à leurs propriétaires. On assiste à un explosion des trafics illégaux.

Les gangsters profitent de l’aubaine pour tirer les plus gros profits d’un trafic dangereux mais prospère.  Les organisations mafieuses d’origine sicilienne, transplantées aux États-Unis par la dernière vague d’immigration, sautent sur l’occasion pour étendre leurs activités avec des hommes comme Al Capone ou Lucky Luciano. Ils connaissent leurs plus beaux jours.

Face à la loi ils imposent leurs méthodes qui reposent sur la combine et la violence: avocats marrons, et hommes de main sont particulièrement appréciés. Le code pénal et la mitraillette protègent les trafiquants tandis que la guerre entre bandes rivales fait de nombreuses victimes. Les administrations municipales, trop faibles, cèdent souvent au chantage : La corruption gangrène la police et l’administration. La criminalité s’étend…

Les Américains honnêtes ne respectent guère ce 18ème amendement et acceptent de payer à prix d’or quelques gouttes d’un whisky frelaté consommé en cachette.

Les partis politiques sont divisés. En fait, c’est un échec qui entraîne un total revirement de l’opinion publique : le gouvernement américain choisit sagement de reculer

.Le 17 février 1933, au tout début de la présidence de Franklin Delanoo Roosevelt, est voté le Blaine Act du sénateur John  Blaine, qui autorise la vente de bière. Et le 7 avril 1933 est voté le 21ème amendement qui, tout simplement, annule le 18ème. La Prohibition cesse dès lors de ronger la société américaine…

Pourtant les prohibitionnistes n’ont pas tout à fait renoncé. Il existe encore aujourd’hui un parti prohibitionniste qui présente un candidat à chaque élection présidentielle.

En France, la consommation d’alcool est en baisse depuis une quarantaine d’années mais reste la deuxième cause de mortalité.

        …..mais c’est une autre histoire !

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