Je voudrais revenir (1) sur cette tragi-comédie de réforme des retraites et qu’on ne vienne pas me raconter d’histoires avec le sens des mots pour cacher la réalité des faits. Quand on suspend pour une année, cela signifie que ce que l’on suspend sera redevenu effectif au bout d’un an ! C’est donc bien un décalage (Macron avait donc raison pour une fois !), sinon on parle de suspension sine die !
Concrètement : l’augmentation d’un trimestre par an de l’âge légal de départ à la retraite, prévu initialement jusqu’à 2030, par la réforme Borne de 2023, s’interrompt cette année. L’actuel âge légal de départ reste donc à 62 ans et 9 mois jusqu’à cette date.
Le nombre de trimestres requis pour bénéficier d’une retraite à taux plein est lui aussi gelé. Il restera à 170 trimestres au lieu de 172. Le dégel de la réforme est prévu au 1er janvier 2028. L’idée est de faire de la réforme des retraites une des questions centrales des élections présidentielles de 2027. Libre au vainqueur de laisser la réforme Borne s’appliquer de nouveau ou de proposer une nouvelle réforme.
En attendant, les personnes nées entre 1964 et 1968, qui devraient partir à la retraite entre 2026 et 2030 – soit environ 3 millions de personnes – pourront partir plus tôt que prévu. Mais seulement de trois mois.
C’est peut-être mieux que de n’avoir rien obtenu encore faudra-t-il savoir à quel prix ! En principe dans la partie dépenses du budget de la Sécurité Sociale, pour faire des économies on s’en prend bien souvent aux plus fragiles. Il faudra donc scruter avec attention les amendements de ce budget et par qui ils sont proposés puis votés avant de juger si on n’a pas « déshabillé Pierre, pour habiller Paul »
Mais le plus gênant pour moi c’est qu’en votant pour cette suspension, l’Assemblée Nationale a pour la première fois validé le principe d’un report de l’âge légal à 64 ans.
Rappelons que, passée au forceps via le 49-3, la réforme Borne n’avait jamais recueilli le vote majoritaire des députés. C’est fait !
Faure est-il Faust ? Selon la légende, Faust fait un pacte avec le diable, en échange de l’aide de ce dernier pour réaliser ses désirs. Que désire le Parti Socialiste ? Qu’est-ce qu’il n’a pas compris dans les manœuvres et les circonvolutions du clan Macroniste ?
L’avenir nous dira si celles et ceux qui prétendent défendre les populations les plus démunis et les plus fragiles n’auront pas une fois de plus basculé dans le reniement en abandonnant les valeurs et les idées de cette gauche dont ils se réclament.
La social-démocratie nous a habitués à de tels revirements !
(1) Lire aussi SITIO (86)



























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