Il N’Y A PLUS DE SOUS ?

par | 2 février 2025 | Place aux lecteurs

Quand on essaye de proposer des projets dans ce qu’on appelle le monde de « la culture et des arts », c’est l’affirmation qu’on entend le plus ces temps-ci : « Il n’y a plus de sous ! ». Peu à peu, cette contre-vérité entre dans les têtes et on finit même par le croire. La création artistique en France est en train d’être ouvertement détruite. Au rythme où vont les annonces, l’exception culturelle tant défendue et enviée dans le monde ne sera bientôt qu’un souvenir. Le RN, tant redouté par le monde de la Culture n’est pas aux manettes, mais ça se passe sous nos yeux, dans le silence assourdissant de la ministre de la Culture Rachida Dati, reconduite bien que mise en examen en 2021 pour « corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public » en lien avec sa fonction de conseil pour la filiale de Renault-Nissan (entre 2010 et 2012, elle aurait perçu 900 000 euros de cette filiale alors dirigée par Carlos Ghosn, ce qu’elle conteste, bien sûr, et on la présume innocente, bien sûr, mais on comprend qu’elle a d’autres préoccupations que de sauver la Culture). Attaquer la Culture, ce n’est pas seulement se venger d’un siècle d’art contemporain et de cinéma expérimental, ou de présumé « wokisme », ça touche aussi la vie associative dans son ensemble et, peu à peu, on voit aussi supprimer des ateliers avec des gamins. Car pour bien faire, il faut souvent dépenser quelques centaines d’euros pour payer l’intervention de professionnels qui viennent partager leurs connaissances et leurs expériences avec des profs ou des animateurs. On nous le raconte partout où nous passons, on le voit, on le vit. Bien sûr, partout, les gens font des pieds et des mains pour faire quand même. Il y a des bonnes volontés, beaucoup de bénévolat. Mais est-ce bien raisonnable de se laisser peu à peu convaincre que tout est remplaçable, que des vies consacrées à des métiers d’arts et de techniques pointues ne valent pas d’être partagées et transmises ? On a peur d’une contagion du goût pour l’art et la culture ? On a peur que les gosses rêvent un peu d’autres horizons avant Parcoursup ? On préfèrerait fabriquer plutôt des petits soldats pour la prochaine guerre ? Contre toute critique, les menaces de certains élus qui tranchent dans les budgets sont implacables : « Vous ne voulez quand même pas qu’on arrête les crèches, les écoles, les routes, l’approvisionnement de l’eau… ? » Mais sur ces sujets là aussi, c’est un désastre qu’on constate en traversant la France en long, en large et en travers.  
 LA SAIGNÉE
Le premier à avoir ouvert la chasse à la Culture ces dernières années fut le président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LDR). Un cap a encore été franchi avec Christelle Morançais (Horizon), présidente de la région Pays de Loire qui a carrément revendiqué la volonté de détruire le soutien à la Culture qu’elle jugeait globalement « d’extrême gauche ». En décembre dernier, la coupe budgétaire représentait 70 % de suppression d’aide dans la Culture, le sport, l’aide sociale, la vie associative, l’égalité homme-femme. Un carnage qui a des conséquences même sur de gros événements, comme La Folle Journée de Nantes, qui avancent pourtant des arguments de grandes retombées économiques sur la région et d’une résonance internationale qui devraient au moins convaincre la droite (ce n’est pas ce que nous défendons en priorité, nous qui préférons la multitude d’initiatives et le modèle uzestois aux grosses machines).C’est donc bien un combat idéologique avant d’être économique. La contagion atteindrait maintenant les élus du PS, comme dans l’Hérault, où Kleber Mesquida, président (PS) du conseil général de l’Hérault, s’est vu accusé de vouloir supprimer 100 % du budget de la Culture (Libération — 28/01/2025) annonce qu’il aurait faite lors d’une réunion avec les vice-présidences créant beaucoup d’inquiétudes. Il a depuis démenti dans un communiqué de presse et affirme que la baisse ne sera « que » de 48 % ! (sic). Technique de vieux renard pour faire passer la pilule ? Ce ne serait pas la première fois de la part d’un personnage bien connu des mutins de Pangée. Lors de l’affaire du corbeau de l’Hérault en 2009 (racontée dans notre film La cigale, le corbeau et les poulets), Mesquida n’avait pas hésité à faire passer ses opposants pour des terroristes, ce qui les avait conduits au gnouf alors qu’ils étaient totalement innocents. Pour sa défense, il faut avouer que ces opposants avaient eu l’outrecuidance de dénoncer de petits arrangements, notamment l’implantation d’une immense décharge publique à Saint-Pons-de-Thomières, projet avorté grâce à la mobilisation citoyenne et notamment celle de Pierre Blondeau de la Cigale qui a payé cher son engagement. Lors des élections législatives de 2022, le fameux Mesquida n’avait pas été très brillant non plus face à l’élection de la députée RN qu’il semblait préférer au candidat LFI. Mais il n’est pas le seul dans son parti à avoir ce genre de préférence… Alors, aujourd’hui, on a beaucoup de mal à tomber dans le panneau.
La vigie citoyenne dans La cigale, le corbeau et les poulets

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