C’est le titre (sans le point d’interrogation) d’un documentaire réalisé par Anne Fonteneau, dont le personnage principal est Laurent Berger, alors qu’il vit ses derniers mois à la tête de la CFDT. La réalisatrice le suit en 2023, quand des millions de gens manifestent contre la réforme des retraites face à un gouvernement sourd et méprisant.
Le film sort le jour où le PS décide de sauver le gouvernement Lecornu, sur fond de compromis.
Mais à quel prix ?
Lecornu – le plus macroniste des Premiers ministres que nous avons eus depuis un an – annonce accepter les demandes du PS : l’abandon de l’utilisation du 49-3 et la suspension de la mise en œuvre de la réforme des retraites d’ici à 2028.
Mais les socialistes ont-ils vraiment oublié de regarder la facture ?
Pour justifier le coût supplémentaire du report de la réforme sur la retraite -s’ajoutant aux économies déjà annoncées -, la position du PS permet à Lecornu de faire passer la note la plus violente que nous allons devoir payer.
Le projet de budget Lecornu pour 2026 est aussi austère et rude pour les services publics que celui proposé en juillet par François Bayrou, en épargnant, une fois de plus les ultrariches et les grandes entreprises. Rappel : la taxe Zucman, non voulue par Lecornu et Macron, pouvait rapporter entre 15 et 25 milliards d’euros, soit 20 fois plus que les mesurettes proposées par le Premier ministre.
Et là où il faudrait mettre le paquet, Lecornu et son gouvernement nous coupent les vivres.
Entre autres économies : la mission travail et emploi sera rabotée de 2,5 milliards d’euros en 2026 par rapport à 2025 ; le logement et la politique de la ville réduits de 900 millions d’euros ; la mission solidarité, insertion et égalité des chances, perd 800 millions d’euros.Coup de rabot dans l’aide au développement (− 700 millions), les sports et la jeunesse (− 300 millions) ou la culture (− 200 millions) avec aussi un « recentrage des aides MaPrimeRénov’ » et une « restriction des soutiens à la planification écologique hors agriculture » ; mise en place de la fameuse « année blanche » pour les fonctionnaires et les revalorisations de prestations sociales (une économie de 3,6 milliards d’euros).
Moins de remboursements de soins et de médicaments avec une hausse des franchises ; ils toucheraient à l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite, fiscaliseraient les revenus des étudiant·es, les tickets restaurants et les indemnités journalières… !!
Effet collatéral et non des moindres : Lecornu, en acceptant la main tendue par les socio-démocrates divise la gauche ! Celle des compromissions d’un côté (le PS) qui donc n’a pas voté la motion de censure de LFI, celle plus radicale de l’autre, c’est-à-dire tous les partis du Nouveau Front populaire (La France insoumise, Gauche démocrate et républicaine, Écologiste et Social…), auxquels il faut ajouter« Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires » (LIOT). Censure qui, à 18 voix près, a failli passer.
Mais les socialistes se défendent en disant qu’ils pourront corriger la sauvagerie des budgets (État et sécurité sociale) lors des votes au Parlement. Y croient-ils vraiment ?
Et là, comme le disent les maquignons, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses !