À la veille de la clôture du fameux conclave sur la réforme des retraites inventé par François Bayrou pour donner un prétexte au parti socialiste de ne pas voter la censure de son gouvernement, il n’est pas inutile de regarder les discours syndicaux sur leurs différents sites.
Parmi ceux qui sont restés :
La CFDT, qui tient à tout prix à ne pas perdre la face, énumère les acquis quitte à tordre la réalité. Ainsi la réintégration dans la pénibilité au travail des critères ergonomiques permettrait, je cite : de détricoter les 64 ans pour beaucoup de travailleurs et de faire partir à la retraite plus tôt, sans précision, plus de 4 millions de salariés.
Sauf que le Medef l’a vu venir et exige que les points acquis ne servent qu’à des formations. Autre grande avancée, les femmes qui ont des enfants verraient leur niveau de pension calculé non sur les 25 meilleurs années mais les 24 ou 23 meilleures années. De quoi faire rêver.
CFE CGC constate que le Medef a complètement fermé la porte à un abaissement de l’âge légal mais qu’il faut négocier jusqu’au bout pour « tenter de corriger les effets les plus injustes de cette réforme inepte ». En clair espérons des miettes.
Du côté de ceux qui sont partis :
La CGT préfère regarder ailleurs et célébrer le vote symbolique du 5 juin : « La défaite politique infligée (…) au gouvernement dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale est le fruit de la bataille sociale engagée début 2023 et poursuivie jusqu’à aujourd’hui. »
FO ne parle plus des 64 ans mais se félicite d’un projet de loi qui devrait favoriser le départ progressif en retraite pour ceux qui ont déjà 150 trimestres (37,5 ans). Une avancée qui, je cite, doit beaucoup à FO.
Quant au Medef il ne bronche pas et répète par la voix de son président : « Nous n’étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée. Notre pays a besoin de travailler plus. »
Bref l’intersyndicale qui a fait sortir des centaines de milliers de personnes dans la rue – mais n’a pas osé aller au-delà des manifestations rituelles au nom de la préservation de l’unité – a échoué. Les leçons n’en ont pas été tirées et aujourd’hui chaque organisation fait semblant de croire qu’elle a fait avancer quelque chose.
Au-delà de la désillusion, cette trajectoire de la lutte démarrée sur une vaste mobilisation populaire et terminée sur un huis clos entre apparatchiks syndicaux, illustre parfaitement la loi selon laquelle les structures, quelles qu’elles soient, oublient, au fil du temps, leurs objectifs premiers pour se consacrer à leur propre survie.
PS : Et pendant ce temps-là, pour une majorité de Français, 64 ans c’est toujours non !