On s’en doutait, on le craignait, on le sentait venir comme une chronique d’un ralliement annoncé, comme une inéluctable répétition de l’histoire. Le Parti Socialiste a sauvé le soldat Lecornu, un soldat sous les ordres du général Macron dans une guerre sociale qui n’a jamais cessé depuis des dizaines d’années. Ce sauvetage que certains appellent trahison n’est que la suite logique d’une longue pratique politique. Ce n’est ni une surprise ni une nouveauté. C’est juste un mode de fonctionnement normal depuis plus d’un siècle.
Il est bon de rappeler les faits les plus emblématiques de ces comportements en remontant par exemple au ralliement des socialistes de l’époque à la boucherie de 1914-18 sur le cadavre encore chaud de Jean Jaurès, figure antimilitariste.
On pourrait aussi évoquer le rapide reniement de 1936 avec un Front Populaire qui dès l’été, après les premières mesures sociales que furent les congés payés et la semaine de travail de 40 heures, appellent les travailleurs à reprendre le travail avec le mot d’ordre «il faut savoir terminer une grève» et Léon Blum qui déclare le «temps des pauses» dans les réformes sociales.
Faut-il rappeler l’abandon de l’Espagne aux franquistes avec une gauche française qui regarde la République espagnole se faire massacrer par les troupes de Franco, soutenues par Hitler et Mussolini.
Ou encore la répression en 1947 et 1948, des mouvements de grève par le Ministre de l’Intérieur socialiste Jules Moch qui n’hésite pas à envoyer les parachutistes contre les grévistes et donner l’ordre d’ouvrir le feu.
Sans parler de la guerre d’Algérie et son cortège de massacres, de tortures et d’horreurs coloniales, largement soutenue par les socialistes. Le président du Conseil Guy Mollet, socialiste, durcit la répression française en Algérie, légalise les camps d’internement où sont parqués des centaines de milliers d’algériens et donne les pleins pouvoirs à l’armée.
C’est Mitterrand , ministre de la Justice, qui orchestre la répression des opposant-es politiques en France et en Algérie. Il valide de sa main l’exécution d’indépendantistes et rappelle que «l’Algérie, c’est la France». À l’époque, on trouve d’autres socialistes qui sont des défenseurs forcenés de l’Algérie française, comme Robert Lacoste.
Si un nouvel immense espoir nait en 1981c’est la douche froide dès 1983 avec le «tournant de la rigueur» sans oublier la création des Centres de Rétention Administrative, gérés par la police, où sont enfermés les exilé-es, hommes, femmes, enfants, s’ils n’ont pas les bons papiers. Sans surprise, le Parti Socialiste abandonne rapidement ses promesses sociales, s’aligne sur la vague néolibérale qui emporte le monde.
Quand après 10 années de pouvoir à droite, Lionel Jospin devient Premier Ministre en 1997, il privatise Air France, les autoroutes, France Telecom, le Crédit Lyonnais…. On n’a jamais autant privatisé et délocalisé d’entreprises que sous un gouvernement de gauche !
A-t-on oublié le cauchemar du quinquennat Hollande. Le PS a les pleins pouvoirs : la présidence, l’Assemblée, le Sénat, les grandes villes, les régions… Il ne pourra pas cacher ses reniements derrière de prétendues «concessions». Et pourtant !
François Hollande va faire pire que Sarkozy dans tous les domaines. Il votera les plus grands plans d’aide au patronat qu’on connaisse et s’attaque au mouvement écologiste (Notre Dames des landes – mort de Rémi Fraisse, ….)
Dans la foulée, le PS tente de faire passer une loi sur la déchéance de nationalité, doublant la droite sur son extrême droite. Durant ce quinquennat, entre autres mesures abjectes, la Loi Travail en 2016, qui attaque les droits des salarié-es.
Et puis apparaît Olivier Faure, le nouveau héros du PS, présenté comme un homme neuf, vierge de tout soupçon, qui n’aurait rien à voir avec les errements du passé.
En mai 2021, Olivier Faure se rend à une manifestation d’extrême droite organisé par le syndicat policier Alliance. Il estime que la police doit avoir «un droit de regard» sur les décisions de justice. Autrement dit, il réclame l’instauration d’une dictature policière sans contre-pouvoirs. Le Pen n’avait pas osé aller aussi loin.
En 2022, le Parti Socialiste avait quasiment disparu du paysage politique. Mais, il a été sorti de son coma profond par la France Insoumise, qui a eu la gentillesse de lui offrir des postes de députés dans le cadre d’un accord électoral : la NUPES.
En 2024, il obtient plus de 60 députés grâce un accord ultra-avantageux. Cela lui assure un pouvoir de nuisance suffisant pour occuper le terrain médiatique, soutenir Macron en sous main, diffamer sans relâche la gauche.
Le Jeudi 16 janvier 2025, le Parti Socialiste refusait de voter une motion de censure contre Bayrou, et apportait de fait son soutien à un gouvernement composé de ministres d’extrême droite et imposé en dépit des dernières élections. Ce choix politique, assumé par le PS, officialise la rupture de l’éphémère «Nouveau Front Populaire», qui porte décidément bien mal son nom.
Et donc ce mardi 10 décembre 2025, c’est avec les voix du Parti Socialiste que le budget 2026 de la Sécurité Sociale a été adopté.
Il ne leur reste plus qu’à laisser passer le budget de l’État en s’abstenant! Le soldat Lecornu sera sauvé !
Le PS, dans l’opposition ? quelle opposition ?
Le PS de gauche ? quelle gauche ?


















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