La démocratie est malade, en crise et en voie d’extinction. « Le pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple » n’existe nulle part. Ce n’est qu’une fantastique supercherie, qu’un slogan auquel se raccrochent encore les utopistes républicains. Mais c’est pourtant au nom de cette même démocratie, que nous soutenons une organisation de la société et de l ‘État où le droit prévaut sur l’émotion pour nous protéger de l’arbitraire du pouvoir du moment .
Dans cet état de droit, la justice doit tenir un rôle exemplaire.
Pourtant, selon certains, le « droit » est un système de règles qui expriment et défendent les intérêts de la classe dominante alors qu’il devrait assurer la protection des citoyennes et des citoyens comme des institutions grâce à l’indépendance des juges.
Mais la justice qui devrait donc faire contrepoids au pouvoir en place est aussi une classe sociale et en tant que telle défend ses propres intérêts, ceux de notables d’état qui pensent à travers leur condition.
On arrive alors à une forme de contradiction : se battre contre le gouvernement des juges, dénoncer l’injustice de la justice (1) et simultanément faire appel à cette même justice pour que ne s’impose pas la loi du plus fort en lui demandant de garantir l’égalité de toutes les citoyennes et tous les citoyens et leur libre expression contre toutes les oppressions, individuelles ou collectives.

En gros, solliciter une institution dont on remet en cause l’impartialité, pour réparer des injustices.
Et cela donne des situations cocasses. C’est la justice qui a annulé tout un tas de projets inutiles (barrage de Sivens, parcs éoliens, méga-bassines ou encore l’A69 tout récemment). Mais cette même justice absout les violences policières et les délits financiers comme c’est elle aussi qui a condamné Marine Le Pen à inéligibilité provisoire !
Faire confiance à la justice ? La judiciarisation de la société serait alors la clé d’un avenir plus juste ? Même si la justice elle-même pourrait devenir la pire des institutions car elle ne possède pas de contre-pouvoir .
Si la loi est une condition de la démocratie, il faudra rechercher le bon équilibre entre souveraineté populaire et état de droit menacées tous deux à la fois par le populisme et le gouvernement des juges. Car ce qui nous guette et que nous prépare l’extrême droite, et dorénavant de plus en plus des droites extrêmes, c’est de ne pas reconnaître l’universalité des droits, de nier l’égalité de toutes et tous. Pour que certaines et certains ne puissent se revendiquer de droits, ni obtenir leur protection par un juge, il faut à ces courants politiques démanteler les garanties qu’apporte un État de droit.
Face à la montée de la haine et de l’autoritarisme, il faut donc défendre l’État de droit tout en restant vigilant sur son fonctionnement. Car malgré tout, État de droit et démocratie sont intimement liés. Ils progressent ensemble et régressent ensemble…
(1) Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. (La Fontaine)