Il aura fallu plus de 53 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, autant de Gazaouis affamés… des propos enfin reconnus comme guerriers, insultants, génocidaires pour que médias et politiques se décident à regarder la réalité en face et à nommer les choses.
Que n’avons-nous entendu quand nous étions peu nombreux à alerter qu’Israël était gouverné par l’extrême droite avec, entre autres, un Premier ministre qui tentait et tente toujours de sauver sa peau pour se maintenir au pouvoir et éviter les tribunaux, et ce, sur le dos d’une population qu’il massacre et affame.
Qu’Israël, comme son allié Trump, veut anéantir Gaza et expulser sa population.
Combien de journaux, TV, radios et dirigeants politiques en France nous ont traités d’antisémites, quand nous, nous faisions la différence entre condamner le massacre programmé par Israël et protéger les Juifs partout dans le monde, comme toutes les minorités attaquées pour leur religion, leur genre, leur couleur de peau.
Combien de manifestations en soutien à la Palestine ont été interdites au nom du maintien de l’ordre public ; combien de militants pro-Palestine criminalisés alors que maintenant le pouvoir reconnaît que la situation à Gaza est intenable pour sa population.
Ceci n’empêchant pas Retailleau de vouloir dissoudre Urgence Palestine, le collectif pour la paix à Gaza, qui précise sur son site internet vouloir rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l’autodétermination du peuple Palestinien » (1).
On croit rêver en lisant, « Le Monde » qui semble croire que notre mémoire défaille au point d’écrire, aujourd’hui, des articles alarmants sur la situation des Palestiniens, condamnant les velléités de Netanyahou ce que le journal n’a pas fait au lendemain des premiers bombardements d’Israël sur la société civile.
Reste une question : pourquoi l’Europe n’a pas été aussi virulente devant un tel massacre qu’avec la Russie face à l’Ukraine ? Parce qu’à Gaza il s’agit d’Arabes, de musulmans ?
On peut deviner la réponse : culpabilisation des Européens envers la communauté juive, soutien inconditionnel à Israël, au point que ce pays est le seul du Moyen-Orient à concourir à l’Eurovision, etc. Mais bon !
Alors, une fois de plus, les lanceurs d’alerte, les associations, les ONG, les organisations mondiales comme l’ONU, Amnesty International… les peuples israéliens, palestiniens, européens tentent de faire entendre leurs voix auprès des pouvoirs, médiatiques et politiques, volontairement sourds, pour que cesse cette guerre ignoble.
Les Biterrois ont répondu à l’appel national samedi 24 mai en intensifiant les manifestations hebdomadaires, organisées par France Palestine : présence au rond-point de Carrefour à Villeneuve les Béziers, le matin, pour dénoncer cette enseigne qui réalise des profits juteux dans les territoires palestiniens occupés. Tous les tracts prévus ont été distribués, et pas mal de discussions intéressantes avec les usagers.
Puis manifestation à 17h30 en ville dans Béziers : départ du parvis du théâtre, 200 à 300 personnes pour un défilé jusqu’à la mairie ; prises de parole de France Palestine, du PC, de LFI, et un témoignage émouvant d’un prof de français gazaoui, en direct au téléphone, disant la situation insupportable à Gaza, sa famille en deuil, ses remerciements pour notre mobilisation, ses pleurs, son émotion et la nôtre, nous, en larmes écoutant la sienne.
On est repartis en espérant que la guerre cesse et que ce serait la dernière manifestation pour réclamer justice et paix.
(1)- Urgence Palestine appelle notamment au « cessez-le-feu » et à la « fin du blocus », à la « fin de la colonisation, de l’occupation et de l’apartheid », à des « sanctions contre Israël » et au « soutien à la résistance du peuple palestinien ». Depuis sa création, le 8 octobre 2023, le groupe a régulièrement organisé des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités, comme à Marseille en décembre 2023. Bruno Retailleau reproche au collectif d’appeler à la violence et estime qu’il se rend coupable de provocation à la haine.
Anne Savinel-Barras, présidente d’Amnesty International France lui répond : « Les autorités françaises devraient se concentrer sur l’adoption de mesures urgentes pour mettre fin au génocide et au siège imposé par Israël à la population palestinienne de Gaza, au lieu de réduire au silence les personnes qui dénoncent ces crimes. »