Le 8 octobre 1967, voilà exactement 58 ans, Ernesto « Che » Guevara est arrêté en Bolivie et sommairement exécuté le lendemain.
Là s’arrête à 39 ans, la vie d’un personnage complexe et surprenant. Le mythe et l’image de Che Guevara fascinent et hantent les imaginaires, symbole de l’utopie pour les jeunes mal informés ou héros d’une révolution impossible mais nécessaire pour leurs parents.
Ernesto Guevara naît dans une famille aisée de la bourgeoisie argentine. De santé délicate, il est la cause du départ de ses parents pour Buenos Aires. Son adolescence se déroule sans fait particulièrement marquant sinon qu’en butte à un asthme chronique, il décide de s’inscrire à la faculté de médecine. Parallèlement il s’intéresse de plus en plus aux problèmes économiques et sociaux. Ces préoccupations l’amènent à parcourir le continent latino-américain : Bolivie, Pérou, Panama, Guatemala où l’expérience réformiste du colonel Arbenz se solde par un coup d’Etat sanglant financé par la CIA.
Deux ans plus tard Guevara est à Mexico où il fréquente les exilés politiques. Fidel Castro y arrive lui aussi après l’assaut manqué de la caserne de Moncada à Santiago de Cuba. Une rencontre décisive a lieu cette année-là entre les deux hommes. Le destin de Guevara est scellé !
Il suivra Fidel Castro dans sa lutte pour la libération de Cuba !

Le 2 décembre 1956, à bord du Granma, un groupe de 82 révolutionnaires avec Castro à leur tête débarquent à Cuba. Mais l’armée les attend et c’est l’affrontement. Guevara se trouve parmi les 12 hommes qui échappent au massacre et trouvent refuge dans la Sierra Maestra.
La grande aventure de la révolution cubaine peut commencer !
S’en suivent la vie des guérilleros dans la sierra, l’organisation de la lutte contre le dictateur cubain Batista, le ralliement des paysans cubains, la conquête du territoire puis la marche sur la capitale, qui consacre le triomphe de la révolution cubaine au début de 1959.
Sous le nouveau régime, Guevara commence par être directeur de la Banque nationale puis ministre de l’Industrie. Il nationalise sans ménagement les entreprises cubaines.
Mais ses idées ne concordent pas toujours avec celles de Castro. Les réalités cubaines ne permettent pas une industrialisation aussi rapide qu’il l’espérait.
On l’écarte des responsabilités en 1965. A partir de là, il voyage beaucoup, se faisant le porte parole des pays du Tiers Monde aux Nations Unis. Il participe à diverses conférences internationales et se rend en Union Soviétique, en Afrique et en Asie.
Pourtant ce rôle ne semble pas le satisfaire entièrement : prônant la solidarité de tous les opprimés, il entend payer de sa personne et donner l’exemple.
En 1966 il n’assiste pas à la conférence du Tiers monde qui se tient à la Havane mais son message lu à la tribune est interprété comme un appel à la lutte.
Son départ définitif de Cuba demeure entouré d’un certain mystère, on parle de divergences avec Fidel Castro. On le retrouve dans l’ex-Congo belge où Guevara crée un maquis révolutionnaire avec Kabila (le futur «tombeur» de Mobutu). C’est l’échec.
En avril 1967, il tente à nouveau sa chance en Bolivie avec quelques Européens épris de révolution (parmi eux, le Français Régis Debray)..
Guevara n’avait-il pas dit que la Cordillère des Andes devait devenir la sierra Maestra de l’Amérique Latine.
Mais le «Che» ne bénéficie pas comme à Cuba du soutien parmi les paysans indiens.

A partir de cet instant tout va très vite. L’armée bolivienne aidée par des conseillers américains ne laisse pas le moindre répit au petit groupe de rebelles. Il ne s’agit pas de laisser se reproduire l’exemple cubain.
Une partie des combattants est décimé le 31 août . L’ultime bataille se livre le 8 octobre 1967 à Quebrada de Yuro. Che Guevara est capturé. Le lendemain il est sommairement exécuté à Higuera dans des circonstances qui n’ont jamais été véritablement éclaircies.
Sa fougue, son physique de jeune premier et sa mort vont faire de lui un mythe révolutionnaire. Près d’un demi siècle après sa disparition, son icône, à partir de la célèbre photo prise à la havane en 1960 par Alberto Korda est reproduite sur des milliers d’affiches.
De ces milliers de photos, posters, portraits, tee shirts, le CHE nous observe, insolent, moqueur, têtu, moralement têtu, inoubliable !
Le mythe de Che Guevara continue à être célébré à Cuba. Quelle analyse ferait-il de la politique menée pendant ces 58 dernières années ?
Mais c’est une autre histoire !
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