Samedi 7 janvier en début d’après-midi, le maire de Béziers a convoqué au palais des congrès les riverains du projet Buesa ( quartier villa Antonine ). Le but avoué était de dialoguer directement avec les riverains sans passer par les représentants de l’ADRVA. Entre 100 et 150 personnes ont répondu à l’invitation, elles ont acculé le maire dans ses contradictions.

Robert Ménard est coutumier du fait, quand une association mobilise dans « sa ville », il essaye toujours de la contourner en recherchant un contact direct avec ses adhérents et sympathisants.

Le populisme dont il se revendique fièrement l’anime, le met en mouvement. Il vise avant tout à se mettre en relation directe, presque fusionnelle avec un peuple qu’il dit affectionner. On devine la filiation politique de cette incarnation du rapport au peuple.   

La manœuvre de rapprochement peut réussir, l’histoire le prouve, mais elle est risquée, car elle met face à face deux entités animées par des intérêts potentiellement divergents. Pour réussir, l’une des entités doit faire croire à l’autre que leurs intérêts sont communs.

Dans le cas du débat sur le projet Buesa l'embourgeoisement de la ville de Béziers s’est invité par surprise en posant une question à laquelle le maire de Béziers n’était pas prêt à répondre : la gentrification est-elle soluble dans le populisme ?

À ma gauche, les riverains de la villa Antonine ont évoqué les effets dévastateurs de l’urbanisation spéculative sur leur cadre de vie. Avec de nombreux exemples, ils ont montré leur attachement à un quartier mixte, résidentiel, en périphérie du centre-ville où il fait bon vivre. Ils ont justement identifié les menaces qui pesaient sur celui-ci et sur la coulée verte naturelle qui fait lien avec le quartier des arènes.

À mon extrême droite, le maire de Béziers a vanté l’attrait retrouvé pour sa ville, l’importance de la demande locative, la nécessité de loger les nouveaux arrivants sans étalement urbain trop important. Ce, alors que selon les dernières statistiques de l' Insee la population biterroise n'a augmenté que de 0,6 % en moyenne entre 2014 et 2020.

Vous le devinez, les riverains parlaient « cadre de vie » et le maire parlait attrait spéculatif de la cité.

Entre les deux, la discussion fut difficile, animée, longue ( plus de 2 heures ).

Samedi deux projets, deux visions, s’opposaient. L’une parlait du quotidien, du vivre ensemble, de la quiétude.  L’autre parlait d’un avenir spéculatif :

  • Où le prix du mètre carré allait continuer d’augmenter,
  • Où les biterrois deviendraient richissime en vendant leurs biens ( mais ils ne seraient plus biterrois ),
  • Où les promoteurs joueraient les pères Noël en rachetant et en bétonnant.

Face au chantre local de la spéculation, les riverains ont très lucidement posé la question de l’effet domino. Si la ville est attractive et fait l’objet d’une demande locative, le projet Buesa n’est que le début d’une bulle spéculative sur la ville.

En bon populiste, le maire de Béziers a senti poindre cette interrogation. Il a tenté d’y répondre en proposant aux riverains de faire bloc avec la mairie contre les promoteurs. Ceux-là lui ont justement répondu qu’il pouvait bloquer le projet, revoir le PLU, qu’ils le lui demandaient depuis plus d’un an, mais qu’il ne l’avait pas fait.

Samedi, au palais des congrès, la gentrification n’était pas soluble dans le populisme.

Il reste maintenant à accentuer la mobilisation sur la ville. Rendez-vous est pris samedi 14 janvier à 15 h rue de république à Béziers pour une manifestation devant les locaux de Buesa et devant la mairie.

  

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