J’en reviens pas – Islamophobie ? un conflit de nomination au delà de la querelle des mots

par | 18 mai 2025 | Société

J’ai du mal avec le mot « islamophobie » ! Comme dirait Albert Camus « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ! » et ce monde n’a pas besoin de malheurs supplémentaires en ce moment. Un autre philosophe (Gransci ?) a dit : »Imposer ses mots, c’est imposer ses idées« .

Si islamophobie désigne cette mécanique implacable d’un discours politique et médiatique établissant un lien systématique entre islam, islamisme, immigration, insécurité et menace terroriste;  il faut la dénoncer

Si islamophobie reprend des schémas racistes en assignant aux personnes originaires d’Afrique du Nord en particulier  une identité commune «musulmane » ; il faut la dénoncer

S’il s’agit d’une forme particulière de racisme dirigé contre les musulmans indifféremment, ce qui montre précisément le caractère excessif, maladif et irraisonné de cet amalgame; il faut également le dénoncer

Le choix de ce terme révèle ainsi la construction de stéréotypes sur une identité communautaire et la façon dont sont essentialisés celles et ceux qu’il vise. L’islamophobie est donc la forme spécifique du racisme antimusulman. L’extrême droite et la droite extrême s’en donne à cœur joie dans ce registre.
Nous devons être d’autant plus vigilants que, lorsque nous parlons d’islamophobie, nous devons comprendre que la discrimination à l’égard des minorités musulmanes vise des personnes sur la base de caractéristiques supposées perceptibles. C’est attribuer à ces individus un prétendu comportement de groupe et des caractéristiques qui justifient la stigmatisation et la formulation d’hypothèses péjoratives ou négatives à leur égard, simplement à partir de leur appartenance réelle ou supposée à ce groupe.

C’est pourquoi l’islamophobie en s’attaquant à des personnes est une autre forme de racialisation et donc de racisme.

Mais le champ de compréhension et d’utilisation de ce terme est plus large. Parle-t-on uniquement des religions, des pratiquants de cette religion, de leurs pratiques sociales, ou des sociétés qui se modèlent sur ces religions?

Car « islamophobie » ne doit pas et ne peut pas s’appliquer, comme le font certains, à  celles et ceux qui exercent leur libre droit au blasphème, celui de commenter ou de critiquer les croyances comme théories révélées en l’occurrence l’Islam. Tout comme on ne peut pas traiter d’antisémite, les personnes qui critiquent la politique  génocidaire de Netanyahou à Gaza.

Je ne me sens en rien solidaire envers certaines associations qui ne se cachent même plus pour défier la démocratie et qui appellent à manifester contre l’islamophobie (laquelle ? dans quel but ?). Aucune complaisance avec ceux qui instrumentalisent les croyances religieuses pour proposer un projet de société, au nom de leur Dieu,  auquel je n’adhère pas.

C’est dire si dans ce cadre-là, le mot n’a plus ni le même sens ni la même portée car ce droit à la critique des religions procède d’un des principes fondamentaux des démocraties et je le revendique.

D’un côté, on attaque des personnes qui ont le droit de pratiquer le rite de leur choix en toute sécurité comme le garantit notre Constitution et l’islamophobie  est du pur racisme anti-musulman.  On doit évidemment le combattre comme tous les racismes.

De l’autre, il est particulièrement sain de continuer à cultiver notre droit à la pensée, au débat, au culte de la raison, à la lutte contre l’obscurantisme sans se faire traiter d’islamophobe.

Ce terme ne doit pas être hypocrite et ambigu visant à la fois à dénoncer le racisme ethnique, religieux et social bien réel mais aussi à interdire, de quelque façon que ce soit, le libre droit de critique envers l’islam et de l’islamisme.

Alors au-delà des mots, du mot, mobilisons-nous  contre tous les racismes, pour le respect et la reconnaissance de la dignité de chacun.e, pour que les droits ne soient pas différenciés selon l’origine ou la religion, pour que la fraternité ne soit pas qu’un vain mot. 

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