À la veille de démarrer une nouvelle saison sportive, une page se tourne à l’ASBH rugby : celle du seul club municipal professionnel au monde.
La prise de position du nouveau président de l’ASBH rugby était attendue depuis la fin de la saison sportive terminée aux portes de la qualification.
Cette prise de position a pris la forme d’une longue interview dans « Midi olympique ».
Pour celles et ceux qui savent lire entre les lignes, elle annonce la fin du pouvoir qu’exerçait la structure municipale sur le club de rugby professionnel.
On pourrait épiloguer longtemps sur ces consultants qui ne consultent et ne communiquent pas. Bob Skinstad (le nouveau président de l’ASBH) fait partie de ceux-là. Ce consultant dans la finance mondiale s’est avéré être avare en communication, l’inverse en quelque sorte du maire de la ville.
Ce portrait inversé ne s’arrête pas à l’attirance des projecteurs, des caméras et des micros.
Il concerne aussi la gestion du club.
Seul club municipal professionnel de rugby au monde, l’ASBH avait gardé les stigmates d’une municipalité d’extrême droite.
Comme il y a un homme « fort » à la mairie, il y avait un homme « fort » au club. Cet homme c’était l’entraineur Pierre Caillet.
Doté d’une réelle compétence rugbystique, Caillet dirigeait le club comme le maire dirige la ville : seul et d’une poigne de fer. Une poigne de fer dans un gant de velours avec les joueurs, mais une main de fer sans gant de velours au niveau du club.
En clair, comme Ménard est le maître incontesté du conseil municipal, Caillet était le maître incontesté de la structure professionnelle.
Le problème c’est qu’un entraineur dirige les joueurs, pas le club.
C’est ce qu’a rappelé Skindtad début juin à Caillet, quand il a pris la décision de le licencier.
Le tort de Caillet n’est pas rugbystique, c’est de ne pas avoir mesuré le changement qu’entrainait le rachat du club par un conglomérat de financiers.
Ces gens-là investissent dans le rugby pour avoir un retour sur investissement. Dans ce but, ils s’appuient sur un mode d’organisation issu de l’entreprise et pas du politique.
Dans le cas biterrois, des évènements extra-sportifs ont précipité leur volonté de reprendre la main dans le club qu’ils venaient de racheter.
En cours de saison, deux joueurs ont violenté leurs compagnes et ont été condamnés pour cela.
La structuration municipale du club les a protégés en banalisant leurs actes, l’entraineur a fait de même.
Ville et entraîneur voulaient même les faire jouer après leur condamnation, ce malgré le port d’un bracelet électronique pour l’un des joueurs.
On connaît le rapport du maire aux violences faites aux femmes, dans ce cas de figure maire et entraineur ont totalement banalisé les violences subies en les ravalant à un simple « dérapage ».
Cette volonté municipale de « passer l’éponge » n’a pas pu se réaliser parce que les nouveaux dirigeants du club s’y sont opposés.
Face à de multiples tentatives de retour des joueurs liées à une infirmerie qui se remplissait, les repreneurs ont toujours refusé que ces joueurs réintègrent l’équipe.
De fait ils ont imposé leur point de vue contre celui du maire et de l’entraineur.
Ce hiatus quasi permanent ne pouvait pas durer. Il s’est terminé par le licenciement de l’entraîneur.
Ce retour à une structuration issue de l’entreprise et pas du politique ne dit rien de l’avenir sportif du club et du comportement des joueurs (qui ont tous pris fait et cause pour leur entraîneur par le biais d’une lettre ouverte), mais il en dit long sur la volonté de faire de l’ASBH un club professionnel comme les autres.
Il est bien sûr difficile de mesurer à l’avance les effets collatéraux de cette reprise en main.
On se souvient par exemple qu’un club de supporteurs menaçait de faire la grève des abonnements, des sponsors locaux la grève du financement et le Conseil Départemental la grève des subventions.
On ne sait pas aujourd’hui ce que vont faire les uns et les autres, mais on sait une chose :
- Les prochaines semaines vont nous dire si Béziers peut redevenir un club professionnel comme les autres ou si l’ASBH est gangrénée par la gestion municipale.
Par une curieuse analogie, la question sportive va être posée quelques mois avant la question politique via les prochaines élections municipales qui auront lieu au printemps 2026.
Au moment où Ménard brigue un troisième mandat municipal d’affilée, la question :
- Un club de rugby professionnel peut-il exister à Béziers sans la main mise municipale ?
va étrangement ressembler à la question :
- Une vie en dehors du ménardisme est-elle encore possible à l’échelon municipal ?
Réponse aux deux questions dans quelques mois.