En Espagne et en Amérique du Sud, il existe une expression parlante pour distinguer les régimes autoritaires. Il est ainsi évoqué la dicta ‘’dura’’ et la dicta ‘’blanda’’. Ce qui signifie littéralement la dicta ‘’dure’’ ou la dicta ‘’douce’’. Cette distinction ironique sur les effets de la dictature, est malheureusement d’actualité pour mesurer l’évolution du Brésil.

Depuis son indépendance il y a 200 ans, le Brésil a constamment oscillé entre dictature et démocratie : toutes sortes de dictatures et de démocraties.

De nos jours au Brésil, le coup d’État à l’ancienne (si courant en Amérique Latine) a été remplacé par un régime hybride dans lequel un dirigeant autoritaire est arrivé au pouvoir par un vote démocratique, avec la ferme intention de subvertir le système qui l’a élu.

Bolsonaro est en cela un représentant majeur de cette nouvelle tendance qui fait école en Turquie, en Russie, en Hongrie, aux Indes, aux Philippines, en Pologne . . . et peut-être demain en Italie.

Au Brésil le régime autoritaire de Bolsonaro a 4 ans. C’est largement suffisant pour voir comment une dicta ‘’blanda’’ se met en place et comment elle peut évoluer vers une dicta ‘’dura’’.

En 2018 Bolsonaro reçoit près de 58 millions de suffrages soit 55 % des votes de l’électorat (l’élection est obligatoire au Brésil). Il tente actuellement de se faire réélire à la prochaine élections présidentielle des 2 et 30 octobre 2022.

Avant tout, Bolsonaro est un négationniste qui conteste systématiquement la réalité lorsqu’elle lui déplait. Ce négationnisme concerne tous les aspects de la société.

Jusqu’à l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, le Brésil disposait d’une législation restrictive en matière d’armement de la population civile. Depuis 2018 dans les 16 états où Bolsonaro est arrivé en tête la possession d’armes à feu a augmenté de 320 % chez les particuliers.

Dans ses discours, Bolsonaro déclare qu’il ne voit que 3 issues pour son propre avenir post électoral : être arrêté, être tué, gagner les élections. S’il ne prêche pas ouvertement le retour à la dictature, sa spécialité est :

  • De corrompre le langage politique pour saper les institutions démocratiques au nom de la défense de la démocratie,
  • D’attaquer la presse et les journalistes au nom de la liberté d’expression,
  • De promouvoir la destruction de l’Amazonie et des peuples indigènes au nom de l’intérêt national,
  • De placer des militaires d’active dans des postes politico-administratifs . . .

Ce qui au fond revient à préparer la mise en place d’une dictature.

Le scénario que suit le président Brésilien, n’est pas original. Il vise à se positionner comme le seul représentant légitime d’une classe populaire rancunière contre une élite qualifiée de : « perverse ».

Dans ce scénario, la presse, les institutions, les artistes, les partis d’opposition, les ONG, les organisations internationales, les syndicats, le système judiciaire sont les ennemis du peuple brésilien.

Dans sa rhétorique, ces expressions illégitimes empêchent le vrai peuple d’exercer le pouvoir par le biais de son leader charismatique.

C’est sur cette base que Donald Trump à poussé sa masse de partisans à prendre d’assaut le Capitole le janvier 2021. Cet assaut contre le processus électoral et les institutions démocratiques est devenu un modèle d’action politique directe, démagogique et autoritaire.

Dans cette évolution d’une dicta ‘’blanda’’ vers une dicta ‘’dura’’ une question est d’ores et déjà posée : les évènements post électoraux de 2021 aux USA seront-ils la répétition générale du Brésil d’octobre 2022 ?

 

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