Une autre histoire – 23 Janvier 1832, naissance d’Edouard Manet

par | 21 janvier 2023 | Culture

Le 23 janvier 1832, voilà exactement 191 ans, Édouard Manet  voit le jour à Paris. Né dans une famille aisée, il se destine très tôt à une carrière dans la marine, tout en ayant un véritable goût pour l’art et pour le dessin. Son échec au concours d’admission à l’École Navale le décide à se consacrer finalement à l’art.

Dès 1852, afin de parfaire ses études, il décide de voyager pour aller découvrir les maîtres de la peinture dans les musées étrangers. Ainsi en Hollande, en Allemagne, en Italie et en Espagne où il admire les toiles de Vélasquez et de Goya. Au Musée du Louvre qu’il fréquente assidûment, il réalise ses  premières peintures en copiant des toiles de Titien, de Tintoret, Daumier, Delacroix ou Courbet.

Tout au long de sa carrière, le travail artistique de Manet est la proie des critiques. Les scandales se succèdent et donnent lieu à une méprise sur ce qu’est l’artiste et ce que l’on fait de lui: un provocateur. Car il n’y a nul goût de ce genre chez un homme qui reste fidèle à son milieu et recherche une reconnaissance officielle dans les salons artistiques.

Il devra attendre le salon de 1861 pour voir deux de ses tableaux acceptés et pour se faire remarquer par la critique.

Tout au long de sa vie, ses œuvres pourtant ne seront généralement pas acceptées dans ces salons ou bien très critiquées.

En 1863, il rejoint le salon des Refusés, créé pour apaiser le ressentiment des nombreux peintres rejetés par le Salon officiel. Il devient malgré lui la vedette de cette manifestation.

Manet y expose « Le Déjeuner sur l’Herbe », inspiré de Giorgione, tableau qui est jugé indécent et fait scandale. Le style dérange mais le sujet choque surtout par la présence d’une femme nue, en pleine nature, parmi des hommes revêtus de vêtements contemporains: le nu n’est alors admis que voilé de quelque prétexte mythologique.

Le scandale se renouvelle avec « Olympia », inspirée d’une toile italienne célèbre du Titien qui soulève la protestation de la critique et du public, très choqués par le réalisme de la nudité représentée dans cette nouvelle toile.

Trop accablé par la critique qui le juge immoral, Édouard Manet décide finalement de repartir en Espagne quelques temps, pour y revoir les peintures de Vélasquez et de Goya qui sont pour lui de véritables sources d’inspiration, tant par les sujets et la composition que par la technique.

Ce voyage lui permet ainsi de retenir les sujets de plusieurs tableaux représentant des scènes de corrida, dont le célèbre  » Toréador Mort  » qu’il peint à son retour à Paris.

En 1866, décrié, insulté, ridiculisé, il rejoint un groupe d’artistes indépendants : Edgar Degas, Claude Monet, Frédéric Bazille, Camille Pissarro, Paul Cézanne.

Les futurs impressionnistes, qui sont avant tout les jeunes artistes de l’époque ayant en commun le souci d’échapper à l’académisme, le désignent comme tête de file de leur révolte en dépit de ses protestations, et c’est malgré lui qu’il devient le porte-parole de ces peintres d’avant-garde…

Car à la différence de ceux-ci, qui privilégient les couleurs vives et chaudes et la peinture en plein air, il préfère les noirs et les bruns et le travail en atelier.

Manet peint relativement « sombre », suivant en cela les préceptes académiques. Sa technique prépare la technique impressionniste, elle s’en rapproche, parfois elle en diffère et même elle s’y oppose. Pissarro,  Sisley, Cézanne et tous ceux qui se rangeront sous la bannière de l’impressionnisme peignent alors d’une manière nettement plus novatrice, révolutionnaire pour l’époque, privilégiant la construction par la couleur au dessin préliminaire. Ce souci du « métier » n’empêche pas de considérer Manet aujourd’hui comme le précurseur d’un mouvement qu’il a malgré lui préparé et dont le grand représentant sera un presque homonyme, Monet. Car si ces peintres subirent l’influence de Manet, à leur tour, ils influencent son art, le rendant peut-être plus sensible aux jeux de lumière. Manet ne doit donc pas être considéré comme un peintre impressionniste à part entière, malgré les liens étroits qu’il entretint toute sa vie avec Monet et ses amis

Il choisit pourtant de ne pas se joindre à l’exposition des jeunes impressionnistes de 1874. Il se lie tardivement avec Stéphane Mallarmé et fréquente son cercle poétique. C’est pour lui une période qui marque sa peinture de notes beaucoup plus claires et le conduit à une peinture proche des impressionnistes

Manet doit attendre le Salon de 1881, deux ans avant sa mort,  pour recevoir enfin la médaille tant convoitée. Son art est alors reconnu, mais encore partiellement incompris.

La maladie le gagne et le fait souffrir. Il subit une amputation de sa jambe gauche. La gangrène l’emporte le 30 avril 1883. Il laisse derrière lui une œuvre faite de plus de quatre cents toiles, mais aussi des aquarelles et pastels en grand nombre.

L’art de Manet établit une rupture avec la tradition classique ouvrant la voie à l’impressionnisme, et à sa suite toutes les écoles qui représenteront l’art moderne. Considéré à tort comme l’un des pères de l’impressionnisme,

il s’en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n’utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière.

Il s’en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre, sujets espagnols notamment.

Il va jouer un rôle d’intermédiaire entre deux époques et offrir un berceau à l’art moderne.

Ce même 23 janvier disparaissait deux peintres qu’évidemment Édouard Manet n’a pas connu, Pierre Bonnard en 1947 et Salvador Dali en 1989.

Mais c’est une autre histoire…

Version audio avec illustration musicale à écouter sur Radio Pays d’Hérault ICI

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