Une autre histoire – 16 décembre 1897, Alphonse Daudet s’éteint à Paris

par | 13 décembre 2024 | Culture

Le 16 décembre 1897, voilà exactement 117 ans, Alphonse Daudet meurt à Paris. Il a 57 ans.

Né à Nîmes en 1840 dans une famille aisée, il doit cependant abandonner ses études à la suite de la ruine de son père. A 17 ans, il travaille comme répétiteur au collège d’Alès. Cette pénible expérience de deux ans constituera la matière autobiographique de son premier roman, Le petit chose en 1868 .

Il rejoint son frère Ernest à Paris. Désargenté, il mène une joyeuse vie de bohème mais a son entrée dans quelques salons littéraires et mondains où la fréquentation d’une des dames de l’entourage de l’impératrice Eugénie lui vaut de contracter une affection syphilitique extrêmement grave. Il en souffrira toute sa vie, l’ataxie locomotrice dont il est atteint l’obligeant notamment à marcher avec des béquilles.

Il fait paraître l’année suivante ses vers de jeunesse, Les amoureuses

Il s’essaie ensuite avec un succès inégal à divers genres littéraire: il écrit des nouvelles et des contes, Le roman du Chaperon rouge par exemple mais subit plusieurs échecs au théâtre.

Alphonse Daudet rencontre Frédéric Mistral, le poète occitan qui vient de fonder le Félibrige, un mouvement littéraire qui s’est fixé comme objectif d’enrayer le déclin de la langue provençale. Lui qui n’était « que Nîmois », se découvre une identité provençale qui lui inspirera Les lettres de mon moulin publié en 1869. Ces récits, qu’il écrivait en secret depuis longtemps, lui donnent brusquement la célébrité. Il y déploie un vrai talent de conteur provençal. Ce sont des récits plein d’une sensibilité, d’une vie et d’un humour qu’il accentuera peu après dans Tartarin de Tarascon en 1872 où apparaît déjà un réalisme plus outré. Ces livres sont parmi les plus populaires de notre littérature et sans doute le doivent-ils à leur verve et à leur aisance  qui n’empêchent pas l’observation psychologique de rester précise. Certains des récits des Lettres de mon moulin sont restés parmi les histoires les plus populaires de notre littérature, comme L’Élixir du Révérend Père Gaucher. Les Trois Messes basses et bien sûr  La Chèvre de monsieur Seguin,

Inspiré des Lettres de mon moulin, son drame en 3 actes l’Arlésienne pour lequel Bizet écrit la musique est également un triomphe. Mais Daudet va s’orienter dorénavant vers la littérature naturaliste. Il entreprend un véritable travail de documentation, amasse quantité de notes, remplit des cahiers d’observations.  Fromont jeune et Risler aîné en 1874 est le premier roman où se repère cette évolution qui le rapproche de Zola  ou des Goncourt. Dans Le Nabab en 1877 il exploite par exemple sa connaissance des milieux des affaires et de la politique acquise comme secrétaire du duc de Morny (demi-frère de Napoléon III)

Zola lui-même salue cette œuvre naturaliste. Il disait de lui : « Le charme de M. Alphonse Daudet, ce charme profond qui lui a valu une si haute place dans notre littérature contemporaine, vient de la saveur originale qu’il donne au moindre bout de phrase . Il ne peut conter un fait, présenter un personnage sans se mettre tout entier dans ce fait ou dans ce personnage, avec la vivacité de son ironie et la douceur de sa tendresse.

Toutefois Daudet ne suivra jamais entièrement le maître. La sensibilité et l’émotion resteront son moyen de saisir le monde. Il ne se départ pas de son aisance de conteur et s’il se réfère à présent à des théories littéraires manifestant un souci d’objectivité et de réalité, il conserve la sincérité et la bonne humeur de ses débuts. Ainsi son écriture « naturaliste »  est-elle optimiste, douée de bonté et ne portera jamais vraiment une condamnation de la société de son temps.

Très aimé du grand public qui voit en lui le chantre généreux et tendre d’une Provence idéale en même temps qu’un Dickens à la française, Daudet fut à la fois romancier, conteur, dramaturge et poète. Il n’en souffre pas moins d’être prisonnier du succès des Lettres de mon moulin et de Tartarin de Tarascon .

Il faut redécouvrir les différentes facettes d’Alphonse Daudet: il a su faire preuve de sobriété et de pudeur dans  Sapho, de talent mélodramatique avec Jack et d’émotion autobiographique dans Le Petit Chose.

Mais comme  il est difficile d’échapper à son destin ! On peut relire Les lettres de Mon Moulin, une œuvre certes légère mais certainement immortelle et les enfants n’ont pas fini de pleurer la chèvre de Monsieur Seguin…

Alphonse Daudet, atteint d’une maladie incurable de la moelle épinière, le tabes dorsalis, une complication neurologique de la syphilis ne se déplace plus qu’avec une canne et l’horrible douleur le poursuit jour et nuit. Il quitte à plusieurs reprises son domicile parisien pour faire des cures à Lamalou-les-Bains. Il continue cependant de publier jusqu’en 1895. Il  s’éteint à Paris loin de sa Provence ce 16 décembre 1897 au 41 rue de l’Université. En pleine affaire Dreyfus, et malgré les opinions qui les opposaient sur cette affaire, Émile Zola prononce un discours ému aux obsèques de son ami à qui il consacre plusieurs articles élogieux.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise .

Le fils aîné d’Alphonse Daudet, Léon Daudet, républicain converti au monarchisme, antidreyfusard et nationaliste clérical, deviendra un des meneurs de l’Action française…

…. mais c’est une autre histoire

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