Une autre histoire – 12 Février 1809 : naissance de Charles Darwin

par | 9 février 2024 | Culture

Le 12 février 1809, voilà exactement 215 ans, naissait en Angleterre Charles Darwin. Ses théories sur l’évolution des espèces ont ruiné le dogme d’une nature immuable depuis la création du monde.

Né en Angleterre, dans une famille fortunée de pasteurs et de médecins, le futur savant se passionne tout jeune pour l’observation de la nature. Il se fait engager comme naturaliste sur le Beagle, pour une expédition océanographique de cinq ans. L’expédition fait relâche aux îles Galápagos, dans l’Océan Pacifique, où Charles Darwin est frappé par la coexistence d’espèces voisines de lézards et d’oiseaux.

De retour en Angleterre en 1836, le savant va passer le reste de sa vie à mettre en ordre ses observations avec le concours de nombreux correspondants scientifiques de par le monde.

Le 24 novembre 1859, soit 23 ans plus tard, sort en librairie, à Londres, un ouvrage au titre ambitieux qui résume à lui seul le contenu : De l’Origine des espèces par la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie.

Aujourd’hui, plus simplement connu sous l’abrégé : De l’Origine des espèces.

Les théories développées par Charles Darwin dans cet ouvrage ébranlent les certitudes de l’époque sur la création du monde.

L’hypothèse d’une création ex-nihilo de chaque espèce (le fixisme) a prévalu pendant quinze siècles sous l’influence d’Aristote et d’une lecture au premier degré de la Genèse, le premier livre de la Bible.

Les progrès scientifiques de la Renaissance apportent des lumières nouvelles. L’invention du microscope permet dès le XVIe siècle l’essor de l’embryologie et l’étude de cellules et d’espèces jusque-là ignorées. Le rôle des cellules reproductives est alors mis en évidence.

Lamarck, dès le début du 19ème siècle parle de l’évolution des espèces,  de leur forme la plus simple jusqu’à leur forme la plus évoluée sous la dénomination de transformisme : l’emploi d’un organe le développe tandis que le défaut d’usage le fait disparaître. Il pense par exemple que les girafes allongent leur cou pour atteindre les feuilles des arbres et que cet allongement intentionnel se transmet à leur descendance. «La fonction crée l’organe» écrit-il.

C’est seulement dans la deuxième moitié du XIXe siècle, quand triompheront le libéralisme et la foi dans le progrès, que la théorie de la sélection naturelle, exposée avec brio par Charles Darwin, sera pleinement acceptée par l’opinion publique qui y verra le fondement naturel de ses conceptions politiques et sociales.

Dans L’Origine des espèces, l’auteur met en évidence cinq preuves de la descendance avec modification que l’on appelle depuis évolution :

1) Les fossiles animaux sont d’autant plus proches des espèces vivantes qu’ils sont plus récents.

2) Les espèces modernes ne sont pas répandues dans toutes les régions de climat analogue, dans la mesure où elles descendent d’ancêtres différents qui ne se trouvaient pas sur toute la surface du globe.

3) Les espèces sont classées en genres, eux-mêmes réunis en familles. Les similitudes de ces catégories tiennent à des ancêtres communs

4) La plupart des organes animaux revêtent des morphologies voisines : le poignet et la main de l’homme, la patte du mammifère, mais aussi la jambe du cheval sont constitués en carpe et métacarpe. Seule l’ascendance d’un ancêtre commun, sans doute très ancien, peut expliquer cette parenté.

5) Enfin, l’évolution des embryons dans des espèces voisines reproduit les stades par lesquels sont passées les espèces précédentes : poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux, mammifères…

De ces constatations, Darwin conclut à une évolution naturelle des espèces : lorsque les individus d’une même espèce entrent en concurrence pour des ressources limitées, ceux qui ont le plus de chances de l’emporter et de survivre sont naturellement ceux qui ont reçu par hasard à la naissance les caractères les mieux adaptés au milieu ; ceux-là sont appelés à davantage se reproduire que leurs congénères et à prendre le pas sur eux. En quelques générations, une espèce peut ainsi se transformer jusqu’à donner naissance à une nouvelle espèce.

Cette théorie de la sélection naturelle est affinée au XXe siècle grâce aux progrès de la génétique qui mettent en évidence la possibilité de mutations en plus de la sélection des caractères héréditaires.

Mais certains savants mal inspirés ont le tort de vouloir tirer de cette théorie plus qu’elle ne peut donner… C’est ainsi que se développe dans la deuxième moitié du XIXe siècle une théorie bâtie sur des hypothèses, le darwinisme social, qui tente d’appliquer la théorie de la sélection naturelle aux sociétés humaines. De cette théorie vont naître les aberrations racistes et criminelles de la fin du XIXe siècle et du siècle suivant (massacres des guerres coloniales, eugénisme et stérilisation des handicapés, antisémitisme et extermination des Juifs d’Europe).

À la charnière de la biologie, de la foi et de la politique, le darwinisme n’en finit pas de susciter des débats.

En ce début du XXIe siècle, les créationnistes qui le réfutent sont encore nombreux mais certains de ses contradicteurs suggèrent une version édulcorée de la théorie de l’évolution qui aurait l’intérêt de concilier la foi et la science. D’après cette théorie «néocréationniste», les hommes seraient bien le fruit d’une longue évolution mais celle-ci serait pensée et voulue par Dieu, et non pas le fruit du hasard…..

…. mais c’est une autre histoire !

Version audio avec illustration musicale

 

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