Louis Napoléon Bonaparte construit son pouvoir sur une démocratie plébiscitaire qui n’est pas sans rappeler une démocratie référendaire.

La démocratie plébiscitaire a été présentée dès le printemps 1848 par les soutiens de Louis Napoléon comme une alternative aux formes classiques du gouvernement représentatif. Les journaux bonapartistes avaient alors fait de la dénonciation du système parlementaire un de leurs thèmes majeurs.

Les principaux éléments de la rhétorique antiparlementaire qui culminera à la fin du siècle trouveront leur première expression cohérente dans les publications bonapartistes de cette période.

S’y trouvaient vilipendés à longueur de pages « les verbiages et les mensonges » de députés assimilés à des « cochons à l’engrais » qui volent leur traitement et conduisent la France à sa perte.

Dans le ton comme dans le vocabulaire, ces textes résonnaient déjà des accents boulangistes.

Les partisans de Louis Napoléon opposaient les vertus du face-à-face direct au système parlementaire. Ils écrivaient : « Entre le peuple et son souverain, pas d’intermédiaire qui s’arroge le droit de remplacer l’un et l’autre ».

La théorie de l’appel au peuple ordonnait donc logiquement toute leur vision des institutions politiques.

Parlant de l’esprit de la Constitution de 1852, Louis Napoléon, qui n’était encore que le nouveau président de la République disait : « Le chef que vous avez élu est responsable devant vous : il a toujours le droit de faire appel à votre jugement souverain, afin que, dans les circonstances solennelles, vous puissiez lui renouveler ou lui retirer votre confiance ».

À deux reprises, en décembre 1851 et en janvier 1852, il cherchera ainsi et trouvera l’assentiment direct du peuple à son entreprise de refondation.

L’exemple suisse était sur ce point fréquemment invoqué dans les milieux bonapartistes.

Louis Napoléon avait donné le ton dès 1833 en publiant son ouvrage : « Considérations politiques et militaires sur la Suisse », dans lequel il avait tenu à rappeler que Napoléon Bonaparte s’était fait le protecteur et le conservateur des anciennes assemblées d’habitants (les Landsgemeinde), là où elles existaient, dans les cantons soumis à l’autorité française.

Adossée à l’exemple suisse, la théorie bonapartiste du plébiscite pouvait prétendre à la respectabilité et, plus encore, se présenter comme une doctrine d’avenir face à un système parlementaire dénoncé comme expression d’un archaïsme représentatif.

La théorie du plébiscite bonapartiste est en quelque sorte une théorie référendaire qui irait uniquement du haut vers le bas, sans qu’il y ait la possibilité concrète d’inverser les polarités.

Le peuple est effectivement consulté, mais pour approuver. Cette question est toujours d’actualité de nos jours avec l’exercice du pouvoir de l’actuel président de la République.

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