À l’instar des croisés du moyen âge qui arborait une croix sur leurs tuniques, le maire de Béziers mène sa croisade idéologique avec une croix comme drapeau. Ce n’est pas le moindre des paradoxes dans une ville rasée, brûlée et pillée par les croisés catholiques.
1209 en Languedoc, une société féodale permissive permet à une église « Cathare » qualifiée « d’hérétique » par l’église de Rome de s’épanouir.
Dans certains endroits du Languedoc, les « hérétiques » concurrencent même la religion officielle catholique.
C’est le cas à Béziers, lorsque le pape ordonne une croisade. Cette croisade est militairement conduite par les barons du nord de la France qui voient là une occasion de s’enrichir et de s’agrandir.
Béziers est située sur la ligne de front lorsque les armées du pape déferlent depuis le couloir rhodanien.
Le 22 juillet 1209 la population est massacrée, la ville brûlée et mise à sac par les croisés catholiques.
Avec un tel passif, on peut se demander comment quelqu’un qui se réclame du catholicisme intégriste a pu être élu à la mairie de Béziers quelques siècles plus tard.
C’est pourtant ce qu’il s’est passé.
Une telle distorsion de sens pose des questions et mérite une explication
Ménard n’a jamais caché l’ampleur de sa foi dans le christ rédempteur. Il faut donc exclure la thèse du sous-marin intégriste qui avancerait caché.
À l’inverse il a affiché sa nouvelle croyance en lui donnant un air de romance de livres de gare.
Il aurait ainsi trouvé la foi en rencontrant son actuelle épouse qui l’aurait convertie à sa religion.
Cette histoire d’amour très glamour est un début d’explication, car cette conversion est vendable en termes de communication.
Comme dirait Michel Fugain, c’est le début d’un beau roman et d’une belle histoire, encore plus quand on est un ancien « gauchiste wokiste ».
Ce retour aux sources d’un converti s’est fait avec le zèle inhérent à toutes les conversions.
Comme tous les convertis du monde qui deviennent les plus zélés défenseurs de leur nouveau culte, Ménard a un confesseur privé et une chapelle privée (Sainte Rita située sous l’immeuble de télé surveillance de la police municipale place Garibaldi).
Ce confesseur est réputé être membre de l’Opus Dei.
Pour celle et ceux qui croient que cette passion christique serait clandestine, il n’en est rien, pour Sainte Rita comme pour Saint-Joseph.
Ménard cultive des liens très étroits avec les moines intégristes du monastère Saint-Joseph de Montrouge, à Puimisson près de Béziers. Au point de s’afficher avec eux dans les travées du stade Raoul Barrière lors des matchs de rugby de l’ASBH.
Vous allez me dire que chacun a le droit d’avoir des passions privées et c’est vrai.
Mais, dans le cas de figure présent, cette passion n’est justement pas privée puisqu’elle déborde sur la sphère publique.
Elle déborde avec la crèche dans l’Hôtel de Ville, dans le cadre de manifestations publiques, dans les arènes et en dehors pendant la féria.
Cette proposition que la religion occupe l’espace public est la définition même d’une croisade au sens où la religion n’est plus à sa place dans les lieux de cultes, mais qu’elle occupe et sature tout l’espace !
On peut même rajouter que cette croisade est idéologique au sens ou elle propose un ordre moral adossé à un ordre religieux.
C’est bien pour cela qu’un archiprêtre local avait qualifié le maire de Béziers de « drôle de paroissien ».
C’est en effet un drôle de paroissien qui mélange référence à l’esprit rebelle des cathares et liens avec l’Opus Dei.
Un drôle de paroissien qui n’aime que certains de ses prochains.
Un drôle de paroissien qui soutient la guerre en Ukraine et à Gaza.
Si les vrais catholiques ont de quoi s’y perdre, Ménard lui ne s’y perd pas, il utilise la religion comme un outil de communication. Un outil qui lui permet de se positionner politiquement sur un créneau ultraconservateur.
Créneau bien entendu porteur par les temps qui courent.
Pour tous ceux et celles qui pensent que trop, c’est trop.
Qu’un maire ne peut pas mélanger croyances personnelles et croyances publiques.
Les prochaines élections municipales seront l’occasion de sanctionner le communicant de l’Hôtel de Ville.
Une sanction qui doit signifier : ne joue pas avec la religion, ne cherche pas à m’imposer ta croyance.
























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