Le 17 décembre 2011, voilà tout juste 14 ans, la chanteuse capverdienne Cesaria Evora, décède, à l’âge de 70 ans dans son île natale de Sao Vicente.
On la connaissait sous le nom de la « diva aux pieds nus », surnom dû à son habitude de se produire pieds nus sur scène. Elle avait mis un terme à sa carrière trois mois auparavant en raisons de problèmes de santé.
Cesária Évora naît en 1941 dans une famille nombreuse et pauvre, composée de cinq enfants. Son père était guitariste et violoniste et sa mère cuisinière. Alors qu’elle est âgée de sept ans, son père meurt brutalement. Suite à cet évènement, sa mère la place dans un orphelinat jusqu’à l’âge de 13 ans. Là-bas, elle adhère à la chorale et y apprend à chanter.

C’est à 16 ans que Cesária Évora apprend la musique cap-verdienne et les différents types de musiques traditionnelles, et commence à chanter dans les bars et les cafés avec d’autres musiciens.
Quatre ans plus tard, elle rencontre Gregorio Gonçalves (alias Goy), un guitariste cap-verdien. qui lui permet de chanter sur une radio locale, la Radio Barlavento, sa notoriété augmente dans toutes les îles du pays. Son passage à la radio lui permet d’enregistrer quelques musiques.
Dans les années 1970, Cesária Évora est reconnue comme chanteuse dans tout le Cap-Vert . suivront 17 ans de galère. Elle décide même de mettre un terme à sa carrière et plonge dans un silence total qui durera dix années.
Il faudra attendre 1987 pour voir enfin son talent exploser ! Cesaria a quarante-six ans et chante pour quelques billets chiffonnés dans des bars de Mindelo, la capitale du Cap-Vert, quand José Da Silva, un Français d’origine capverdienne, décide pour elle de devenir producteur. Cesaria apprend lentement la scène à l’occidentale, en commençant par séduire le public français.
En 1992, c’est l’explosion avec l’album Miss Perfumado et les titres phares Angola et surtout Sodade qui signifie nostalgie en français. Cette chanson parle du travail forcé des Cap-Verdiens obligés de travailler dans les plantations de cacao par le pouvoir colonial portugais.
Dès lors, son étoile monte irrésistiblement : elle chante partout dans le monde, où sa voix bouleversante chavire tous les cœurs. Commencent presque vingt ans d’un conte de fée unique dans l’histoire des musiques populaires. Les albums se suivent Café Atlântico en 1999 sera le plus vendu de tous ses disques (770 000 exemplaires). Victoires de la musique et Légion d’honneur en France, Grammy Award® aux États-Unis, disques d’or partout…
Cesaria Evora vit le privilège surprenant d’être plus célèbre que le nom de son pays natal, qui lui accorde un passeport diplomatique et émet des timbres à son effigie. En effet, avant Cesaria, il fallait être géographe, navigateur ou capverdien pour savoir où était le Cap-Vert, cet archipel jadis colonisé par les Portugais, quelques centaines de kilomètres au large du Sénégal.

Star ? Anti-star ? Peu importe. Mais sa destinée est mondiale. L’aventure de la Diva aux pieds nus fascine, les critiques la placent au sommet des sommets, au côté de Billie Holiday, Édith Piaf ou Oum Kalthoum… Et le public est saisi d’émotion, pays après pays et album après album.
En septembre 2011, Cesária Évora décide de mettre fin à sa carrière et d’annuler les concerts à venir suite à des problèmes de santé. Elle décède le 17 décembre 2011 des suites d’une insuffisance respiratoire. À sa mort, personne ne songe qu’existait un trésor de chansons inédites. Cette année-là est sorti l’album Mãe Carinhosa, qui prolonge le sortilège. Un album posthume ? Un album normal, plutôt. Un album construit comme l’ont été tous les autres, avec la même passion et la même gourmandise. L’enjeu avec ce disque est d’offrir au public un bel album en préservant la singularité des albums de Cesaria : chaque disque est un voyage, avec son atmosphère, sa cohérence, sa couleur..
Cesaria aimait toutes ces chansons, qu’elle avait choisies et interprétées avec passion. Cet album lui ressemble – fort, émouvant, dense, riche, varié, fidèle. À propos, son titre en créole capverdien, Mãe Carinhosa, signifie « mère tendresse « c’était bien elle ! On ne peut s’empêcher de comparer ce qui lui est arrivé à la trajectoire de Bob Marley – une île inconnue, une musique qui émeut autant en Occident que dans le Tiers Monde, un sorte de revanche des peuples jusque là cantonnés aux marges de l’histoire mondiale…
… Mais c’est une autre histoire
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