"Vous êtes victime de "passions tristes" comme le disait Nietzsche…"

 Cette phrase n'a pas été prononcée au cours d'une émission de France culture par un philosophe mais lors de la dernière séance du conseil municipal (séance du 5 décembre 2022) par le triste sire Robert Ménard s'adressant à un conseiller municipal d'opposition.

 Mais qu'est-ce donc qu'une "passion triste" ?

 "C’est une menace depuis des années, c’est un déferlement depuis des mois : le monde occidental tout entier est submergé par la victoire de ce que Spinoza, le philosophe de la démocratie, nommait "les passions tristes", comme la haine, la peur, la colère, le mensonge ou la violence."— (Libération, 16 novembre 2016)

 Friedrich Nietzsche n'est donc pas l'inventeur du concept de "passion triste", Baruch Spinoza l'ayant largement précédé dans cette voie.

 Robert Ménard, qui prétend avoir fait des études de philosophie, n'aurait pas dû l'ignorer.

 Les "passions tristes" sont cependant une expression française qui préexiste à la publication de l’éthique de Spinoza en 1677 :

  • Le poète Pierre Le Moyne, explique, dès 1641, que les "passions tristes" sont "pesantes", et donc plus faciles à modérer que les "passions agréables".
  • La Bruyère utilise aussi l’expression dans Les Caractères (1688) pour se moquer de la dévotion qui tue le rire.
  • Diderot les mentionne dans son Encyclopédie, au mot "églogue" (poésie bucolique, qui rappelle les hommes au bonheur d’une vie paisible, et qui "ne remue pas les passions tristes").

 Culture ménardienne bien lacunaire et triste !

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