Une autre histoire – 17 Juillet 1936, Franco et des militaires espagnols se soulèvent contre la République

par | 17 juillet 2023 | Culture

Le 17 juillet 1936, voilà exactement 87 ans, la garnison de Melilla basée au Maroc espagnol  se soulève contre le gouvernement républicain, sous le commandement du général Franco. C’est le début d’une guerre civile de trois ans qui va faire 500.000 morts et un prélude aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale.

La jeune république espagnole est à cette époque victime d’une flambée de violences qui se soldent par plusieurs centaines de morts. Ces violences sont le résultat de l’instabilité politique depuis l’avènement de la IIème République en avril 1931. Elles culminent avec la victoire électorale du Front Populaire le 16 février 1936 et débouchent sur l’assassinat du député monarchiste José Calvo Sotelo, le 13 juillet de la même année. C’est dans ce climat que se produisit le soulèvement. Il se préparait depuis le mois de mars dans les milieux militaires et surtout depuis la victoire électorale du Front Populaire. La disparition de Calvo Sotelo souda la coalition des opposants et précipita le déclenchement du coup d’État.

Le soulèvement militaire, survient le 17 juillet 1936 dans la garnison de Melilla, au Maroc espagnol, conformément à un plan préparé de longue date.

L’inspirateur principal en est le général Emilio Mola, ancien chef de la police devenu gouverneur militaire de Pampelune en Navarre, région de petits paysans carlistes et catholiques, farouchement hostiles à la République. Il est associé au général Sanjurjo, en exil à Lisbonne, ainsi qu’au général Francisco Franco, gouverneur militaire des Canaries.

Dès le lendemain, le général Franco quitte son poste et se rend en secret à Melilla. Il débarque deux jours plus tard en Andalousie avec ses troupes. Il s’agit essentiellement de musulmans marocains et de soldats de la Légion étrangère.

Dans le même temps se soulèvent les garnisons de la plupart des grandes villes espagnoles. Mais une bonne partie de l’armée, la moitié environ, reste fidèle au gouvernement.

En définitive, en trois jours, les rebelles «nationalistes» s’emparent de la Galice et de la Vieille-Castille, près de la frontière avec le Portugal, ainsi que d’une partie de la Navarre, du Léon et des Asturies.

En Navarre et Aragon, les insurgés bénéficient du soutien de milices carlistes, los « requetès ». Ce sont des paysans-soldats bien entraînés, catholiques fervents et monarchistes enthousiastes.

Les nationalistes s’implantent aussi en Andalousie, à Cordoue, Grenade et Cadix, toujours avec l’aide de bataillons maures et d’unités de la Légion. Mais à Barcelone, ils sont repoussés par les milices ouvrières. Ils échouent aussi à Valence et dans le Levant méditerranéen.

Le soulèvement est d’abord un échec  car les nationalistes escomptaient une reddition rapide du gouvernement. Les grandes villes leur échappent (Madrid, Barcelone, Valence). Et ils ne se maintiennent principalement que dans le Sud. Encore est-ce avec le concours de troupes marocaines.

Le général Mola projette de s’emparer de Madrid en faisant converger sur la capitale quatre colonnes de troupes et en combinant leur action avec le soulèvement de civils madrilènes favorables au Mouvement. C’est ce qu’il appelle la «cinquième colonne» (l’expression fera florès).

Mais la manœuvre échoue devant la mobilisation impromptue des habitants. La capitale reste aux mains des troupes légalistes.

Au terme des «trois jours de juillet» (18, 19 et 20 juillet), l’Espagne apparaît divisée en deux zones où vont s’instaurer des régimes opposés, avec un léger avantage au gouvernement, qui garde le contrôle des principales zones industrielles, de la capitale ainsi que de 14 millions d’habitants contre 10 aux insurgés.

L’armée elle-même est divisée. La plus grande partie des officiers d’état-major sont restés fidèles à la République. Toutefois, les officiers intermédiaires, issus de la moyenne bourgeoisie, ont, eux, rejoint massivement le camp nationaliste et ils vont cruellement manquer à l’armée républicaine.

A première vue, le coup d’État a échoué. Il faut donc s’attendre à une longue guerre.

Le général Franco prend la tête du Mouvement après la mort accidentelle, le 21 juillet, du général Sanjurjo, qui avait été pressenti pour ce rôle.

La guerre civile va dès lors se prolonger pendant deux ans et demi, opposant des armées de plus de 800.000 hommes chacune, avec un soutien actif de l’étranger. En s’internationalisant, elle va devenir un enjeu majeur de la lutte que se livrent dans toute l’Europe les démocrates et les mouvements totalitaires.

Ainsi l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste apporte un soutien sans faille au général Franco. Il n’en va pas de même de l’Angleterre et de la France du Front Populaire, côté républicain, qui fondèrent même un comité de non-intervention. Seule l’URSS fournit du matériel et fut à l’initiative des brigades internationales.

La guerre civile espagnole se soldera par la victoire de Franco le 1er avril 1939 et débouchera sur l’établissement de la dictature franquiste qui dura jusqu’en 1975.

Elle reste encore aujourd’hui  une blessure béante et non cicatrisée pour les familles des milliers de réfugiés installés en France… mais c’est une autre histoire !

Version audio avec illustration musicale, ci-dessous :

 

Partager sur

En Bref

< Retour à l'accueil

L'agenda Culturel

L'agenda Militant

Lettre d'informations En Vie à Béziers

Pour recevoir notre lettre hebdomadaire

[sibwp_form id=1]

La Revue de presse

Dessins et photos d'actualités

Le mot du maire de Béziers

En vie à Béziers Adhésion et/ou dons !

Le coin des lecteurs

L’actualité de votre Carmagnole

La Carmagnole invite Laurent Mauduit Chaque publication de Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart, apporte son lot de révélations sur les rouages de notre système économico-politique et les implications de nos élites. Son dernier ouvrage n'y déroge pas.Dans cette...

Ciné débat – Alimen’terre 2025 Carnon

le 07/11/2025 à Carnon,dans le cadre du Festival Alimen'terre,  nous organisons un ciné débat autour du film réalisé par Mickael Denis-Shi " Leurs champs de coeur".Mickael est le Directeur de  FNE Ile de France. Son documentaire est fondé les témoignages...

Que reste-t-il de la France coloniale ?

Salut,Cette semaine, pendant que les gros capitalistes repoussent les modestes tentatives de leur faire payer leurs impôts comme des citoyens normaux, on continue à construire et déployer ensemble un outil coopératif de diffusion cinématographique original et pas...

Un mur de stade à Montpellier

photo de Jacques Petit envoyée par un de nos lecteurs, Stade du Père-Prévost, rue Beau Soleil, quartier Beaux-Arts à Montpellier

Au bout du fil de la presse libre

Défendons la presse libre

  • L'extrême droite déverse sa haine du monde au nom de la liberté d'expression, qu'elle confisque en rachetant organes de presse, tv, radios, maisons d'éditions, festivals etc... Face à la bollorisation, des médias indépendants ont décidé de s'organiser. Depuis le 15 octobre, vous pouvez accéder au portail des médias indépendants lancé par Basta ! et au portail d'abonnement et de lecture commun, La Presse libre,  initié par Arrêts sur image, Reflets info, Next, Rue89, Politis et Médiacités
  • Vous pouvez également aider au financement de la presse indépendante par le biais de la plateforme j'aime l'info en soutenant le média de votre choix; ou en contribuant au fonds pour une presse libre initié par Médiapart qui soutient des projets de médias indépendants et a permis de créer le fonds Ripostes, première aide juridique pour défendre les médias indépendants attaqués par les puissants; ou encore en participant financièrement à Un bout des médias, association citoyenne dont la mission est de promouvoir l'indépendance des médias.
  • Face à la montée de l'extrême droite Splann ! s'associe à Street Press pour couvrir le "bataille des municipales" (Splann !)

Focus sur un média indépendant

Vox europe : Créé par des journalistes issus des quatre coins de l’Europe, Voxeurop est un média en ligne indépendant. Il est le premier à être géré par une coopérative européenne de presse. Pour informer à hauteur d’Européens, il rassemble une communauté ouverte de journalistes et éditorialistes, traductrices et traducteurs, médias partenaires, ainsi que des lectrices, lecteurs et membres fidèles de plus de 30 pays.

Parutions

 

L’association a bénéficié en 2018 et 2019 du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité / Ministère de la culture

Nombre de visites

Nombre de visites

1038320
Total Users : 1038320

jeudi 6 novembre 2025, 21:26

Robert Martin