Toutes les conditions sont réunies pour que la loi immigration, en débat la semaine dernière au Sénat, devienne le marqueur majeur de la dérive à l’extrême droite de l’actuel gouvernement.

Dans le champ politique français la loi immigration donne - à la différence de la loi sur les retraites - une majorité putative au gouvernement.

Elle offre l’occasion de bâtir de nouvelles alliances pour éviter le vote par 49.3 : mais des alliances avec qui ?

Maintes fois repoussé pour bénéficier d’une fenêtre météo favorable, l’examen de la loi immigration vire à l’alignement sur l’extrême droite. Cette dérive inéluctable est lourde de conséquence, elle s’annonce comme le marqueur idéologique du second mandat de la macronie.

Plus rien ne sera pareil après l’examen parlementaire, il suffit de compiler les dernières déclarations des uns et des autres après le passage de la loi au Sénat.

Laisser les clés du camion à Darmanin pour piloter cette loi était un exercice risqué pour le gouvernement. Tout à sa quête de devenir le candidat naturel de la droite extrême pour 2027 il est aujourd’hui incontrôlable.

Rompant le soi-disant pacte d’équilibre à l’intérieur du gouvernement, il a dit : « à titre personnel je suis pour la suppression de l’Aide médicale d’État (AME) ».

Comme ce n’était pas suffisant pour convaincre l’extrême droite il rajoute dans les colonnes de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles « Entre le délinquant et la nounou, vous choisissez la nounou. Moi aussi et c’est l’objet de ce projet de loi ».

Pour plaire à LR il envisage de sortir du cadre de la loi le controversé article 3 sur la régularisation annuelle des migrants travaillant dans les métiers en tension, de le faire passer sous forme de circulaire, ce qui permettrait une non-exécution.

En périphérie du texte, sur les sujets de société, Darmanin s’est aligné sur la sénatrice LR qui demandait la déchéance de nationalité du footballeur français Karim Benzema et la fin des mariages de complaisance.

Cet alignement du ministre de l’Intérieur sur LR donne des ailes aux sénateurs de ce parti qui proposent de supprimer toute protection juridique contre l’expulsion, de rendre obligatoires les cérémonies de naturalisation avec chant de l’hymne national, de lier la délivrance de titre de séjour à des conditions de ressources.

De reculs en reculs, le RN de Jordan Bardella devient le centre de l’échiquier politique.

À l’opposé d’un premier positionnement franchement hostile, Bardella indique : « un vote de la loi sans l’article 3 n’est pas impossible dans une logique d’opposition constructive ».

Marine Le Pen parle elle, fin octobre, de « petite loi avec des petites mesures qui améliorent un tout petit peu la situation : on peut la voter ».

Le RN, dans son ensemble se prépare à un moment « politiquement intense et épanouissant ». Comme le dit la députée référente de la loi immigration Edwige Diaz.

Il est d’ailleurs à noter que l’extrême droite entend dorénavant croiser le fer avec le gouvernement sur un autre terrain : la proposition de référendum sur l’immigration.

Proposition qui est pour le moment inconstitutionnelle (avant que Macron lâche là aussi ?)

Face à cet alignement des planètes LREM, LR, RN, Reconquête, la gauche et les citoyens doivent être au rendez-vous.

Pour combattre le texte de loi dans la rue, au Sénat et à l’Assemblée nationale.

Pour relayer la prise de position du collectif : « Nos services publics » qui demande plus de moyens humains dans les préfectures.

Pour relayer l’appel des 3500 médecins qui annoncent qu’ils désobéiront si L’AME est supprimée.

 

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