Pour ce 8 mars 2023, entre commémoration et actualité, je vous propose de revenir sur le film « Land and Freedom » de Ken Loach. L’héroïne du film ( Blanca ) est une militante révolutionnaire membre du POUM ( Partido Obrero de Unification Marxista ) comme 900 autres miliciennes, elle s’est battue sur le front de l’Aragon entre juillet et décembre 1936.

Le film de Ken Loach est adapté du livre de George Orwell « Hommage à la Catalogne ». Ce livre d’hommage et de souvenir d’Orwell est issu de sa propre expérience puisqu’il fut lui-même engagé au sein des Brigades internationales.

Dans la Catalogne de 1936, le POUM est un petit parti en pleine expansion. La particularité du POUM est d’avoir organisé des colonnes de miliciens qui intégraient des femmes.

Le 24 juillet 1936, la colonne Arquer Grossi fut la première unité combattante mixte qui se déploya en Aragon. Elle fut suivie le 3 août de la colonne Joaquin Maurin qui prit part aux offensives contre Huesca.

Dans ces deux unités, l’effort et les sacrifices des combattantes furent considérables.

La dernière grosse colonne de cette organisation, la Miguel Pedrola se forma le 8 août avec 600 combattants et combattantes.

Des militantes étrangères combattirent également dans les colonnes du POUM.

Charlotte Margolin avait intégré le groupe 7 de la cinquième centurie de la colonne Pedrola. Elle fut la seule femme médecin sur tout le front d’Aragon.

Margolin était née en 1896 à Berlin, où elle fit des études de médecine. À la fin des années 1920, elle militait au KPD-O, une scission critique du Parti Communiste allemand. En 1933, elle fut expulsée de l’université où elle exerçait comme chercheuse et s’exila à Barcelone. Juste avant la guerre, elle adhéra au POUM.

Début 1937, lorsque les milices furent militarisées, elle rentra à Barcelone et trouva un poste comme interne à la clinique Maurin, où elle travailla jusqu’au 22 août de la même année. Elle fut arrêtée pour son militantisme politique dans le contexte des évènements de mai.

Comme le montre le magnifique film de Ken Loach, beaucoup de miliciennes, mais pas seulement du POUM, continuèrent de se battre en dépit du décret de militarisation.

On sait que, fin février 1937, les combattantes du POUM, Dolores Ayerra Lorente, Remedios Carballo Soto, Agustina Casas Fernandez et Brigida Juvert Morral avaient refusé de quitter le front.

Ce 8 mars 2023 en plein conflit des retraites, est l’occasion de rendre hommage à toutes les femmes combattantes passées, présentes et à venir.

Cet article est un extrait de lecture du livre "Les combattantes" paru aux éditions Syllepse en août 2022.

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