On dit que la jeunesse est l’avenir de l’humanité (la femme celui de l’homme d’après Jean Ferrat). Mais j’ai un doute quand j’apprends qu’ un jeune sur six (16%) pense que la Terre est plate selon un sondage Ifop de janvier 2023 (1) ainsi que près d’un Français sur dix !
La Flat Earth Society, organisation américaine fondée en 1956, structure cette idée et l’argumente en contrant bons nombres de faits établis par la NASA et les autres organismes de recherche en astronomie et aérospatiale. Cette communauté rassemble des millions de personnes à travers le monde. Aux États-Unis, ils seraient environ16% de la population à adhérer à cette théorie.
Une théorie qui cristallise aujourd’hui toute une communauté sur les réseaux sociaux et sur Youtube. Ils se dénomment eux-mêmes les platistes ou plateux et dans des vidéos bien argumentées, accompagnées de chiffres et de graphiques, ils tentent de convaincre la population.
Pour eux, la Terre est un disque circulaire immobile recouvert d’un dôme sous lequel gravitent la Lune, le Soleil et les étoiles. Leur modèle de configuration de la Terre imagine les bords de notre planète, composés de murs de glace de l’Antarctique, qui retiendraient l’eau. Cela voudrait donc dire qu’à cause du réchauffement climatique l’eau retenue par ce mur, s’échapperait.
Les mêmes arguments en faveur de la Terre plate tournent dans ces pages, d’un commentaire et d’un post à l’autre, à l’infini. On ne voit pas la courbure de la Terre à l’œil nu, même en avion. Il n’y a pas de photo entière de la Terre. On a l’impression subjective que la Terre est plate et que le reste bouge en cercles autour. On n’a pas la tête qui tourne ou la nausée tout le temps.
Pour eux, il existe une contradiction entre la possibilité d’une Terre sphérique et d’un horizon que l’œil humain voit plat et droit, sans courbure. Autre question, la Terre tourne-t-elle vraiment sur son axe ? Il apparaîtrait en effet que lorsque nous pouvons observer la Lune, notre satellite nous présente toujours la même face. Cela s’ajoute à de nombreuses remises en cause de la nature même des étoiles, les observations astronomiques de ces organisations donnant des résultats très différents des clichés présentés par la NASA.
Le site de la Flat Earth Society nous explique également que les agences spatiales du monde entier se sont mises d’accord pour nous mentir sur les voyages spatiaux. Et voilà qu’apparaît soudain la théorie du complot, bien commode pour attirer la curiosité.
Un complot à l’initiative de la NASA et des compagnies aériennes avec la complicité du gouvernement américain. Entre conspirations et machinations, ils seraient à l’origine de ce vaste mensonge sur la forme sphérique de la terre.
Tout ça est tellement énorme qu’on a du mal à croire qu’ils y croient. Je ne vais pas ici argumenter, démontrer, expliquer, raisonner l’incrédulité et faire appel à l’intelligence, aux faits démontrés. Ce qui m’intéresse c’est pourquoi ! Pourquoi autant de gens se mettent à croire tout et n’importe quoi !… Pourquoi d’autres personnes font croire aux précédents tout et n’importe quoi ! Dans quel but ? Nous faire revenir des siècles en arrière ? A une époque où Galilée fut présenté à l’inquisition pour avoir affirmé que la Terre était une sphère , assiste-t-on à un retour de la religion la plus rétrograde concernant la cosmologie ?
S’il ne faut pas croire aveuglément tout ce qui se dit, se publie, se diffuse de la part de la science, il est pathologique de tout, absolument tout remettre en cause sans discernement, par principe. Une pathologie nourrit par une évidence : » On nous ment ! » un slogan qui entretient la défiance permanente.
Le « platisme » comme le « complotisme » dont il serait le stade suprême aurait partie liée avec l’égocentrisme, la misanthropie, la paresse, la lâcheté, la peur, la jalousie, le ressentiment. C’est aussi un marché des idées douteuses qui s’est mis en place nourri de toutes ces « passions tristes »(2), une très prospère économie qui a ses commanditaires, ses laborantins, ses dealers, ses consommateurs occasionnels mais aussi ses junkies. On y vend la falsification du réel au nom de la Vérité.
Du souci à se faire pour l’avenir (sphérique) de notre planète et de ses habitants…
(2) Au XVIIIe siècle, les « passions tristes » désignent une langueur qui étouffe « l’esprit et la vivacité ».
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