Le feuilleton est interminable mais on parle désormais de la gauche à Matignon ? Mais quelle gauche et pour quoi faire ? Gouverner, c’est appliquer un programme préalablement élaboré, discuté et adopté dans un parti politique ou entre partenaires. C’est le cas du programme du « NFP » qui a vu ses soutiens devenir le groupe le plus important à l’Assemblée Nationale lors des dernières élections législatives.
Par deux fois, Macron a tenté de contourner cette évidence en refusant de nommer à Matignon un premier ministre de cette majorité « minoritaire ». Par deux fois, il a échoué ! L’inéluctable chute du gouvernement Bayrou marque bien la fin d’une politique rejetée par la majorité de la population.
Et maintenant ? On se posait la question la semaine dernière sur les différentes hypothèses à notre disposition. En cet instant (dimanche 7 septembre), l’éventualité de la nomination d’une « personnalité » de gauche semble tenir la route. Le PS n’en finit pas de faire des courbettes et des offres de service pour occuper Matignon en arguant de son sens des responsabilités pour éviter le chaos du pays.
Mais pour quoi faire ? Si c’est pour appliquer la programme du NFP, je soutiens évidemment sans aucune ambiguïté et quelles que soient les « personnalités » appelées à occuper Matignon et les Ministères.
Apparemment, leur seul projet est de proposer un budget alternatif avec moins de milliards d’économies que Bayrou! C’est tout ? Comme le dit l’expression le PS est donc prêt à « Vendre son âme pour un plat de lentilles ». Encore faudrait-il préciser de quelle âme il s’agit. L’expression « les vieux démons reviennent au galop » serait peut-être plus appropriée.
Et quid du programme du « NFP » qu’ils ont signé, défendu et sur la base duquel ils ont été élus ? Aux oubliettes ? Ce n’est plus le leur ?
Macron finira par réussir son double pari : diviser la gauche et promouvoir (malgré son discours) le Rassemblement National, dernier rempart du capitalisme triomphant avec, en passant, marginaliser le Parti socialiste et le ridiculiser devant l’histoire.
Imaginons un gouvernement socialiste, à partir du 10 septembre, contraint d’affronter la colère populaire qui ne manquera pas de s’exprimer dans la rue. La répression policière contre les gilets jaunes donnent le « la » de la façon dont la police sait et va rétablir l’ordre. Sous la responsabilité d’un ministre socialiste de l’intérieur ? D’un 1er ministre socialiste ou apparenté ? Et ils assumeront les blessés, les violences, le déploiement de forces complètement disproportionné, pour faire peur, pour brider l’expression de ras le bol et la détresse des populations qu’ils sont censés défendre, pour maintenir l’ordre social(iste) ? Il est vrai que dans notre histoire, ce scénario a déjà eu lieu.
C’est un piège tendu par Macron mais la haine que cette gauche « républicaine » et raisonnable (pour qui?) déverse sur Mélenchon les pousse, semble-t-il, à faire n’importe quoi et avec n’importe qui ! SVP, ne tombez pas du côté où vous semblez toujours pencher au risque de vous couper définitivement et inexorablement des valeurs que vous prétendez défendre.
C’est donc un combat contre cette idéologie libérale et cette dérive d’une gauche dite « de gouvernement » qu’il faut mener, un combat où doivent se retrouver toutes celles et tous ceux pour qui les mots de justice sociale, d’égalité, de respect, d’humanismes, de solidarité et d’émancipation a encore un sens, pour qui les discriminations et la haine de l’étranger n’a pas sa place.
Le RN, applique lui, la méthodologie d’être d’extrême droite et de nous faire croire le contraire. Il est à l’affût et n’attend que ça : finir par apparaître comme l’unique solution. Il pourra remercier la présidence Macron qui, en lui servant de marchepied, lui ouvre les portes du pouvoir pour continuer à défendre les intérêts des possédants que le mouvement du 10 septembre et la colère qui gronde semble mettre en péril.

L’extrême droite, dans l’histoire, a toujours le rôle de fondé de pouvoir du capitalisme et a donc toujours été l’ultime solution pour la finance internationale de se maintenir au pouvoir. Le refus de voter, malgré ses discours hypocrites, toutes les mesures sociales proposées font du RN, un dangereux ennemi de notre camp social. On le savait déjà mais il faut le répéter et le répéter encore dans un moment peut-être déterminant pour notre avenir.
Mais qui peut prévoir la suite avec un président narcissique, égocentré sur son pouvoir, dont il use et abuse, déconnecté avec la réalité du pays et toujours persuadé, en monarque républicain, qu’il détient seul et pour toujours la solution ?