« Il faut qu’on lutte ensemble » : les travailleurs du social mobilisés contre les licenciements à Montpellier

par | 16 juin 2025 | Place aux lecteurs

Ce mardi 10 juin, plus d’une centaine de personnes s’est réunie sur la place de la Comédie à Montpellier pour protester contre la fermeture des centres sociaux de l’association Adages. Les salariés d’Adages ont été rejoints par des grévistes de l’Association de Prévention Spécialisée 34, dont des postes sont aussi menacés.

11 juin

« Il faut qu'on lutte ensemble » : les travailleurs du social mobilisés contre les licenciements à Montpellier

Ce mardi 10 juin, les salariés de l’association médico-social Adages, qui risque de devoir fermer des services dans certains quartiers, confrontés au mépris et au silence de la mairie de Montpellier, du Conseil Départemental et de la CAF, ont décidé de franchir un palier dans la mobilisation. Plus de cent personnes se sont réunies sur la place de la Comédie, parmi lesquelles des salariés mais aussi des habitants des quartiers concernés, des salariés d’autres associations venus en soutien et des militants de la CGT Action Sociale et de Sud Santé Sociaux.

Depuis plusieurs semaines, la CGT de l’association Adages, poids lourd du médico-social héraultais avec plus de 1 400 salariés, multiplie les alertes concernant la menace de fermeture de plusieurs de ses services. En effet, l’association qui avait déjà été sous le feu des projecteurs il y a deux ans suite à des augmentations salariales scandaleuses de l’équipe de direction menace de fermer les centres sociaux des quartiers la Devèze à Béziers et Croix d’Argent à Montpellier, ainsi que l’Espace de Vie Sociale (EVS) des Sabines, faute de subventions.

La fermeture de ces services pour des raisons budgétaires pourrait entraîner le licenciement des 24 salariés qui y travaillent, alors que les contrats « aidés » ont été les premières victimes des annonces et ont déjà été supprimés ou sont en train de l’être. Gérald, secrétaire de la CGT Adages nous explique son inquiétude : « On va soit vers des licenciements, soit vers des reclassements mais on a aucune garantie. Il y a une grande partie des collègues qui interviennent dans ces centres qui sont des animateurs sociaux et les centres sociaux sont les seuls endroits où Adages en emploie, donc si les services ferment, ils ne pourront pas être reclassés ».

En plus de la menace sur les salariés, la fermeture de ces services aurait un impact direct sur les quartiers dans lesquels ils sont implantés. Comme expliquait Julie, salariée d’Adages, au rassemblement, « Cette manifestation aujourd’hui, elle est importante, parce que derrière, c’est la vie du quartier. On ne peut pas abandonner les jeunes, on ne peut pas abandonner les habitants parce qu’ils ont besoin de nous ». Une intervention qui faisait écho à celles de deux mères de famille, venues apporter leur soutien aux salariés d’Adages et qui ont pris la parole pour souligner à quel point « ces services étaient des lieux importants pour elles et pour les autres habitants, dans lesquels elles pouvaient venir avec leurs enfants, participer à différentes activités ».

Face à cette situation, les salariés appuyés par la CGT Adages et Sud Santé Sociaux ont interpellé les différents financeurs de l’action sociale à travers une lettre ouverte. Une initiative qui n’a eu aucune incidence. « Le problème c’est que, comme d’habitude, ils se renvoient la balle. Le Conseil Départemental nous dit qu’il n’y a plus d’argent, la mairie nous dit que ce n’est pas sa compétence de financer de tels services, la CAF nous dit qu’ils ne subventionnent jamais tout seul et que pour qu’ils participent il faut une autre partie. On parle seulement de 180 000 euros ou de 190 000 euros pour les 2 services de Montpellier, qui fournissent pourtant un travail remarquable. L’espace jeune c’est plus de 200 adolescents accompagnés, dans des actions de prévention, la lutte contre le décrochage scolaire, des sorties culturelles et de loisirs. L’animation adultes, c’est 250 familles isolées. L’accès au droit supprimé, c’est 350 personnes sans recours derrière, sans aide numérique, sans aide aux démarches administratives » nous explique Gérald.

Au-delà des menaces sur ces services, Gérald et Julie se rejoignent sur le fait que, loin d’être un incident isolé, ces coupes budgétaires reflètent la dynamique actuelle dans le travail social et personne n’est à l’abri. « Aujourd’hui c’est le centre social, mais demain ce sera autre chose, peut-être autre part dans le pays » expliquait Julie dans son intervention. Gérald de son côté milite au quotidien pour mobiliser encore plus de collègues et entraîner toute l’association dans le combat pour les centres sociaux et l’Espace de Vie Sociale : « C’est essentiel qu’on lutte tous ensemble, que toute l’association se mobilise, ce n’est que comme ça qu’on pourra faire plier les financeurs pour sauvegarder ces services-là, mais aussi pour éviter que dans 6 mois ce soient d’autres subventions qui soient supprimées et d’autres services qui soient menacés ».

APS 34 : quand le Conseil Départemental ment éhontément !

Les salariés d’Adages mobilisés ont été rejoints par une délégation des salariés d’APS 34, eux aussi touchés par des menaces de licenciement. Leur combat avait fait beaucoup de bruit en mars dernier, quand les travailleurs sociaux s’étaient mobilisés autour d’un plan de bataille très offensif pour alerter sur la menace qui planait sur la prévention dans le département, avec le projet du Conseil départemental de réduire de 25% le budget de l’association, ce qui devait entraîner la suppression d’une dizaine de postes.

Dans une période de tension autour des questions de budget, quelques semaines après le passage en force du gouvernement via le 49.3, le Conseil Départemental avait reculé, craignant sûrement une extension de la mobilisation à d’autres secteurs du social et du médico-social. Un communiqué du Conseil Départemental dénonçait alors des rumeurs « fausses et infondées » visant à « inquiéter inutilement les acteurs de l’action sociale », repris par Midi Libre qui ciblait directement Révolution Permanente comme propagateur de ces rumeurs . Le 25 mars, lors d’un rassemblement devant le conseil départemental, Véronique Calueba , vice-présidente du département de l’Hérault et déléguée aux solidarités enfance et famille de l’Herault, s’était adressé aux salariés en déclarant : « Je voulais rassurer les éducateurs d’APS34 le budget de 2025 pour APS 34 reste identique ».

Moins de 3 mois après, le vendredi 6 juin, les salariés d’APS apprenaient pourtant par un courrier de leur direction que le Conseil Départemental allait supprimer les subventions et les postes des services de Sète, Frontignan, Béziers, et que des postes à Lunel et Montpellier étaient également menacés.

La réaction des salariés a été immédiate. Ils étaient une dizaine à se mobiliser aujourd’hui aux côtés des salariés d’Adages, et ils comptent bien se mobiliser à nouveau pour défendre la prévention spécialisée et obliger le Conseil Départemental à tenir ses promesses.

Des coupes budgétaires qui servent à financer la militarisation

Comme le soulignaient Julie, Gérald et Max de la CGT APS 34 dans leurs interventions ce mardi, les menaces qui pèsent sur les salariés d’Adages et d’APS 34 sont loin d’être des cas isolés. Elles illustrent concrètement les conséquences des politiques d’austérité menées au nom de la réduction des dépenses publiques, alors même que [des milliards sont débloqués pour financer l’armée et la militarisation>https://www.revolutionpermanente.fr/Budget-2026-le-gouvernement-prepare-40-milliards-d-economies-pour-financer-le-deficit-et-l-armee]. À Montpellier, dans l’Hérault et en Occitanie, le gouvernement peut compter sur le Parti Socialiste qui est aux commandes pour appliquer avec zèle cet agenda militariste. Alors que Kleber Mesquida, Président du conseil départemental de l’Hérault, annonce des coupes budgétaires drastiques dans la culture et dans le social et que Michaël Delafosse, Maire de Montpellier, se désengage le plus possible de l’action sociale, Carole Delga annonçait en grande pompe le 25 mars dernier que la région Occitanie allait verser 200 millions d’aides aux entreprises de l’armement situées dans la région.

Dans ce contexte, les salariés d’Adages et d’APS34, résolus à lutter contre les licenciements et les coupes budgétaires nous montrent la voie en se mobilisant et en se coordonnant, sans rien attendre de financeurs qui se renvoient la balle et ont pour fonction principale d’appliquer les choix budgétaires du gouvernement. Alors que de très nombreux secteurs sont impactés par les coupes budgétaires justifiées par « l’effort de guerre » pour financer le militarisme, le mouvement ouvrier et ses organisations doivent chercher à construire un grand mouvement d’opposition à la militarisation et à la marche à la guerre, centré sur le besoin urgent de moyens d’ampleur pour le social, la santé, l’éducation et les différents services publics.

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