Commenter l’actualité politique biterroise c’est immanquablement commenter les frasques de son Maire. Souvent le débat se résume à : « faut-il alimenter ou pas le buzz médiatique ? »

Cette position est réductrice et erronée.

Le buzz pratiqué par le maire de Béziers est indissociable d’un projet politique qui vise au minimum à faire bouger les lignes et au maximum à recomposer le paysage politique. Avec plus ou moins de succès et de persévérance, Ménard alterne entre ces deux piliers de sa communication : faire bouger les lignes, recomposer le paysage politique.

Quand le buzz fait « plouf », il est rassurant de dire qu’il n’a rien bougé et rien recomposé. Quand le buzz tape en plein dans la cible il devient plus compliqué de le banaliser.

C’est ce qui vient de se passer avec le refus de marier un administré.

Il faut tout d’abord noter que ce buzz était idéalement placé après la répression des émeutes et après la cagnotte en faveur du policier qui a tué Nahel. Il est en quelque sorte la suite logique d’une séquence politique qui a vu gouvernement, droite et extrême droite parler à l’unisson.

Ménard lui-même avait surfé sur la vague en déclarant que : « les habitants de la Devèze ne méritaient pas les millions d’euros dépensés dans leur quartier ». La suite ressemble au personnage, se mettre en avant, se présenter comme celui qui parle au nom des autres maires, celui qui a « les couilles » de nommer l’incohérence quitte à s’attirer les foudres de la justice.

Peu de commentateurs ont dit que cette posture était fascisante parce qu’elle autorise à parler à la place d’autres qui ont choisi de se taire. Ils ne l’ont pas dit parce que ce refus d’exercer une obligation légale a temporellement correspondu à un sentiment de masse.

La base de ce sentiment c’est bien sûr le racisme, mais c’est aussi la volonté de punir. Ce sentiment est aussi fascisant, car il n’a pas de limites.

La preuve de ce « no limit » vient d’être donnée par l’arrestation et l’expulsion du jeune non marié par le représentant de l’État, le préfet de l’Hérault. Preuve si besoin était qu’un plafond de verre vient de sauter. L’État vient de légitimer une démarche illégale au vu de sa propre législation. Pire, il a tenté d’éviter, par grâce à sa promptitude, que le maire de Béziers soit logiquement condamné.

À ce niveau ce n’est plus du buzz, c’est de la recomposition politique. Quand le président — et le gouvernement qui est censé nous protéger de l’extrême droite — favorise ses desseins, il y a un point de non-retour.

C’est ce point de non-retour qu’il faut mesurer, appréhender en tant que tel. À Béziers, cet été, le buzz éclaire le projet politique du maire : être un pontonnier de l’union des droites.

Au vu du succès obtenu, nous aurions tort de croire qu’il suffira d’être dédaigneux pour contrecarrer ces nouvelles attaques.

 

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