Le 29 janvier1837, voilà exactement 187 ans, s'éteint à Saint Pétesbourg Alexandre Pouchkine. Il a 37 ans. Poète, dramaturge et romancier russe, il s'est nourri de l'héritage classique européen et ouvert aux influences romantiques.

Très libre dans le choix de ses thèmes et de ses formes, son œuvre a affranchi la littérature russe de sa dépendance à l'égard des normes étrangères. Pouchkine a donné ses lettres de noblesse à la langue russe en ouvrant la voie à une grande littérature nationale de portée universelle. Il est considéré comme le fondateur de la littérature russe moderne.

 Descendant par son père d'une ancienne famille aristocratique traditionnellement indépendante et frondeuse et par sa mère d'un compagnon d'armes de Pierre le Grand, Pouchkine tirera de ces liens de sang le sentiment d'une responsabilité historique et nationale de la noblesse russe.

Né à Moscou le 26 mai 1799, il est élevé dans la culture française et connaît l'œuvre de Voltaire aussi bien que celle de La Fontaine ou de Molière grâce aux lectures de son père.

Ces lectures qui lui vaudront au lycée le surnom de « Français » façonnent ses goûts et ses idées. Voltaire est son idole et en particulier son idéal politique fondé sur une conception rationaliste des droits naturels de l'homme garantis par la souveraineté des lois.

Quand il quitte le lycée où sa renommée de poète est déjà reconnue, Pouchkine se lance dans la vie littéraire, théâtrale et mondaine de la capitale. Il publie en 1820 un poème héroï-comique qui le hisse au premier rang des poètes contemporains. L'élégance du vers, l'aisance spirituelle du récit donnent beaucoup de charme à ce conte qui renvoie à une tradition classique illustrée notamment par La Pucelle d'Orléans de Voltaire.

 En société il ne fait pas mystère de ses opinions libérales. Ses poèmes circulent sous le manteau et parviennent jusqu'au tsar. Des protecteurs influents lui évitent la Sibérie mais pas l'exil et il est envoyé en mission dans les provinces lointaine de la Russie du Sud.

L'épreuve douloureuse de l'exil, source d'amertume et de révolte et la révélation de l'Orient avec ses décors exotiques, sa nature sauvage, ses modes de vie primitifs coïncident avec la découverte de Byron dont les poèmes romantiques fournissent à Pouchkine le modèle de ses « poèmes du sud » où vont s'épancher ses sentiments et ses impressions nouvelles.

En 1825, il publie un roman en vers, Eugène Oniéguine, composé sans hâte et sans plan préconçu, commencé en 1823. L'auteur  apparaît derrière ses personnages et prend conscience de l'évolution de ses idées et de ses goûts profonds. C'est le premier grand roman russe qui éclaire la contradiction fondamentale de la société russe de cette époque : élite intellectuelle coupée de ses racines par la culture européenne et nostalgie de la patrie perdue !

Rentré dans les faveurs du tsar Nicolas 1er en 1826, il retrouve la vie mondaine de Moscou et publie en particulier le drame national Boris Godounov...

Le langage spontané de Pouchkine est celui du vers russe classique auquel il a su donner le cachet personnel d'un style élégant et précis. Mais c'est dans le domaine de la prose qu'il a fait faire à la littérature russe ses plus grands progrès. On peut  citer "La dame de pique"  chef d'œuvre de la nouvelle ou bien encore "La fille du Capitaine". Il donne à la prose russe un modèle de naturel, de concision et d'élégance. Il est le premier écrivain russe à promouvoir le récit, la nouvelle et le roman à la dignité du grand art.

 Prose ou vers, son œuvre est avant tout celle d'un artiste chez lequel l'intelligence est dirigée par l'imagination. Ses personnages préfigurent le réalisme social et humanitaire de Gogol. Ils se confrontent entre un principe de liberté, de spontanéité et de vie et un principe d'ordre, de durée, de conservation qui impose au précédent une limitation insupportable mais qui apparaît en même temps comme la condition de son existence ou de son accomplissement. Ce sentiment tragique d'une contradiction inhérente à la nature même de la vie habite les héros de Pouchkine.

Natalia, avec laquelle il s'est marié en 1831, aurait dû faire son bonheur. Mais celle qui est considérée comme une des plus belles femmes de la Russie sera finalement la cause de sa mort : courtisée par tous, y compris le tsar Nicolas Ier, elle finit par envoûter un jeune courtisan français, le baron d'Anthès. Le 26 janvier 1837, à Saint-Pétersbourg, le poète le provoque en duel à la suite de la publication de nouvelles lettres anonymes calomnieuses. Pouchkine reçoit une balle de pistolet dans le ventre et meurt deux jours plus tard, des suites de cette blessure. Pouchkine était déjà considéré au moment de sa mort comme le plus grand écrivain russe. Les circonstances dramatiques de sa disparition l'ont transformé en véritable légende. Il bénéficie toujours d'une énorme popularité en Russie tout comme Gogol, qui lui aussi est mort tragiquement !

... Mais c'est une autre histoire

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